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popov 2 janvier 2015 16:59

Ah voila le-E-CAT qui revient à la surface. 

 
J’ai suivi le développement de cette affaire depuis 2011 sur ce site qui a été mis à jour plusieurs fois depuis. 
 
A l’époque, le protocole utilisé pour calculer la chaleur produite consistait (en gros) à mesurer le nombre de litres d’eau évaporés par le système et de le multiplier par la chaleur latente d’évaporation d’un litre d’eau. 
 
L’objection que l’on faisait à ce protocole était que personne n’avait pu vérifier la composition de la « vapeur ». Il suffit en effet que la vapeur emporte de minuscules gouttelettes d’eau pour fausser tous les calculs. 
 
Le fait que Rossi ait été condamné dans le passé pour fraude ne plaidait pas non plus en sa faveur. Ni le fait que le site sur lequel il publiait avait toutes les allures d’une revue scientifique alors que ce n’était que son blog.
 
Maintenant, on a un nouveau protocole qui détecte une production de chaleur égale à 3,5 fois l’énergie consommée. 
 
C’est bien, mais c’est moins qu’une simple pompe à chaleur qui peut atteindre un rapport de 4,2. 
 
Je m’explique : pour chaque unité d’énergie électrique apportée au système, il dégage 3,5 unités d’énergie sous forme thermique. Pour reconvertir cette chaleur en énergie électrique, on utilise des turbines dont le rendement ne dépasse pas 30% (3,5 x un peu moins de 0,3 cela fait environ 1). Pour que cette machine soit exploitable comme générateur d’énergie électrique, il faudrait un rapport bien plus élevé que 3,5. On n’a donc pas encore une source d’énergie gratuite. 
 
Quoiqu’il en soit, un rapport de 3,5 est en soi un effet qui interpelle. 
 
S’agit-il d’une réaction nucléaire ? Cela semble bien être le cas puisque les auteurs du rapport ont détecté une différence entre la composition isotopique des réactifs avant et après l’expérience. 
 
La seule réaction nucléaire qui peut se produire à basse énergie est la capture de neutron lent.Windom et Larsen (ici et ici) ont tenté d’expliquer les réactions nucléaires de l’E-CAT par une capture de neutrons lents. Il n’y a évidement pas de neutrons lents dans les réactifs, mais voila en bref l’idée qu’ils développent :
 
En physique de l’état solide, les électrons de conduction qui se déplacent dans un réseau cristallin ont une masse apparente qui est différente de la masse de l’électron dans le vide. Dans le vide, la relation de dispersion (expression de l’énergie en fonction de la quantité de mouvement) est tout simplement E = p^2/2m, une parabole (pour des vitesses non-relativistes). La dérivée seconde de cette expression par rapport à p vaut 1/m. La masse peut donc être vue comme l’inverse de cette dérivée seconde. Dans le solide, la relation de dispersion n’est pas une simple parabole et sa dérivée seconde dépend de la vitesse d’une façon plus compliquée. L’inverse de cette dérivée seconde donne la masse effective de l’électron dans le réseau cristallin. 
 
On sait d’autre part que le réseau cristallin du nickel absorbe facilement les noyaux d’hydrogène (protons). La masse du proton vaut 938.3 MeV, celle du neutron, 939.6 MeV. La différence vaut donc 1.3 MeV. La masse de l’électron dans le vide vaut 0.511 MeV, mais dans le solide, cette masse peut changer considérablement. Que se passe-t-il si la masse de l’électron passe de 0.511 MeV à 1.3 MeV ? D’après Windom et Larsen, cet électron et un des protons absorbé dans le nickel serait vu par les noyaux avoisinant comme un neutron et pourrait donner lieu à une réaction en tous points semblable à une capture de neutron. 
 
Les résultats de Windom et Larsen ont été contestés par d’autres auteurs (je n’ai pas les références ici) qui ont refait les calculs dans une autre jauge. En électromagnétisme, les potentiels sont définis à une jauge près (jauge de Coulomb, de Lorentz), on peut choisir celle qui simplifie le mieux les calculs. Mais quelle que soit la jauge adoptée, les valeurs calculées pour les grandeurs physiques (énergies, par exemple) devraient être les mêmes. Si les résultats ne sont pas les mêmes, c’est qu’il y a une erreur dans les calculs.
 
En conclusion, il faut rester ouvert, même si Rossi est un escroc reconnu. Le champ de l’LENR est tout neuf et tout reste à explorer.

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