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TDK1 TDK1 9 novembre 2016 16:38

« @Odin Bonjour Odin, Je lis régulièrement vos réactions sur Agoravox et il m’arrive assez souvent de les trouver justes. Vous comprendrez qu’ici je ne puisse être en accord avec vous.
Vous dites que je ne parle pas de la création monétaire. C’est faux, j’en parle, puisque je dis que le rôle de la banque consiste à »générer la monétisation de la croissance économique« . 

Peut être n’avez vous pas bien compris ce que cela veut dire.
Comment, idéalement, se crée la monnaie dans le cadre d’une unité de compte qui est le reflet de l’économie (c’est à dire dans un système où elle n’est plus le reflet de la valorisation d’un stock comme à l’époque de l’étalon or par exemple) ? Le mécanisme est très simple. Vous, entrepreneur, avez identifié une activité qui est susceptible de générer un certain profit et qui nécessite un certain investissement. Vous vous tournez vers une banque afin de solliciter un prêt. Le rôle de la banque (dite bqe commerciale) est d’évaluer la pertinence de votre projet et d’assumer le risque (qu’elle peut ensuite partager avec une ou plusieurs structures dans le cadre d’une assurance, en valeur franche ou par titrisation), pas contrairement à ce que croit la majorité des gens, de vous »prêter« . Le capital, elle va l’emprunter auprès de la banque centrale à un taux, communément appelé »taux directeur« (actuellement + ou - 0%, tiens, vous devriez être content, non ? Comment se fait il que ce soit le bordel, puisque les Etats empruntent actuellement à 0 ?). Mais cet argent n’existe pas. Non non, il n’existe pas. C’est ce qu’on appelle de la monnaie fiduciaire. La Banque centrale crée une ligne fictive de dette au nom de la banque commerciale, ligne qui s’effacera au fur et à mesure des remboursements. La banque centrale aura récupéré plus de monnaie qu’elle n’en aura temporairement crée, qu’elle réinjectera dans le système, la banque qui aura pris son intérêt au passage aura créé une valorisation dont elle se servira à son tour soit sur les marchés soit en investissement, vous aurez créé une valorisation supérieure au coûts d’emprunt que vous investirez ou dépenserez. 
Donc la création monétaire est théoriquement, dans une économie saine, le résultat de la croissance de cette économie. Elle est pervertie par deux facteurs. La spéculation et l’interventionnisme étatique. 

Vous évoquez pour votre part le rôle de l’interventionnisme étatique. Vous affirmez, comme un certain nombre de personnes, que si la Bdf prêtait directement à taux zéro à l’Etat, celui-ci ne serait pas endetté. Et vous mettez un lien un graphique de Jorion. 
1) Le graphique que vous présentez est faux car son auteur devrait, au moins par honnêteté intellectuelle, ajouter la ligne correspondant à la valeur du cours de la monnaie. En effet, vous verriez que son auteur sous entend qu’il serait »normal« que la dette de l’Etat se dévalorise en valeur constante, car qui dit taux zéro, dit en réalité taux négatif en valeur constante. Qui paie la différence ? 
2) Si la banque centrale prête de l’argent gratuitement à l’Etat et avec intérêt aux autres acteurs de la Nation, cela crée des disparités de fonctionnement, disparités préjudiciables au secteur de l’économie productive (seul créateur de richesses, ne l’oublions pas...) donc au développement économique de la zone. Cela crée des disparités quant à la création monétaire qui ne se fait pas. Pour compenser, on crée artificiellement de la monnaie que l’Etat injecte où bon lui semble (prestations sociales, emplois aidés, logements, primes diverses...) qui ne font de déséquilibrer encore plus la mécanique économique.
3) Lorsque possibilité est laissée aux politiques d’avoir accès à de l’emprunt à un taux inférieur au taux »normalement« coté, ils s’empressent, ils se ruent (cf les Etats que nos voisins allemands appellent le »club med« qui, dès qu’ils ont eu accès aux emprunts de la BCE garantis par les autres pays européens, donc à taux inférieurs à ceux auxquels ils auraient normalement dus avoir droit, se sont sur endettés. Le principe selon lequel les Etats ne peuvent avoir accès au taux zéro est théoriquement un principe régulateur. Ce principe régulateur n’a fonctionné que temps que les élus étaient un tant soit peu honnêtes et conscients. Nous avons désormais, avec l’accès aux fonctions de gens peu instruits et non éduqués, des pourritures démagogiques dont la logique est »après moi le déluge" et qui n’hésitent pas endetter les structures, partant du principe que ce seront les suivants qui paieront. Si donc ces zélus avaient eu accès aux taux zéro, croyez bien cher Monsieur que l’endettement seraient soit identique soit pire.....
4) L’élément essentiel. Le volume emprunté importe moins que l’objet de l’emprunt. Si la France empruntait les montants qu’elle emprunte aujourd’hui pour créer des infrastructures, même si elle payait pour cela des taux d’intérêt (c’est marrant d’écrire cela aujourd’hui, jour de l’élection de trump, car les Américains, qui sont beaucoup moins ignares que les Français en matière économique ont justement choisi un candidat qui s’engage à investir autant que sa concurrente, mais dans des infrastructures quand l’autre parlait de dépenser dans des prestations sociales... comme quoi !), cela n’aurait aucune importance. Des canaux, des voies de chemin de fer, des prisons, des hopitaux, des réseaux cablés, des filets de satellites, des écoles, des serveurs géants.... tout cela génère de l’activité (simplifie, sécurise l’activité) donc est source de création de richesses. Emprunter pour payer des retraites, des fonctionnaires, des élus ou des emplois aidés, c’est suicidaire. Savez vous que actuellement, oui, actuellement, avec le 0% d’intérêt aujourd’hui pratiqué, l’Etat français emprunte 32% de ses recettes pour boucler son BUDGET DE FONCTIONNEMENT ? Je ne vous parle pas d’investissement, mais de fonctionnement. Je ne vous parle pas de rapport de l’emprunt sur le PIB, car nous ne sommes pas en Urss (pas encore tout à fait) et l’ensemble de l’activité économique n’appartient pas à l’Etat. Je parle du budget de fonctionnement de l’Etat. Il a des dépenses, il des recettes. Tous les ans, pour faire face à ses dépenses, ils est contraint d’emprunter entre 30 et 33% du montant de ses recettes.... Imaginez que vous soyez vous même dans cette situation, combien de temps tiendriez vous ? 
Vous voyez que le fond du problème n’a rien à voir avec les intérêts ou pas les intérêts. Le fond du problème se situe quant à la nature de la dette, à l’objet de la dette. Tout ce qui peut servir à freiner la boulimie d’emprunt des élus est bon pour le pays, bon pour la Nation, bon pour le peuple, qui, au bout du compte, finit toujours d’une manière ou d’une autre par être le cochon payant. 

Vous me trouvez affligeant ? C’est dommage car je pose les problèmes de fond, ceux, les seuls, qui permettent de trouver les vraies solutions, les solutions structurelles. Prendre le prétexte d’une loi conjoncturelle pour essayer d’expliquer un problème structurel me fait penser à quelqu’un qui rendrait responsable un arbre qui aurait démoli sa maison à l’occasion d’une tempête. Ce n’est pas l’arbre qui a démoli la maison, l’arbre n’a été que l’instrument d’un mouvement, la tempête. Il en est de même de la loi que vous évoquez. 

Cordialement,

Thibault Doidy de Kerguelen


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