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cyrsand 16 mars 2007 21:10

Merci à l’auteur pour cet article très intéressant pour moi qui m’interroge sur l’impact de l’enseignement précoce des langues. Je suis professeur de FLE, et j’enseigne à Moscou dans une maternelle trilingue français-anglais-russe, aux « petits » (3 à 4 ans) et « tout-petits » (2à 3 ans). L’emploi du temps des enfants est réparti sur 2 semaines, au cours desquelles ils ont 3 matinées ( au total 7h30) de cours en français, 3 en anglais et 4 en russe. Je n’ai que quelques observations à apporter ici, en vrac :
- deux de mes élèves ont des mamans qui parlent français et avec qui je m’entretiens régulièrement dans les temps d’accueil... ces deux petites filles, qui par ailleurs sont en classe d’un niveau tout-à-fait honorable, refusent de parler français avec moi devant leurs mamans.
- après 6 mois de travail dans cette école, je constate encore de grosses difficultés phonétiques chez certains élèves, et tends donc à penser que l’idée répandue selon laquelle l’apprentissage précoce serait le remède au problème de « l’accent » dans une langue étrangère est à reconsidérer.
- pour une réelle efficacité, la charge horaire devrait être bien plus importante:j’ai eu la chance cette semaine d’avoir les deux classes ensemble tous les matins, suite à la démission des profs russe et anglaise, et les progrès que je constate au terme de la semaine sont phénoménaux.
- l’absence d’une programmation des apprentissages commune aux 3 langues crée une grande différence entre les enfants d’une même classe : ceux qui apprennent le français peuvent épeler et recopier un mot écrit au tableau, ceux qui n’apprennent que l’anglais et le russe ne peuvent pas même former une lettre sans aide, et je crois que seul un enseignement à niveau égal des trois langues (ou deux s’il y en a deux)est raisonnable. Sur d’autres sujets de votre forum, comme l’apprentissage des langues en France à partir du CE2, j’ai l’année dernière suivi la formation au CRPE de l’IUFM de Perpignan, et vu en stage des enfants qui avaient étudié l’anglais au CE2, l’espagnol au CM1, et de nouveau l’anglais au CM2 ; j’ai par ailleurs posé à mes formateurs la question de la continuité des apprentissages en langue à l’entrée en sixième,réponse : « heu... ». Ben en fait, non, alors qu’il paraît évident qu’on ne va pas réapprendre à compter jusqu’à dix à des enfants qui terminent le primaire,les manuels de langues en sixième sont de niveau débutant complet ! Vous imaginez la motivation pour les élèves... Enfin, et toujours au sujet de l’éducation en France, considérant qu’apprendre une langue c’est( entre tant d’autres chose)apprendre tout un système de représentation du monde, il paraît évident que les professeurs natifs de la langue étudiée soient les mieux placés pour mener à bien cette tâche.


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