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clelia 2 août 2007 14:38

C’est tout un orgueil colonial et placide qui préside à l’obligation tacite pour la planète entière de s’exprimer soit en anglais, soit en français. en ce qui concerne nos ex colonisés, il s’agit là simplement de survie presque quotidienne, et, à une lointaine époque où je me balladais dans le monde, en Orient ou en Asie, j’étais toujours estomaquée, par la brillante capacité d’adaptation des mômes qui s’accrochent à toi, et qui passent de l’anglais au français, à la seconde même, et qui vont jusqu’à baragouiner de l’allemand, ou de l’italien, à la tête du client ( touriste)

J’ai été quelque temps bénévole en france dans une association d’alphabetisation et de lutte contre l’illettrisme, ( vous savez, ces français, qui peinent à lire et à écrire ) Les chiffres sont abherrants, je ne suis pas du genre à m’en rappeler, c’était il y a longtemps, les nouveaux outils d’évaluation venaient juste de naître, complétant les statistiques de l’armée,qui ne concernaient bien évidemment qu’un certain ratio de la population française. Etant dans une zone excessivement rurale, ( Deux Sèvres ) des illetrés dépistés nous arrivaient constamment, de 16 ans à 55 ans alors que nos publics issus de l’immigration maitrisaient parfaitement leurs propres langues écrites. Bien sur que le travail n’était pas du tout le même, et il y avait pas mal de démission chez nos français, qui s’estimaient bafoués, devant l’aisance des expatriés à tracer des lettres magnifiques. C’était l’époque, ou chacun pouvait nous apprendre à lire et à écrire une phrase de son choix, dans sa propre langue. Nous étions une poignée à nous réjouir de savoir écrire « Allah est grand et grand est son prophète » pour ne citer que cette phrase par exemple. Nous étions tous très fiers les uns des autres. C’était il y a bien longtemps. Le discours qui nous amenait dans cette association était focalisé sur le présent et le futur, sur le partage du futur. Il s’agissait par exemple d’investir l’ANPE toute une journée, d’en rencontrer tous les rouages, pour à la fin de la journée, se sentir vraiment en pays conquis. Et il en allait ainsi dans toutes sortes de contextes, dans lesquels les étrangers bien sur, mais beaucoup de français aussi se sentaient complètement mal à l’aise. Nous repartions avec des centaines de formulaires à remplir, ( nous étions une association disposant de très peu de moyens) petit à petit sur la quantité et la diversité, tout le monde se rendait plus ou moins compte que c’était toujours plus ou moins la meme chose, et certaines personnes sensibles ( qui avaient par exemple des palpitations à la simple vue d’un formulaire à remplir ) s’en sont trouvées entièrement guéries. Ouh la la ! j’écris depuis un certain temps déjà, et je suis obligée de vous quitter impromptu, je vous prie d’accepter mes excuses, mais en toute humilité, il n’y avait là qu’une rêverie une certaine nostalgie qui ne fera avancer aucun débat de toutes façons, mais j’ai été très touchée, par la dimension de votre article, il m’a ramené aux « identités meurtrières »d’Amin Maalouf, et au respect des uns et des autres qui est toujours à construire.


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