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En réponse à :


xana 9 janvier 2017 19:20

@Goda
(Décidément ce soir je me lâche, il est vrai que le sujet m’intéresse)

Je pense pouvoir apporter des éléments de réponse à votre question.

D’abord, comme discuté plus haut, le nomadisme est marginal chez les Tsiganes, en tous cas dans les pays de l’Est. Il me semble que les tribus revendiquant ce mode de vie sont plutôt implantéees en Occident. Je ne sais pas comment ces gens-là se définissent.

En tous cas l’immense majorité des Tsiganes dans les pays de l’Est sont sédentaires, certains seulement depuis l’ère communiste. Je n’ai pas entendu parler de tsiganes sédentarisés qui aient ensuite repris la route, du moins en Roumanie.
Dans les pays de l’Est, les Tsiganes ne s’identifient donc pas comme « nomades ». Ils s’identifient comme membres d’une famille parfois compliquée, comme membres de l’une des tribus tsiganes, et - nettement plus accessoirement - comme citoyens du pays où ils habitent, mais dans ce cas comme des citoyens de seconde zone, mal vus, exploités et persécutés par les autres citoyens, mal protégés par les lois.
Pour beaucoup d’entr’eux cette différence de qualité comme citoyen justifie un comportement marginal, voire délinquant.

Ces Tsiganes pourraient-ils s’assimiler ? Contrairement à une idée répandue en Occident, je pense que nombre d’entre eux accepteraient volontiers si un magicien leur proposait de leur faire le coup de Cendrillon, leur donnant d’un coup l’aspect et les manières d’un gadjé, à eux et à leurs enfants. Et de quoi vivre sans mendier ni voler. Mais il n’y a plus de magiciens...
En ville surtout, et surtout grâce à la possession d’une carte de membre du Parti, certains ont réussi à se fondre dans la population. Ils ont changé de nom, « oublié » leurs origines. Mais ce n’est pas facile, leur « faciès », leur manque de culture, leur vocabulaire etc les trahissent. De plus leur famille ne les laisse pas échapper, ou alors elle s’empresse de les parasiter.
Le mariage interethnique existe, mais il ne permet pas aux Tsiganes d’espérer mieux que de convoler avec les plus misérables. Pas de progrès de statut donc, au moins avant plusieurs générations.

Y a-t’il des Tsiganes fiers de l’être ? Certainement, mais nous n’en savons rien. Dans tous les peuples il y a des gens orgueilleux et des gens humbles. La vie écrase les uns comme les autres, seuls les plus chanceux en réchappent indépendamment de leur mérite. Si certains grands artistes tsiganes ont pu devenir célèbres, si d’autres jouissent d’une grande réputation localement, si des gros traficants se font construire des palais inutiles dont se gaussent voisins et passants, le plus gros problème pour que les Tsiganes puissent se revaloriser en tant que peuple reste l’absence d’une culture propre (sauf dans le domaine de la musique et quelques petits métiers). Aussi la réussite personnelle est-elle souvent le seul motif de fierté pour ce peuple perpétuellement humilié.
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