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omar omar 6 août 2007 18:46

Voici un peu de lecture histoire de rétablir un peu la vérité sur la situation des touaregs qui n’ont attendu ni kadafi ni sarkosy pour se rebeller. Malgré la qualité de l’article de l’auteur, sa réduction de la dimension touarègue à un simple facteur de déstabilisation est un déni supplémentaire de leur existence, comme s’il suffisait de fermer les yeux et d’imaginer que ce peuple n’existe pas, alors qu’il vit sur sa terre ancestrale depuis toujours, malgré la préfabrication des frontières de façon tout à fait ignoble de la part de l’ancien colonisateur que vous savez. Mais comme tout le monde est pret à penser que la colonisation génère des bienfaits, cela facilite l’évacuation de ce genre de problème.

Le conflit touareg au Niger et au Mali : les germes de la crise

Menacé dans son existence, le Peuple touareg vit actuellement la période la plus dramatique de son histoire. Sa révolte, impitoyablement réprimée au Niger et au Mali, est la conséquence de décennies de mépris, de violences et d’injustices de la part des autorités de Niamey et Bamako.

Avant la colonisation, le peuple touareg fondait son organisation politique sur un système de confédérations qui permettait une gestion rationnelle de son immense territoire.

Sur le plan économique, le contrôle du commerce caravanier transsaharien, et les échanges avec les autres ethnies, se traduisaient par une complémentarité dans le respect de certains équilibres. Comme partout, ces équilibres étaient basés essentiellement sur les rapports de force du moment, non seulement entre les Touaregs et les autres ethnies de la région, mais aussi entre les différentes confédérations touarègues.

Cette situation a duré jusqu’à l’arrivée de la colonisation. La pénétration coloniale s’est heurtée, en régions touarègues, à la résistance des hommes comme Kaoussen dans l’Aïr et Fihroun dans l’Azawagh, qui ont su organiser des véritables armées contre un envahisseur qui disposait pourtant d’un armement autrement performant. Il a fallu pratiquement trente ans à l’administration coloniale pour étendre son autorité sur l’ensemble du “pays touareg”.

Le premier souci de cette nouvelle administration a été de “casser” les confédérations touarègues et de les transformer en une multitude de petites chefferies plus dociles.

L’instauration d’un impôt sur les personnes et le bétail a été le symbole de domination le plus durement ressenti par l’ensemble des populations touarègues.

A l’issue de cette période, la France décide de faire de ses territoires coloniaux, des pays indépendants auxquels elle intègre l’espace touareg qui est ainsi morcelé entre de nouvelles entités dont les dirigeants ne sont autres que les commis de l’administration coloniale. Les Touaregs, malgré plusieurs protestations contre ce fait accompli, deviennent maliens, Algériens, nigériens...

La majorité du peuple touareg se retrouve ainsi au Mali et au Niger avec une mosaïque d’autres ethnies. C’est au sein de ces ethnies que la France choisira de nommer les dirigeants des nouveaux États. Ceux-ci ne pouvaient que continuer l’oeuvre de l’administration coloniale en pays touaregs, avec souvent plus de brutalité. Ce qui fera regretter à certains Touaregs... la période coloniale.

Depuis les indépendances du Mali et du Niger, les Touaregs vivent une autre forme de colonisation qui se traduit par une discrimination systématique à tous les niveaux de la vie des deux pays.

En 1963, une première révolte touarègue au Mali, avait été noyée dans le sang par le gouvernement de l’époque. Cette répression avait fait des milliers de morts parmi la population civile touarègue.

Les sécheresses de 1973 et 1974 ayant décimé la presque totalité de leur cheptel, beaucoup de Touaregs se sont retrouvés ou dans des bidonvilles autour des centres urbains, ou sont partis en exil essentiellement vers l’Algérie, la Libye, et le Nigéria.

Les années 1980 ont été marquées au Niger par la dictature de Seyni Kountché, dont la police politique s’était montrée particulièrement active dans les régions touarègues. “La décrispation” prônée par son successeur 1987 fut accueillie avec soulagement par la communauté touarègue. Malheureusement, cet espoir ne durera pas longtemps. Les massacres de Tchin-Tabaraden en mai et juin 1990 sont venus plonger le peuple touareg dans la crise la plus grave de son histoire récente.

Le Mali des années 1970 et 1980 a choisi d’ignorer “sa” communauté touarègue. L’État et ses institutions ont fonctionné comme si la composante touarègue du pays n’existait pas. Les Touaregs, relégués au statut de citoyens de seconde zone, avaient le choix entre périr dans leur “désert inutile” ou clochardiser dans les grandes villes.

L’exaspération née de cette situation, et surtout le désespoir de se voir enfin considérés comme des citoyens à part entière, amenèrent certains groupes de Touaregs à entrer en résistance armée contre les autorités centrales du Mali et du Niger. Cette résistance est née après le massacre de plus d’un millier de civils touaregs à Tchin-Tabaraden, au Niger, en mai et juin 1990.


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