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christian dubuis santini (---.---.83.19) 6 février 2007 19:56

J’ai déjà posté cet article sur un autre fil. Mais peut-être serait-il mieux à sa place ici. Effectivement mise à part une Zerlina inconsistante et des approximations dans l’orchestre qui ne « tenait » pas assez la musique (un signe qui ne trompe pas est la gesticulation exagérée du chef alors que pour Mozart, nul besoin d’effet superfétatoire) ce n’est pas sur les voix que portait le problème mais bien sur le ridicule achevé de la production scénographique. Consternant de fatuité, de bêtise et d’inculture. À 130 euros la place ! Alors bien sûr, pour les non-connaisseurs qui s’applaudissent eux-mêmes s’applaudissant, c’est toujours une bonne occasion de s’applaudir, n’est-ce pas ? Après les différentes variations de quintes de toux, il y a encore d’autres sources de plaisirs... Bon j’arrête je vais être trop long. smiley D’autant qu’une amie musicienne et chanteuse lyrique s’est jurée d’écrire par le détail tous les contre-sens relevés tout au long de cet affligeant spectacle.

« Mickaël Haneke n’a rien compris à Don Giovanni et sa démise-en-scène est une insulte à Mozart, au public et à l’esprit. Si la soi-disant modernité consiste à transposer Don Giovanni (dont le Mal supposé, forcément ambigu, est une revendication éthique radicale et jusqu’auboutiste qui a entre autres subjugué Goethe jusqu’à la fin se sa vie) en un sous-directeur cynique d’entreprise dans un décor unique faussement postmoderne, avec le peuple cher au cœur de Mozart réduit à des agents de nettoyage semi-débiles (je ne parle même pas de la scène finale du Commandeur d’un ridicule achevé), et bien pour moi ce n’est justement pas ça être moderne. Avant-garde ? Mais c’est total-has-been pour parler comme les jeunes artistes avec qui je travaille quotidiennement ! C’est juste n’importe quoi. Portnawak. De l’incompétence pure et simple. Mais une incompétence qui a la faveur des médias. Mais c’est un truisme n’est-ce pas que de dénoncer l’inculture crasse d’une grande majorité de journalistes ? Et ce n’est pas juste une affaire de goût personnel. Il y a du sens dans l’œuvre d’art. Et être moderne, c’est justement tenter de rendre accessible ce sens avec le langage d’aujourd’hui, contemporain, moderne. Mais pour ça il faut être réellement artiste, et comprendre que ce n’est pas d’abord un statut social auto ou hétéro-proclamé et subventionné, c’est préalablement une dimension existentielle et donc destinale. La mise en scène stupide d’un Haneke sur Don Giovanni procède de la même logique que la bêtise édifiante et célébrée de Warlikowski qui fait d’Iphigénie en Tauride une histoire débile de maison de retraite. C’est exactement la même fausse culture favorisée par les amitiés politiciennes et les opportunismes médiatiques et commerciaux. Hoffmannsthal, le brillantissime librettiste de Strauss entre autres disait : “L’expression du désespoir d’une époque serait qu’il ne lui paraisse plus valoir la peine de s’occuper du passé”. Croyez-vous qu’Hoffmannsthal aurait confondu business culturel et culture ? Opportunismes carriéristes (de droite et de gauche) avec talent ? Heureusement, de temps en temps, des films comme Babel viennent comme des météorites perforer le système rigidifié du non-sens et faire émerger un peu de lumière, pour que la joie demeure. »


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