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Pierre_Abel 15 novembre 2015 12:25

Bonjour,

  Cet article m’a énervé au point que j’ai créé un compte agoravox pour en dénoncer la part de connerie. Il m’a énervé parce qu’il part d’un problème réel et grave - l’état actuel de l’éducation nationale et du moral des profs - et qu’il affirme avec véhémences beaucoup de choses absolument fausses (et aussi des choses vraies, ce qui rend le tri difficile).

  Je suis professeur agrégé de mathématiques, reçu au concours l’année dernière. Ce concours, je l’ai préparé pendant un an, et je connais beaucoup de gens qui ont passé le CAPES de math l’année dernière, qui l’on eu ou qui l’on raté. Je connais aussi des examinateurs au CAPES et à l’agrégation (mes profs).

  Je peux donc affirmer après un an à avoir baigné dans le milieu de la préparation aux concours de recrutement de professeurs que ce que cet article dit sur le CAPES de math (les autres disciplines, je ne me prononce pas puisque je n’en sais rien) est complètement FAUX.
  Le CAPES de math n’est PAS trop difficile, et les gens que je connais qui l’ont raté n’avaient pas assez travaillé ou n’avaient clairement pas le niveau. Des bons amis sont allés voir des oraux (les oraux sont publics, allez donc en voir...) et certains candidats n’ont même pas le niveau terminale S (voire pire) ! Si ce doctorant en probabilité a raté à ce point son oral, il y a quatre possibilités : 1) il était nul 2) il n’avait pas compris les modalités de l’épreuve 3) Il s’est montré arrogant, méprisant ou insultant 4) Il est tombé sur un jury con, ce qui arrive occasionnellement, la nature humaine étant ce qu’elle est.

  Ce n’est pas le CAPES de math qui est trop dur, ce sont les candidats qui sont insuffisamment préparés, malchanceux ou trop mauvais en math. Pour ceux qui sont trop mauvais, c’est souvent un peu la faute du système scolaire qui (ne) les a (pas) formés. Les programmes de première et terminale S en math et en physiques ont été dépouillés de tout leur contenu (plus d’intégration par partie, plus d’équations différentielles, on ne leur donne pas la formule de dérivée de la composée, physique purement qualitative, disparition de l’étude de la cinématique, de l’étude du pendule...). Cela a pour conséquence de renforcer la crise de vocations en math et l’échec massif au CAPES (1097 places pourvues sur 1440 en 2015).


  L’article déplore que l’on recrute un professeur avec moins de la moyenne au concours. C’est idiot. C’est un concours, pas un examen. J’ai été recruté avec 9 et des poussières à l’agrégation, et alors ? Je suis adulte, je sais que les notes à un concours ne servent qu’à classer et je me contrefous d’avoir la moyenne. Et vous savez quoi ? Sur ma promotion de 40 élèves qui préparaient l’agrégation (25 reçus), tout le monde pense pareil, de l’avant dernier reçu recruté avec 8/20 au 6ième recruté avec 18/20. Il n’y a aucun mal à mettre 2/20 a un candidat qui ne sait pas calculer une limite de niveau première S (raconté par une amie qui a été voir des oraux). Au concours du CAPES (ou de l’agrégation, mais l’agrégation c’est un autre problème, les jurys y étant pour le coup un peu trop exigeants), on est entre adultes (consentants et supposément matures) et on sait, on doit savoir, que les notes ne sont pas un jugement de notre personne, de notre valeur individuelle, mais de la prestation que l’on fournit dans le cadre des règles du concours. On peut discuter sur les règles du jeu, mais cet article ne le fait pas (ne les cite même pas).


La partie de l’article qui dénonce le manque de soutient des professeurs par la hiérarchie et le salaire insuffisant est vraie et c’est là qu’est vraiment le problème.

Cordialement, Pierre Roux.

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