@Dom66
J’ai
beaucoup réfléchi à ce que vous écrivez, qui est surprenant à
bien des égards. Vous prétendez avoir vécu à Madagascar au moment
des massacres, certes vous deviez avoir 4 ans et ne pouvez guère
vous en souvenir, mais dans les années suivantes vous viviez dans le
même pays qui avait vu grandir les tensions qui avaient menées à
l’insurrection, dans une situation qui n’avait pas changé. Il est
curieux que vous n’ayez rien senti de tout cela.
Mais
peut-être cela peut-il s’expliquer, car les locaux qui partageaient
l’existence des colons n’étaient pas n’importe qui, mais les
notables qui collaboraient avec ces derniers et en profitaient. Les
écoles que vous fréquentiez travaillaient à former des élites
cadres et des administrateurs non pour le bien de Madagascar, mais
pour celui de la France. Les seuls Malgaches qui en profitaient
étaient en effet ceux-là, les collaborateurs, ceux qui envoyaient
leurs enfants à ces classes afin de leur permettre d’apprendre
comment profiter de leur pays et de son peuple, avec l’aide du
colonisateur. Les mêmes, en fait qui ont continué à perpétuer ce
système après la supposée décolonisation. Ce qu’on appelle le
néo-colonialisme, qui est bien responsable du sous-développement
maintenu, et a été prégnant en Françafrique durant très
longtemps, et n’a pas encore disparu, même s’il montre des signes de
fatigue.
Et
il y a pas mal de choses à préciser. Non, les pays d’Afrique ne se
sont pas appauvris après la soit-disante décolonisation, et leur
situation ne s’est pas dégradée, au pire elle est restée la même,
tant économiquement que politiquement. Si celle-ci a stagné, suite
à une colonisation qui ne les avait développés en rien, et même
souvent appauvris et avait dissous leurs structures sociales, c’est
bien à cause de ces élites inféodées à la France, les mêmes en
fait, qui ont perpétué les structures de pillage au profit de la
France, sous la supervision de cette dernière. Hélas, les autorités
coloniales n’ont pas laissé les colonisés "sans outils pour
comprendre comment survivre dans la modernité", bien au
contraire ! Ce n’est que maintenant qu’on voit enfin se dessiner une
croissance forte dans l’Afrique « ex »-française, après
hélas des désastres écologiques sponsorisés par les
multinationales néo-colonialistes. Maintenant que l’étau de la
Françafrique se desserre un peu, alors que l’Afrique anglophone,
ainsi que l’Inde, a accroché le train du développement depuis plus
longtemps.