Bonjour Robin,
Je fais partie de ces pauvres qui vivent du RSA et de
quelques contrats précaires d’animations commerciales en grandes
surfaces lorsque l’on veut bien se rappeler de moi mais je ne dois pas
dépasser un nombre d’heures mensuelles sous peine de me voir diminuer
considérablement mes « avantages sociaux » ou même de les voir
disparaitre.
Mais bosser ne me dérange pas bien au contraire.
64
ans, je vis seul par force, sans intégration sociale par manque de fric,
un repas par jour, voire tous les deux jours, j’envoie des CV à tour de
bras mais à chaque entretien la première question que me pose la RH
est : « Quel age avez-vous ? »
Dés lors je sais que l’entretien est
terminé. Les autres questions ne sont que de pure forme. Et pourtant je
crois avoir des connaissance dans beaucoup de domaines et un formation
universitaire B+2 science éco.
J’ai tout essayé ; Intérim, Agence de recrutement internet, pôle emploi, candidature spontanées, rien n’y fait.
Alors,
pour ne pas crever, on se tourne vers ces organismes, CAF, CCAS,
assistance sociale, voire la croix rouge et même l’armée du salut.
Honte,
humiliation, culpabilité, désespoir, solitude, c’est mon quotidien au
contact de ces organismes qui de plus en plus réduisent les aides avec
en dernier lieu paradoxalement la prime d’activité par exemple et avec
la bénédiction de ce gouvernement de nantis qui nous parle de
compétitivité et de coût salarial dans cette Europe qui a permis toutes
les délocalisations possibles.
Je remplis scrupuleusement mes
déclarations de ressources trimestrielles, j’actualise méticuleusement
ma situation chômage chaque 28 du mois et je passe plus de temps sur ma
demande de CMU que je n’en passais sur ma déclaration d’impôt quand
l’époque était prospère.
Je n’allume pas la lumière le soir, je ne me
sers pas des plaques chauffantes qui consomment beaucoup si l’on veut
cuisiner je ne me sers que du micro-onde pour réchauffer les conserves,
je tremble à chaque facture d’électricité qui ne me laisse rien et, pour
compléter le tableaux il est des mois ou je dois choisir entre le
papier toilette et la nourriture.
Les loisirs, néant. Mon piano.
Et
je ne parle pas de ma voiture, une ax de 25 ans qui menace de me lâcher
à chaque déplacement lorsque par miracle j’ai décroché un contrat de
deux jour à 70km de chez moi et que je dois prendre les frais d’essence
sur d’autre postes et comme toujours sur la nourriture.
Je pense que cela va en amuser certains, c’est inévitable. Par définition, le pauvre est con.
Je
touche 461.72 par mois. Essayez de vivre avec ça et je ne fais pas
partie de ceux qui ne veulent pas bosser, non, je suis trop vieux,
simplement.
Je ne cherche pas à me faire plaindre, loin de là, il
suffit de me dire qu’il y a plus malheureux que moi et peu de gens
autour de moi connaisse ma situation dont je ne parle évidemment pas.
Merci Robin de votre article qui m’a aidé à me lâcher un peu.
J’ajoute, pour conclure que si quelqu’un peut me proposer un job, ce sera avec plaisir et ce dans n’importe quel domaine.