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Thoveyrat (---.---.66.36) 16 novembre 2006 11:29

Tout d’abord, bravo à Dana Hilliot pour son brillant exposé de philosophie des sciences ! (j’espère que l’expression ne le fait pas bondir, en tous cas je l’écris comme un compliment) Ensuite, je le prierai de m’excuser, car mon cursus philosophique se borne à la terminale, ce qui fait que je peux employer des mots dans une acception différente de celle du langage philosophique. Je pense que l’on peut séparer les objets du Téléthon en deux parties. La première partie, c’est le financement de la recherche, qui repose partiellement sur l’ignorance du public. Sans écarter le point de vue moral (aujourd’hui on dit éthique, mais la morale, ce n’est pas seulement « la morale de Grand-Père », c’est le lien entre une philosophie, quelle qu’elle soit, et les actes), si bien décrit par Dana Hilliot, on peut aussi remarquer que cette « duperie » est la règle dans la façon dont nous sommes gouvernés. On fait appel à nos votes par les sentiments, les émotions ; les gouvernants décident sans informer le public, censé ne pas pouvoir comprendre. De toutes façons, même si l’on considère que le public peut comprendre (ce qui n’est pas le cas de tous les votants en « démocratie », ni de tous les donateurs au Téléthon), on ne saurait imaginer qu’il peut prendre connaissance de tout, il est nécessaire de déléguer ; et il ne peut même pas déléguer en connaissance de cause, du moins au suffrage universel à grande échelle. C’est bien ce mélange de pouvoir et de manipulation de l’émotion, qui en fait un danger. Un danger, mais pas nécessairement un mal... Je ne pense pas qu’il soit mauvais de financer la recherche fondamentale en thérapie génique, même si elle ne doit aboutir à des applications pratiques qu’à très long terme, même si elle aboutit aussi à des applications sans lien avec les myopathies. Ce n’est pas ce qui a été « vendu » au public, c’est vrai. La deuxième partie des objets du Téléthon, c’est ce que l’AFM appelle « l’aide aux malades ». L’aide aux malades, c’est très bien. Cela peut consister en des soins, des aides matérielles, un soutien moral... Un assassinat, cela ne s’appelle pas « l’aide aux malades ». Or, le « diagnostic préimplantatoire » est toujours suivi d’assassinats. C’est bien joli de faire de l’embryon un objet de concepts divertissants, mais la réalité, c’est que c’est un être humain ; et que si nous décidons que ce n’est pas un être humain parce qu’il n’est pas autonome, alors nous créons le droit pour un premier de cordée de couper la corde, nous pouvons laisser un naufragé se noyer, etc. Plus généralement, et en se plaçant hors du point de vue religieux, si l’on commence à dire qu’un oeuf humain fécondé n’est pas un être humain et qu’on peut lui faire ce qu’on veut (le tuer, le dénaturer, etc), on arrive très rapidement à élargir la notion à d’autres groupes humains. Si l’on ne tient pas pour une règle absolue que l’on ne peut porter atteinte à la vie humaine, on ouvre la porte à toutes les « définitions » possibles de la tranche d’humanité qui demeurera « intouchable » (les non-juifs ? les musulmans ? les costauds ? dans la législation française, les enfants handicapés, même de handicaps mineurs, n’en font déjà plus partie jusqu’à la naissance) ; on ouvre la boîte de Pandore. Vous noterez qu’un point de vue non religieux conduit seulement à donner des conséquences. Vous pouvez, selon vos propores critères (d’où viennent-ils ? qu’est-ce qui a façonné votre conscience ?), dire que c’est bon ou mauvais. Pour moi, c’est là qu’intervient la religion : Dieu, qui avait donné à Adam un travail de chercheur, a interdit à Adam et Eve de cueillir le fruit de l’arbre du bien et du mal ; Il se réserve la définition de ceux-ci. Il a dit : « Tu ne tueras point », donc nous ne devons pas tuer notre prochain, fût-il petit et faible. La religion ne justifie pas que telle chose soit bonne ou mauvaise, elle définit le bien et le mal ; nous, nous essayons d’obéir à Dieu, point (ce qui ne nous interdit pas la réflexion philosophique, loin de là !) Le raisonnement philosophique ne justifie pas non plus que telle chose soit bonne ou mauvaise ! Il donne des conséquences logiques, c’est tout. Pour déterminer si une chose est bonne ou mauvaise, on est obligé de se référer à une croyance, quelle qu’elle soit ; il me semble qu’il peut être utile d’examiner cette croyance d’un oeil critique, et à vous lire, que vous en avez la capacité...


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