La religion qualifiée par Marx d’opium du peuple, c’était dans un
contexte différent de celui d’aujourd’hui, où bien des faux laïcs sont un opium
pire que celui que « consomment et distribuent » les religieux
dogmatiques. Il y avait du vrai dans la définition de Marx, et je pense, comme
Isga, qu’il y avait chez lui de la spiritualité.
Reste que spiritualité
matérialiste est un oxymore. Dans mon manuscrit de mars 2000 Désacraliser la violence religieuse, qu’il
ne m’a jamais été possible de publier, même après le 11 septembre 2001, il y avait tout un chapitre titré,
précisément, La spiritualité matérialiste
(ou spiritualité et criminalité). Extrait :
La spiritualité, hélas, est
aussi une déviance. L’anthrope ne se satisfait pas de certitudes et de
fraternité dans la seule connivence. Il veut ses valeurs universellement
partagées, transformées en valeurs de tous au service d’un monde reconnu par
tous comme le monde idéal. C’est pourquoi, bien souvent, l’homme spirituel
cherchera à imposer ses valeurs. La
spiritualité pervertie va prendre alors de multiples formes, jusqu’à ce qu’il
faut bien nommer la spiritualité criminelle : invention d’un devoir spirituel
de contraindre, de tuer, de faire la guerre, de torturer... Ne nous y trompons
pas, l’Inquisition, comme la guerre sainte sont bien des produits spirituels ;
les pires aboutissements, en fait, de cette aberration - on pourrait dire de
cet oxymore - communément acceptée comme une normalité, voire même un produit
de sagesse : le pouvoir spirituel institutionnalisé.