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(---.---.162.15) 29 janvier 2007 12:27

Votre article est intéressant, mais il omet un point fondamental qui écarte une grande partie du lectorat français.

C’est à la fin des années 70, avec « Le Cri qui tue », que les mangas ont commencé à être traduits en français. Ils l’étaient pour ce qu’ils étaient, des bandes dessinées japonaises.

La plupart des mangas qui paraissent maintenant sous ce nom en traduction française ne sont plus des bandes dessinées au sens habituel de lecture qui est le nôtre.

Les éditeurs ont cédé à des puristes qui voulaient que le sens de lecture des cases soit conforme à l’original, de droite à gauche, dans le sens inverse du sens des mots (ce qui n’est pas le cas au Japon, bien sûr). Les pages se lisent de la dernière à la première. De plus, il est important, économiquement parlant, qu’il n’y ait pas besoin de retourner le sens des cases, les coûts de traduction s’en trouvent sensiblement diminués.

Tout cela est d’une telle absurdité que les japonais eux-mêmes riraient si on leur présentait des comics des USA dans un sens occidental, inverse de leur lecture habituelle.

En France, ça a pourtant marché, car les éditeurs ont remarqué que le jeune lectorat était beaucoup moins marqué par l’habitude du sens de lecture et était capable de changer selon qu’il lisait des BD dans le sens occidental ou des mangas dans l’autre sens.

Tant pis si le lectorat plus âgé décrochait, cela permettait de développer une certaine culture communautaire, un snobisme de la soi-disant pureté originale des mangas.

Et ça a fonctionné. Une véritable communauté de lecteurs de « mangas purs » s’est développée, avec comme critère essentiel qu’on ne peut pas aimer les mangas si on ne veut pas se plier au sens de lecture inversé. Devant un tel argument, les éditeurs qui résistaient ont fini par céder.

La France semble être une exception. Si bien que, pour un lecteur connaissant à peu près l’anglais, il est plus facile de lire une BD japonaise traduite aux USA (sens occidental) que la même traduite en français (sens japonais). Il est toutefois à craindre que l’exemple français ne soit repris ailleurs, puisqu’il est économiquement très rentable.

Alors, c’est bien beau de faire des articles comme celui-ci, mais ça a beaucoup moins d’intérêt que le même article qui aurait été publié il y a 15 ans. Parce qu’il y a 15 ans, un lecteur curieux pouvait acheté son premier manga et juger facilement et objectivement de son intérêt. La lecture était encore européenne et ne dérangeait pas.

Le même lecteur, maintenant, se rend compte qu’il lit la fin de l’action avant le début, ou la fin du gag avant le début. Ou il s’en rend mal compte et ne comprend pas bien ce qui se passe. Et il laisse tomber.

Certains lui diront qu’il faut insister pour s’habituer à perdre ses réflexes de sens de lecture. Un gamin de 12 ans y arrivera, un adulte de 30 ans n’y arrivera pas, sauf exceptions bien sûr.

Tout cela n’aide pas les échanges inter-culturels. Il y a 15 ans, on espérait que les BD occidentales et japonaises s’enrichiraient l’une l’autre, des échanges avaient même commencé. Au contraire, chacune est restée dans son coin, le communautarisme s’est installé.

Il est dommage d’ainsi diviser les lecteurs, car la qualité des bandes dessinées japonaises mérite que chacun puisse les lire. Ce n’est pas possible quand on ne sait pas respecter le lecteur.

Am.


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