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poetiste poetiste 4 mai 2007 08:37

Les sens des choses.

Etre d’un parti, particulièrement de droite, c’est prendre position comme on acquiert une propriété et qu’on y inscrit à l’entrée sur une pancarte : propriété privée, défense d’entrer. L’homme défend son territoire au même titre que l’animal, c’est-à-dire qu’il agit selon son instinct de conservation. Un chat pisse à certains endroits pour délimiter son espace, le reconnaître et le défendre, c’est aussi simple que ça. Dans le cadre d’une dictature, l’homme de droite est à l’aise, son avoir est toujours défendu donc : peu de différence entre l’homme de droite en démocratie et l’homme de droite en dictature ; tous deux défendent une caste avec comme idée de fond cette préservation de leurs intérêts matériels. La dictature a au moins l’avantage de la clarté en ce qui concerne l’acceptation de ce principe instinctif primitif : l’homme y exploite l’homme sans hypocrisie ; la loi de la jungle est admise, la dictature est le garant des privilèges. En démocratie, par contre, on a de grandes idées qui viennent tenter d’occulter le principe animal ; on a l’obligation de le déguiser en toutes sortes de bonnes intentions qui seraient de l’intérêt collectif. Il résulte de cela que, en démocratie, de petites gens qui n’ont pas décelé ce principe de base votent à droite comme on acclame un dictateur. La démocratie censée être la moins mauvaise formule de gouvernement, perd ses valeurs fondamentales, dans une confusion des genres où il est bien difficile de dénouer l’écheveau de ses intrigues. De la révolution française sont nées des velléités de construire un monde plus juste. Qui dépasse son instinct de propriété pour défendre ce monde ? Qui a la vocation de défendre les droits de l’homme quitte à donner de soi-même, quitte à en souffrir ? La confusion est telle que c’est un homme de droite, candidat à la présidence de la République qui prétend faire croire à cette ascèse de son côté. Etre de gauche, ce serait s’inscrire a contrario de cet esprit de caste des possédants mais à la vérité, la gauche n’est pas l’antidote de la droite car les espaces défendus en son sein sont du ressort d’intentions également bien trop subjectives pour changer les choses. La gauche est censée donner espoir aux petites gens mais son mimétisme à droite les déçoit quand elle est aux rennes du pouvoir. Le problème, c’est que primordialement, tout homme est de droite et qu’il y a un effort à faire pour être de gauche. A ce stade, on peut comprendre l’ambiguïté des mots « droite » et « gauche ». Ces mots eux-mêmes sont accaparés par deux clans qui ont des pulsions et des comportements similaires. On peut se tromper de voter à gauche comme de voter à droite et c’est bien ce qui se passe en France depuis plus de quarante ans. Si la gauche avait la volonté ferme de partage et de générosité, ça se saurait. Je ne sache pas que ce parti ait pris des dispositions radicales pour éradiquer l’exclusion dans les décennies passées. Un homme typiquement de droite vient à parler de Jaurès et de Blum, voilà bien le surréalisme du jeu politique et la confusion qu’il peut engendrer dans les esprits. Paradoxalement ces amalgames viennent renforcer l’esprit binaire, la dichotomie française. Ceux de gauche ont le sentiment d’avoir été spoliés quand le candidat de droite a osé évoquer les noms de Jaurès et Blum. On est bien dans le cadre d’une religion avec l’interdiction de toucher à la chose sacrée. Il n’y a donc pas que les biens mais aussi les idées qu’il est convenu de s’approprier. Il faut dire que les idées sont souvent la promesse de biens à plus ou moins long terme dans la vie politique ; l’instinct de propriété a de ces subtilités là. La France se noie dans des malentendus de toutes sortes, ses ressortissants se raidissent sur leurs positions. On en est au point de confondre trahison et rassemblement. En politique, les mots ne voulant plus dire grand-chose, on emploie les mêmes d’un côté et de l’autre et l’on se conspue en croyant raison garder. Personne ne s’assoit à la table du partage dans le jeu de la véhémence des mots qui nous rappellent une vieille haine tribale de l’homme contre l’homme. La table des débats est toujours celle de deux monologues. Au pays de Descartes, c’est navrant. Le bon sens n’est pas la chose la mieux partagée. Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut plus parce qu’il ne peut plus entendre, trop raidit sur son particularisme. Puisse la France se recentrer... sur elle-même !


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