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Didle (---.---.20.158) 21 novembre 2006 19:49

Cher Savapa,

Je n’aurai pas la couardise de vous cacher que je suis enseignant. Je suis donc assez bien placé pour parler de ce métier et pour en faire la critique, déjà partiellement énoncée précédemment. Ceci d’autant plus que j’ai conscience que ce sont vos impôts qui me permettent de l’exercer.

Vous noterez tout d’abord que je ne parle pas des cadres « moyens » qui triment dans une économie de marché de plus en plus concurrentielle et donc douloureuse. Je pense que les nantis sont situés au-dessus de nous. Vous qui êtes dans le privé, vous avez certainement entendu parler de ceux qui s’attribuent des golden parachutes !

Ensuite, si « les enseignants ne sont pas si à plaindre que ça, » c’est que vous les mettez malheureusement dans une même catégorie, comme le pense bon nombre de nos concitoyens. Différencions celui qui enseigne en ZEP dans une banlieue difficile de celui qui professe à Henri IV en classe prépa. Différencions aussi celle qui, à 58 ans, enseigne dans une maternelle surchargée de celui qui est professeur d’EPS dans un SUAPS universitaire.

Les élèves du XXIème siècle n’ont aussi rien à voir avec les enfants dociles de l’après-guerre. Vous comprendrez en venant travailler quelques temps dans certaines classes du primaire, de collège ou de lycées professionnels, pourquoi certains collègues craquent à répétition ! Bien sûr, il est évident que, comme dans toute corporation, quelques-uns profitent du système et donnent une mauvaise image de la profession en s’absentant régulièrement.

Cependant, rien n’empêche les hiérarchies académiques et les politiques du gouvernement de prendre ce problème à bras le corps mais à la condition que tous les points d’achoppement soient abordés (par exemple, les effectifs par classe, les moyens matériels déplorables de certains établissements, la gabegie des programmes et des maisons d’édition scolaire, l’infantilisme des procédures d’inspection, etc.). Ce qu’ils n’osent faire car ils savent qu’ils se mettraient dans le pétrin. Le manque de courage est exemplaire mais surtout dans les hautes sphères. La polémique inutile de De Robien sur la méthode globale de lecture est la preuve de ce décalage catastrophique de nos leaders actuels face aux enjeux du présent et du futur.

Quant à votre crainte de subir un licenciement économique, je reconnais en être à l’abri. Mais, personnellement, j’ai passé un concours difficile avec, à la clé, une certaine protection. Dans une logique libérale, je pourrais vous dire que vous auriez pu en faire autant ! Mais, cette remarque est simpliste voire déplacée. Par contre, je vous rappelle qu’au début du siècle, il n’existait aucun droit du travail et qu’à cette époque-là, la majorité des nantis s’était opposée à son développement. Des gens se sont battus pour que ces droits soient formalisés et d’autres continuent de se battre pour qu’ils soient appliqués et pour que notre société reste viable. Pas comme la misère actuelle des travailleurs chinois ou du tiers-monde, que nous avons connu au XIXème en Europe, et que certains seraient presque tentés de nous appliquer au nom de la compétition internationale ! Cette compétition, nous ne devons pas la nier, mais on pourrait peut-être la cadrer collectivement pour en éviter les désavantages prévisibles. Le délabrement, en cours, du service public de l’Education et de la Recherche ou celui des Droits du travail ou à la santé en fait partie.

Quant à cette chère Ségolène Royal, elle a le mérite de bousculer les éléphants de droite comme de gauche après, il est vrai, avoir été au pouvoir sans laisser une impression d’une visionnaire charismatique. Qui vivra, verra !

A bon entendeur, salut. Bien sincèrement. Didle


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