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Christophe Hamelin Christophe Hamelin 3 septembre 2014 14:39


Bonjour Hérisson,

Ha ben ça alors, j’ai déjà un -1 au compteur de mon précédent message... Mouais...

alors j’ai bien lu ton texte qui a fait naître en moi plusieurs réflexions.

Tout d’abord, je ne me sens pas compris mais il est vrai que mon texte est long et pas franchement simple. Ensuite, je vois dans ton énervement des éléments de protection de notre aliénation qui sont ceux-là même qui sont à la base de la fabrication du consentement.

En premier lieu, sur la question des classes moyennes, nous ne nous comprenons pas, contrairement à ce que tu penses. Je ne dis pas que les individus de la classe moyenne sont des fascistes, je dis que la classe moyenne, en tant que catégorie, s’inscrit dans un arrangement taxinomique fascisant. Il y a une nuance qui me semble ici importante car de ton coté, tu persistes, conformément à la manie d’une certaine extrême-gauche (la plus visible malheureusement) à traiter de fascho les individus d’un groupe social, si je ne me trompe, alors que du mien, j’essaye de comprendre comment l’ingénierie sociale dégueulasse qu’autorise la modernité étatique a agencé les individus en un ensemble anomique dont a besoin l’oligarchie fasciste actuelle. j’ai besoin de cet argument pour valider l’hypothèse que nous sommes dans un régime fasciste.

Il me semble que, conformément à ton habitus petit-bourgeois, tu t’occupes plus de ma personne, qui t’énerve, qu’aux arguments du texte. Ainsi, tu écris que je prétends me « désimprégner » de la culture bourgeoise. Peux-tu m’indiquer le passage où j’affirme cela ? Bourdieu indique que le petit-bourgeois est en quête de ce qu’il appelle la « cohérence intentionnelle ». L’idée est intéressante en ce qu’elle indique comment la petite-bourgeoisie, pour compenser son impuissance politique maintient son équilibre mental par ce moyen : malgré son impuissance (que je décris dans le texte), le petit-bourgeois peut garder le regard haut car il est cohérent avec son opinion. Nous naviguons ici en plein dans le jardin d’entrepreneurs de moral à la Pierre Rabhi. Je sais qu’il est blessant de se faire traiter de petit-bourgeois, Hérisson, j’en suis un également si ça peut te rassurer, mais je ne nie pas ce point qui ne fait d’ailleurs que corroborer mon propos puisque standardisé par l’école, j’ai passé ma jeunesse à faire peu d’expériences (ce qui est le cas de tous les jeunes occidentaux) et à rester assis dans des salles de classe moches dans lesquelles on m’a inculqué un savoir qui n’est pas le mien. Il se trouve que dans ce savoir, il y a des aires théoriques qui proposent une critique de la société moderne. Je m’en sers. Et contrairement aux inclinations de mon habitus, je ne suis pas en recherche de cohérence : je fais avec ce que j’ai sous la main.

Tu écris que j’idéalise la culture sauvage. Ben, je ne crois pas : je me suis renseigné, je cite mes sources et ne crois pas les faire mentir. Maintenant, si quelqu’un s’aperçoit, mais de façon sérieuse, que j’en fais trop dire à un auteur alors je suis prêt à reconnaître mon erreur. Donc tu écris que j’ai truffé mon texte de références pour lui donner l’apparence ou la caution d’un texte sérieux. Là encore, excuse moi mais je vois vraiment une façon de débattre typiquement petite-bourgeoise en ce que tu analyses mon texte par rapport à mon intentionnalité, c’est-à-dire ma volonté de briller si j’ai bien compris, mais sans débattre vraiment du contenu. Tu personnalises le texte, l’extrayant ainsi du simple débat d’idées pour l’introduire dans une lutte de classement qui constitue certainement ton univers mental et social (je te renvoie à la citation de Marx de mon texte sur cette question).

Ainsi, tu indiques que se référer à des gréco-romains est très à la mode en ce moment... C’est quoi cette mode ? Tu connais une époque qui ne s’est pas référée à eux ? Tu dis que c’est maladroit parce que notre société est trop différente. Alors ça, quand on les a lu et qu’on voit le monde aujourd’hui, je crois qu’au contraire on ne peut qu’être frappé par leur actualité. Tu affirmes qu’Aristote est antidémocrate. qu’est-ce qui te fait dire ça ? De mon coté, je le verrai plutôt comme une sorte de social-démocrate de son époque, si tu me pardonnes cet anachronisme. Je le trouve beaucoup moins virulent que Platon sur la démocratie. Tu dis qu’il était « antidémocrate, car proche et partisan d’une élite aristocratique ». Perso, je ne commente pas sa vie (bien que ce soit intéressant de la connaître) mais son oeuvre (tiens, tu t’occupes encore de la personne plutôt que de ses idées... C’est décidément fascinant de voir à quel point ceux qui font la critique de la critique non pour l’approfondir mais pour conserver leur équilibre mental ne sont que des confirmations des théories sur les classes sociales). En quoi la définition aristotélicienne de la démocratie, que je n’utilise d’ailleurs pas dans le texte, est-elle une attaque contre celle-ci ? Pourrais-tu me citer les passages ? Il préconise plutôt un mélange des constitutions qu’il a observées. Ainsi, il décrit la démocratie telle qu’il l’a vu à son époque et la nomme tel quel, point. Donc rien « d’étonnant ».

Sur l’anarchisme, là encore, tu m’en fais dire plus que je n’en dis. Ai-je traité les anarchistes d’élitistes ? Non, j’ai juste dit que vu qu’ils reprennent l’approche politique du monde, donc l’approche dominante, ils ne sont que partie prenante du phénomène totalitaire, ils n’en sont pas la solution. Et tu ne me fais pas mentir quand tu parles d’éducation. Pourquoi éduquer le peuple ? il n’était pas bien avant, le peuple ? Il fallait le changer ? Qui sont les éducateurs de peuples ? Quand tu écris : « A moins que tu n’estimes que le petit de l’homme doit être laissé livré à lui-même ? », ne montres-tu pas là ta haine du peuple ? Celle qui caractérise la gauche ? Crois-tu que dans les temps anciens on n’éduquait pas ? Et les parents alors ? Et la communauté ? ne confonds-tu pas éducation et instruction ?

Tu écris :

« mais déplorons, non pas le fait d’utiliser des catégories mentales qui appartiendrait à la bourgeoisie (car l’idée de démocratie est bien plus ancienne que celle de bourgeoisie) pour envisager le politique qui coloniserait notre imaginaire, mais bien plutôt le fait que les mots utilisés comme démocratie sont compris par la majorité de nos contemporains avec un sens perverti et donc faux, voire démagogique, et cela alors que tant d’hommes se sont battus et ont soit péri, soit connu l’enfermement pour un véritable idéal démocratique égalitaire (et donc économique et social, pas seulement politique), de justice et de liberté : Jacques Roux, Baboeuf, etc. »

Je vois ici à quel point les idées de cet article ne vont pas de soi. Tu n’as pas compris que le politique est issu d’une posture dans laquelle une élite parvient à réfléchir le réel parce qu’elle est débarrassée des urgences de la nécessité par l’accumulation. C’était le cas des aristocrates athéniens qui ont fondé la démocratie (je pense à Solon, en particulier). La bourgeoisie n’a fait que reprendre cette posture et ses catégories parce qu’elles correspondaient à l’expérience du monde qu’elle-même faisait. Donc tu t’accroches aux catégories qui constituent ton univers mental (que les dominants ont inscrit en nous par l’institution fasciste qu’est l’école mais aussi par la non moins fasciste industrie culturelle) sans avoir lu suffisamment profondément mon texte, sans vraiment donner une chance à la critique radicale que tu évacues en personnalisant les intentions que tu imagines – par projection – être les miennes dans ce texte (genre briller en société). Je ne dis pas qu’il faut améliorer la compréhension que tout un chacun a de ces catégories, je dis qu’elles sont des pièges en elles-mêmes, je développe des arguments, en particulier sur la question de la mise à distance du réel qui est la clé du texte, et je vois que tu n’en fais pas la critique. Dommage parce que c’est quasi la seule qui importerait sur un tel article.


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