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Reinette Reinette 23 août 2007 16:54

EMPLÂTRE HUMANITAIRE SUR CASQUE COLONIAL

Personnalité politique souvent en tête des opinions favorables, Bernard KOUCHNER, le nouveau locataire du Quai d’Orsay, a démarré ses aventures en 1969, en pleine guerre du Biafra. Depuis, il a toujours su garder la pose et le faux-nez humanitaires.

(EN 1969, LE TERRITOIRE BIAFRAIS, province sécessionniste du Nigeria, est au coeur de gigantesques gisements pétroliers. La situation de guerre civile donne des idées à Jacques Foccart, le stratège du général De Gaulle, qui soutient déjà matériellement les indépendantistes. Son but est simple : encourager la partition du Nigeria et ouvrir un boulevard au groupe pétrolier français Elf [1]. Mercenaires, fonds secrets, agitation diplomatique, toute la panoplie des réseaux de la Françafrique est déployée pour soutenir l’effort de guerre. Reste à bluffer l’opinion publique. Le colonel Maurice Robert, alors responsable Afrique du SDECE, s’est laissé aller à quelques confidences : « Ce que tout le monde ne sait pas [sic], c’est que le terme de “génocide” appliqué à cette affaire du Biafra a été lancé par les services [secrets]. Nous voulions un mot choc pour sensibiliser l’opinion. » [2].)

C’EST LA que l’ancien étudiant communiste Bernard Kouchner, venu sur place à l’appel de la Croix-Rouge et du Secours médical français, va initier sa légende médiatique en créant le « Comité de lutte contre le génocide du Biafra », au sein duquel il enrôle nombre d’intellos. Les images des enfants biafrais faméliques bouleversent les téléspectateurs. Le Biafra devient cause nationale. L’aide afflue, à deux détails près : dans les cargaisons de la Croix-Rouge on trouve aussi des armes [3].

UN MILLION de morts plus tard, le soutien militaire français aura prolongé de manière criminelle un conflit perdu d’avance.

KOUCHNER, le french doctor, quant à lui, devient un des pionniers de l’urgence humanitaire et participe l’année suivante à la fondation de Médecins sans frontières. « Il n’y a pas de bons et de mauvais morts » devient l’antienne imparable de la bonne conscience occidentale, sans que se pose jamais la question de « qui arme qui ? ».

[1] F-X.Verschave, La Françafrique, Stock, 1998, chap. 4, « Biafra pétrolo-humanitaire ».

[2] Ministre de l’Afrique, entretiens avec André Renault, Éd. Seuil, p.180.

[3] La Françafrique, op. cit. pp. 149-150.


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