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Icks PEY Icks PEY 8 juin 2007 14:19

@ Leon

« Faut-il des impôts » : mais tout à fait, il faut des impôts.

Je crois que notre désaccord provient du fait que vous pensez que les successions sont « antidémocratiques. Je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce que vous écrivez : »antidémocratique« . J’avoue ne pas comprendre ce qu’il y a d’antidémocratique dans le fait de léguer un patrimoine à ses enfants. Sans doute vouliez-vous dire »inégalitaire" ?

Ensuite, vous parlez de la valeur travail et vous mettez en opposition travail et héritage. Mais, cela ne s’oppose pas. Vous voulez absolument vous attacher à l’individu en tant que tel, alors forcément, le fait que certaines individus soient potentiellement millionnaires dès la naissance, cela vous défrise, et honnêtement, je peux concevoir qu’on puisse le penser. Car moi aussi, je l’ai pensé à une époque de ma vie. Mais maintenant que j’ai atteint un certain niveau de patrimoine (raisonnable, rassurez vous, je ne paie pas encore l’ISF, mais j’espère bien que cela changera tôt ou tard !) et bien il me plait de savoir que le fruit de MON travail ira profiter à MES enfants.

Permettez moi de reprendre vos propres arguments, mais dans mon sens à moi : la notion de patrimoine à transmettre est intimement complémentaire à celle du travail, car le patrimoine est la résultante du travail. Pour mes enfants, leur patrimoine sera sans doute le fruit du travail de leur aïeul, et alors ? Avec votre raisonnement à vous qui consisterait, dans l’absolu, à dire que les droits de successions permettent de niveler les patrimoines, cela signifie, au contraire de ce que vous dites, que le travail perd tout son sens. Car le principe même de la finalité du travail, c’est d’épargner pour constituer un patrimoine. Et quel est l’intérêt de se constituer un patrimoine si ce n’est dans l’objectif de le transmettre à ses enfants qui tenteront d’en faire de même à leur tour ? Si je sais que je ne pourrai rien transmettre ou si peu, à quoi cela sert-il que je travaille autant ? Autant avoir une vie de jouisseur, alors. C’est cela ce que vous proposez comme société ? Une société de jouisseurs qui ne travaillent que pour rejouir encore ? Croyez vous que cela fera une société plus généreuse pour autant ?

En fait, vous avez une visio individualiste du patrimoine, ce qui, pour un gars de gauche, ne m’étonne pas, mais ce dont vous ne vous rendez pas compte, c’est que la notion même de patrimoine dépasse chaque individu : il concerne une lignée, une ascendance. Autrement dit, vous n’êtes que le maillon d’une chaîne.

Permettez moi de prendre exemple sur une demeure familiale. Sans pour autant vous convaincre, peut-être cela vous fera-t-il toucher du doigt cette notion de patrimoine « transgénérationnel » sur laquelle je souhaite attirer votre attention.

Une demeure familiale ne vous appartient jamais : elle vous a été transmise par votre prédécesseur avec cette mission implicite de l’entretenir, de l’améliorer, si possible et de la transmettre à votre tour. La notion de patrimoine est comparable à celle du témoin que les relayeurs du 4 x 100 mètres se passent : vous n’êtes qu’un dépositaire temporaire. Vous ne détenez un bien que parce que d’autres avant vous ont su vous le transmettre. C’est cela la notion de patrimoine et donc d’héritage.

Et bien, ce qui était valable pour les maisons à une époque de notre histoire, s’est transféré au monde de l’argent, modernité oblige. Un patrimoine n’appartient jamais à celui qui le possède : il n’en est que l’usufruitier et il ne devrait ne se comporter que comme usufruitier et jamais comme propriétaire mais cela, c’est un autre débat.

Tout cela pour dire que le patrimoine est toujours le fruit du travail de quelqu’un (sauf pour les gagnants du Loto, mais l’expérience prouve que dans beaucou de cas, ces imbéciles heureux brûlent l’essentiel de leur pognon en moins de temps qu’il ne faut pour le dire) et que ce quelqu’un dispose d’un droit naturel et évident de transmettre le fruit de son travail à ceux qui lui sont proches. Autrement dit, la transmission de mon patrimoine est une extension légitime (extension post-mortem, en quelque sorte) de mon droit de propriété.

Vous comprendrez (mais je vous laisse le soin de ne pas adhérer) que dans cette philosophie là, tout prélèvement obligatoire vient déséquilibrer ce passage de relais dont je parlais à l’instant.

Icks PEY


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