@Pierre
"Il faut être de mauvaise fois pour ne
pas reconnaître que tous les régimes socialisants ont été combattus par
l’intérieur par des agents à la solde de puissances occidentales."
Mais il faut être de la même mauvaise foi pour ne
pas reconnaître que tous les régimes capitalistes ont été combattus de
l’intérieur par des agents à la solde de Moscou aidés par des collabos locaux.
A l’Ouest, les services spéciaux ont suffit pour
contenir ces menées. Et force est de constater que tandis que la propagande du
libéralisme – que vous impliquez - « prenait », la propagande du
communisme foirait dans les pays communistes eux-mêmes.
L’effondrement des régimes de l’Est a révélé – si besoin
était - le fiasco de l’Homme Nouveau, y compris dans une URSS qui a eu
soixante-dix ans - trois générations ! -, pour le façonner, en prenant la créature
au berceau ou presque. On notera aussi, au passage, la faillite de trois
générations de propagande athée.
Pour moi, il y a une inadéquation complète entre les
théories des philosophes et une nature humaine qui n’a ni le « ressenti »
ni les aspirations que lui prêtent des intellos « hors sol », à
commencer par les Lumières.
Le communisme a sans doute correspondu à quelque chose à
un moment de l’histoire, particulièrement dur pour les classes populaires. Je
lis actuellement – entre autres, j’ai toujours plusieurs livres en cours - « L’évolution,
la révolution et l’idéal anarchique » d’Elisée Reclus. On y découvre ce qu’est
le prolétaire du « Manifeste », en qui plus personne ne se reconnaît désormais, contre les archaïques croyances des prétendus « progressistes » :
« Les conditions mêmes de la vie nous dictent le voeu
capital. Les cris, les lamentations
qui sortent des huttes de la campagne, des caves, des soupentes,
des mansardes de la ville, nous le répètent incessamment : « Il faut du
pain ! »Toute autre considération est primée par
cette collective expression du besoin primordial de tous les êtres vivants.
L’existence même étant impossible si
l’instinct de la nourriture n’est pas assouvi, il faut le satisfaire à tout
prix et le satisfaire pour tous, car la société ne se divise point en deux
parts, dont l’une resterait sans droits à la vie. « Il faut du pain ! »… »
(...)
« On se demande souvent comment les
faméliques, si nombreux pourtant, ont pu surmonter pendant tant de siècles et surmontent encore en eux cette passion de la faim qui surgit dans
leurs entrailles, comment ils ont pu s’accommoder en douceur à
l’affaiblissement organique et à l’inanition. »
Voilà le monde dans lequel s’impossent des
mots comme « esclavage », « exploitation » « paupérisation »,
« émancipation »* que les communistes d’aujourd’hui utilisent sans
sourciller comme si le monde n’avait pas bougé depuis cent cinquante ans, et sans
comprendre que, ringards et excessifs, ils ne trouvent plus aucun écho auprès
des gens normaux vivant, aujourd’hui, une vie normale d’aujourd’hui.
* Je vous invite à réfléchir sur l’impact
respectif d’un tel terme sur le salarié d’avant-hier, qui consacrait la moitié de
son salaire à son alimentation, et sur celui d’aujourd’hui, qui nourrit sa
famille avec 15 % de ses revenus, et avec laquelle il passe un mois par an dans
un mobil home, fut-il d’occase et retapé par ses soins, du côté du Grau-du-Roi.