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pinson (---.---.13.90) 10 janvier 2007 18:10

J’ai lu « Les Bienveillantes » d’un trait ,si l’on peut dire, s’agissant d’un aussi gros bouquin.

Ce n’est pas un livre sans défauts... Certes un certain nombre d’anglicismes m’ont sauté aux yeux... Certes aussi , les très longs, trop longs,passages consacrés aux débordements sexuels du « héros » deviennent vite pénibles à lire, pas par pudibonderie, mais parce que l’auteur finit par avoir l’air de s’y complaire.

Sur le cadre historique, n’étant pas un spécialiste de l’organigramme SS, ni du bouton de guêtre de la Wehrmacht, je serais bien en peine de porter un jugement, je dirais seulement qu’on a vraiment l’impression d’être amené au coeur du « système ». Je serai plus réservé sur les scènes où Aue visite le Paris de la collaboration littéraire, sujet que je connais un peu mieux, où le « name dropping » m’ a paru un peu lourdingue. Sans compter le passage sur la sexualité de Brasillach qui est purement diffamatoire et confirmé par aucun de ses biographes. Brasillach a déjà été fusillé, à quoi bon verser sur sa tombe une pelletée de merde supplémentaire qu’aucun de ses pires ennemis - et Dieu sait s’il en a - n’avait jugé bon à ce jour d’ajouter ?

L’essentiel n’est pour moi pas là. C’est un bon et beau bouquin, passionnant, mais qui m’ a laissé sur ma faim sur un point essentiel. La question a déjà été évoquée, mais je persiste et signe : contrairement à ce qu’on prétend, ce livre n’explique en rien comment on devient nazi.

D’abord parce qu’on aura beau m’expliquer que c’est un roman et rien qu’un roman, le personnage de Aue n’est même pas un personnage de roman : c’est un nazi de film de série B totalement caricatural dans son improbabilité archétypale : homosexuel, incestueux, mélomane, narcissique, à demi français... Tous les poncifs !

Je suis désolé : Aue peut répèter autant qu’il voudra « vous voyez bien que je suis comme vous » , sur de telles bases , nombreux sont ceux qu’il aura du mal à convaincre.

Pourquoi Littell n’a-t-il pas fait de son fonctionnaire de la mort un bon père de famille ordinaire ? Il en met en scène bien d’autres de ce type dans son roman.... Je n’arrive pas à trouver une autre réponse que « parce que ça aurait été moins vendeur... »

De même, on ne nous décrit à aucun moment de ces 900 pages le cheminement intérieur qui mène le « héros » au national-socialisme. C’était pourtant toute la question ! A moins que Littell considère que le fait qu’il soit homo, incestueux, qu’il déteste sa mère et n’ait pas connu son père suffit comme explication ? C’est un peu court ! Si c’est ça , c’est du freudisme à deux balles !

Ce sont de gros défauits à mes yeux, mais c’est tout de même un vraie oeuvre.


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