Impuissants à changer les choses, mais tout aussi
impuissants à nous changer nous-mêmes dans notre
regard sur nous et sur le monde.
Eh oui, c’est par là que cela commence, par une
remise en question de notre identité, de ce que nous
sommes nous-même, et de ce dont nous avons réellement
besoin. Et c’est seulement alors que nous saurons
peut-être ce que nous pouvons vouloir, et le type
de société que nous voudrions cultiver.
De quelle espèce sommes-nous ?
Mais alors, il faut commencer d’apprendre à échapper
à tous les poncifs, superstitions, tabous intellectuels
et slogans qui nous entourent et qui nous sont assenés
chaque jour. Casser la pensée unique qui n’est pas
une pensée mais un réflexe.
Et sortir de notre occidentalitude qui parait grande de
par sa puissance et sa richesse, mais qui, croyez moi,
est microscopique de par sa pensée. Car nous confondons
toujours intelligence et horizon intellectuel.
Nous avons remplacé la pensée par la compréhension du
processus technique. Et il très significatif que, dès
que nous cherchons un peu plus loin, on nous oriente
encore sur les sempiternels maîtres grecs classiques,
intéressants certes, mais si loins de nous,si étrangers
à notre nature, et tellement impuissants à nous
inspirer des bases réelles de solutions.
Il n’y a pas eu que les grecs ! Nos voisins, de tous
côtés, ont eu aussi leurs grands sages, d’époques
plus proches de nous, et plus accessibles à notre
compréhension, moins illusoires.
La maladie de ce que l’on appelle aujourd’hui la
« Philosophie », c’est d’avoir remplacé la recherche de la
réalité de la vérité par celle de la théorie de la
vérité. C’est là la source même de l’impuissance de la
pensée occidentale moderne.
Il n’y a pas d’issue si l’on ne cherche pas à
sortir du cadre ! La Palice ne l’aurait pas désavouée,
celle-là. Et c’est vrai avant tout pour la pensée.
Mais la politique de ce système est précisément
d’enfermer les gens dans des cadres bien définis, avant
tout dans le mental et le culturel et de leur faire croire
que la consommation grandit l’être et que le transport
physique libère !
Si vous cherchez des gens qui puissent vous aider à
acquérir un autre regard sur les choses, c’est dans
ce qui reste des sociétés non occidentales qu’il faut
les chercher. Mais dans l’état de destruction où elles
sont, et vu nos habitudes de pensée et notre éducation,
il est très difficile de leur inspirer confiance.
Ce n’est bien sûr pas dans le but de singer leur
folklore, mais de dépasser la superficialité de notre
vision moderne et d’acquérir un regard plus vrai parceque
plus profond sur ce monde et nous-même.
Et il ne s’agit pas de grandes recherches spirituelles
ou d’initiations spectaculaires, mais de choses très
simples et quotidiennes qui s’acquièrent beaucoup plus
par un contact sincère que par des discussions.
Nous avons certainement beaucoup à apporter
à tous ces gens en matière de techniques et de biens
matériels, mais si seulement nous consentions parfois
à les écouter ils pourraient sans doute nous apprendre
bien des choses.
Il m’arrive parfois de rêver d’un jumelage entre les
gens de ces pays et nous-mêmes, entre individus et entre
familles, comme l’on jumelle aujourd’hui les villes
entre elles. Ce ne serait pas simple évidemment, mais
peut-être porteur d’espoir.
Cordialement Thierry