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Henrique Diaz Henrique Diaz 20 décembre 2015 13:22

@F-H-R et @l’auteur

Le problème de fond, derrière la soit-disant « carcéralité » de l’école est ici l’autorité. Comme le gouvernement, vous ne distinguez pas clairement autorité légitime et autorité illégitime. Comme il semble y avoir une « demande » d’autorité, le gouvernement roule des mécaniques. Et pour vous manifestement, si vous n’êtes manifestement pas contre toute autorité, vous semblez penser que toute autorité exercée à l’école implique mécaniquement l’abus d’autorité.

Mais il est évident si on y réfléchit un peu que toute autorité n’est pas bonne autant que toute autorité n’est pas mauvaise. L’autorité est le pouvoir de fixer des règles, ce qui peut se fonder sur la force seule ou bien d’abord sur la recherche du bien de celui à qui on fixe ces règles. Qui dit autorité, dit donc nécessairement relation asymétrique : il y a ceux qui fixent les règles et ceux qui les appliquent. Quand on va voir son médecin, il nous fixe une ordonnance, c’est-à-dire des règles à suivre pour guérir. Quand on va à l’hopital pour se faire soigner un bras cassé, on est se retrouve aussi « enfermé » dans un lieu où on nous fixe des tas de règles. Mais si on est un peu intelligent, on comprend que plutôt que d’enfermement, il s’agit de protection et que les règles en question n’ont pas pour but l’aliénation de la personne à qui on les fixe mais son rétablissement. Mais le MEDEF est quand même passé par là et aujourd’hui, il faut quelques fois se battre pour pouvoir resté « enfermé » à l’hopital quand on ne s’estime pas encore suffisamment rétabli.

Il se trouve que pour être un citoyen libre, il faut cultiver la liberté avec laquelle nous naissons, c’est-à-dire la capacité de penser et d’acquérir des savoir-faire permettant de nous épanouir. Vous trouverez peut-être que c’est là une vieillerie ringarde héritée des penseurs de la révolution française, comme Condorcet ou Rousseau, mais peut-être avez vous au moins appris à l’école que ce n’est pas parce qu’une idée est ancienne qu’elle est fausse, de même que toutes les idées récentes ne sont pas forcément plus justes que les précédentes. C’est donc ce qui a fait qu’on a jugé qu’il était bon d’étudier non seulement le sport mais aussi la maîtrise de la langue qui nous permet de communiquer, d’argumenter, de contre-argumenter à propos du bien commun notamment, ainsi que les mathématiques et les sciences naturelles pour comprendre le monde physique qui nous entoure au lieu de se contenter de le rêver, ou encore l’histoire, les arts etc. Pour cela et pas seulement réserver cette éducation à un petit nombre, il est apparu, qu’on était mieux dans des salles à l’abri du vent, où on peut s’asseoir et échanger dans le calme et enfin qu’il fallait admettre la différence entre ceux qui sont là pour enseigner et ceux qui sont là pour apprendre. 

Et là est finalement l’essentiel, on n’accepte plus aujourd’hui que de vulgaires petits profs disent aux enfants comment ils doivent penser pour progresser ni quand ils peuvent parler, écrire, dessiner... Mais celui qui a la responsabilité de ce qui est appris, celui qui a le devoir de faire cours et de transmettre au mieux des connaissances, cela reste l’enseignant et pas l’élève. L’évidence voudrait que celui qui a des devoirs supplémentaires a légitimement des droits supplémentaires : dire quoi faire et comment en l’occurrence.

Après la difficulté sous-jacente, c’est que dans son modèle d’éducation idéale, l’Emile, il y avait certes pour Rousseau beaucoup d’expérimentation et très peu de cours magistraux, mais il y avait dans ce modèle un enseignant pour un élève, autant dire que ce modèle reste élitiste. Après ce n’est pas en tapant sur l’école comme ici qu’on aura moins d’élèves dans les classes et ainsi plus de mobilité.

Et je rappelle ici comme plus haut que si l’autorité légitime suppose un consentement de celui sur qui elle s’exerce, l’école n’est pas obligatoire, à la différence de l’instruction. Mais quand on dit à des lycéens de 7-18 ans, pour qui il n’y a même plus d’obligation à s’instruire « si vous ne voulez pas étudier en suivant nos règles, pourquoi ne donnez vous pas votre lettre de démission à l’établissement ? Vous savez bien que vous pouvez parfaitement obtenir les diplômes en candidat libre ou avec de l’enseignement par correspondance... » comme par hasard, il n’y a plus personne. Ils ont bien compris qu’ils sont des consommateurs, qui doivent comme le dit l’auteur pouvoir prendre de ce qu’ils veulent comme bon leur semble à eux, mais quand on les place devant leur responsabilité à eux, il n’y a plus personne.


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