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simazou 9 octobre 2016 11:01

@Allexandre suite 2

Nous voilà un peu plus au cœur de notre propos car le peuple juif a toujours été aux prises, dès la naissance de la Diaspora, avec les enjeux de l’hétérogène, tiraillé ou contraint de choisir entre conversion, assimilation ou au contraire fidélité, observance, attention portée à la transmission.

 

Les Juifs ont pour destin une pure transmission, parfois réduite à un nom (« Juif ») ou à une répétition qui compte sur le hasard pour se renouveler. Or, enfouie, la judéité n’est pas forcément inactive. (Daniel Sibony). La judéité est transmise à l’insu de ses héritiers telle une flamme qui brûle et qui crée. Derrida parle de « mémoire sans représentation ». Or, nous dit Henri Atlan, les juifs s’incrustèrent dans le temps, non dans l’espace, en termes de Spinoza : dans la pensée, non dans l’étendue.

 

La collectivité se nourrit de notre besoin d’appartenance et nous promet en échange sécurité et avenir. Débordant la petitesse individuelle, grande et puissante, elle présente également l’avantage d’alimenter l’amour et l’estime de soi – donc, le narcissisme – de ceux qui s’investissent comme ses membres. En revanche, l’humiliation collective (fût-elle imaginaire, peut s’avérer intolérable.

Il apparaît légitime de définir le narcissisme d’appartenance comme l’investissement narcissique, par le Moi, d’une collectivité. Dans certaines conditions, il est susceptible de se radicaliser, de s’exacerber, devenant alors un nationalisme : celui d’un individu ou de toute une partie d’une collectivité nationale.

Un Etat-nation nationaliste favorise l’obéissance du citoyen. C’est sous son couvert et donc sans culpabilité que pourront être satisfaites les pulsions destructrices. Les soldats nazis furent généralement très obéissants aux ordres.

 

Les juifs sont certainement parfois l’objet de sentiments envieux. L’envie est, pour ceux qui l’éprouvent, une veine qui bat fort et qui est susceptible de mettre en action des sentiments sanguinaires. Or l’envie éprouvée par l’antisémite ne prend l’avoir, la possession que comme point de départ ; ensuite, elle fonctionne au niveau de l’image, terrain favori de Narcisse. L’image reçue sera retraduite en termes de l’être : « Si le juif réussit, alors moi, suis-je un incapable ? ». L’envieux ne vient pas en l’occurrence « pousser » l’autre pour prendre sa place, mais narcissiquement garde la sienne en supprimant la notion d’envie, avant de procéder à la suppression…du juif, gênant par l’image de sa réussite.

Comme le sien qu’on va détruire en dépit de ses richesses, parce qu’il se détourne à son propre bénéfice, le juif détourne ses apports du pays d’accueil. C’est un ingrat et un traître, alors qu’on a tant fait pour lui ! clame la presse. Ce genre d’antisémitisme est particulièrement dangereux. Impossible d’exister l’un et l’autre, encore moins l’un avec l’autre. L’autre, le juif, doit être éliminé et la mémoire du meurtre, effacée, pour garder une bonne image des tueurs. 

 

La sympathie gaucho-altermondialiste : s’il n y avait cette possibilité de se reconnaître immédiatement dans la cause de ceux qui seraient victimes de ces sournois qui sous d’apparentes faiblesses et implorant la sympathie universelle dissimulaient une armure offensive.

Après tout, la mondialisation, ils y sont habitués, pour avoir été propulsés aux quatre coins de la planète – ils connaissent ; cela ne les a pas empêché de conserver leur foi et leur identité.

 

C’est aussi la charnière d’une œuvre immense, la Bible, qui est à la fois une loi, un enseignement, un narratif, une fresque, un chant qui situe l’histoire d’un peuple dans les origines de l’humanité. La Torah, c’est la source et l’essence même de la particularité de ce peuple, différent de tous les autres, tout en étant leur semblable et qui assure sa survie au prix de sacrifices, de souffrances, et de persécutions. C’est cette singularité de ce peuple, symbolique des origines qui est à la source de l’antisémitisme, mal chronique, profond, sorte de psychose qui se manifeste par des symptômes plus ou moins aigus revêtant des formes diverses selon les époques et les lieux.

 

Jean Genet définit ce que l’on appelle « la question juive » : - le peuple le plus ténébreux dont on ne cerne pas les contours de l’être : religion ? race ? ethnie ? communauté linguistique, culturelle, géographique ? celui dont l’origine se voulait à l’origine : le père, porteur de la loi, qui vient s’interposer entre la mère et l’enfant, celui qui sépare les sexes, le bien et le mal, celui qui menace le transgresseur de castration. Père du christianisme et de l’islam. A l’origine du monothéisme et son vecteur permanent. – qui se désignait Nuits des Temps : le peuple, tel le père, qui était là avant notre naissance, empêcheur de rapports fusionnels. Ce peuple-père-fondateur, qui, au lieu de mourir, tel tout père qui se respecte, est toujours présent en tant que témoin encombrant de notre préhistoire, de nos trahisons, de nos abandons, de nos lâchetés, de nos barbaries.

Ces origines dont parle Genet et auxquelles tous les antisémites se réfèrent, consciemment ou inconsciemment, c’est le message véhiculé par la Bible, tant par sa loi que par son récit et dont chaque juif est nolens volens, porteur.

Contrairement aux mythologies qui sont des projections des conflits humains sur des dieux, la Torah raconte le roman familial de l’homme, capable de recevoir la parole émanant d’un Dieu infini qui lui réserve un espace de liberté pour penser et agir.

Ils sont animés d’une confiance particulière dans la vie, comme celle que confère la possession secrète d’un bien précieux, d’une sorte d’optimisme ; les gens pieux parleraient de confiance en Dieu.

La représentation du juif comporte, en effet, tous les éléments de l’ambivalence à l’égard du père : admiration – mépris, envie – répugnance, fascination – phobie, surévaluation – fécalisation. On le représente comme vieux, sale, rigide, obstiné, jouisseur, concupiscent, accapareur, vicieux, cupide, mesquin, sournois, tricheur, manipulateur, roublard, etc. On lui reproche son attachement aux jouissances, sa rapacité, son amour de l’argent. Ce sont autant d’allusions au corps, à la matière et en fait au refus, par les juifs, du Christ, pur esprit détaché de l’univers du matériel.

Avec l’ouverture des ghettos et l’émancipation, le juif devenu citoyen sera rejeté apparemment pour son a-normalité, pour l’impossibilité de pouvoir le classer dans une des cases conventionnelles : nationale, religieuse, ethnique, linguistique, géographique. Ce sera un peuple « sans foi ni loi, sans feu ni lieu », un corps étranger, tentaculaire, cosmopolite, comploteur, conspirateur. Le juif sera détesté pour sa réussite, pour ses échecs, pour sa richesse et pour sa misère, pour sa générosité et pour sa ladrerie.

 

Restons vigilants sans paranoïa avec discernement sans excès et toujours solidaires de notre seul avoir : Israël.

 AM ISRAËL HAÏ 

Sim Azou


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