• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


ddacoudre ddacoudre 6 octobre 2007 10:46

Bonjour philipakos.

Intéressant ton article. Je m’étais penché sur le sujet comme tant d’autre avant moi, je te joins mes commentaires de l’époque. La situation a du légèrement évolué, sur le comportement des français je te conseille un excellent ouvrage d’un sociologue Gérard Mermet qui édite tous les deux ans un livre qui se nomme Francoscopie. Il est bien évidant que ce type de lecture induit un certain nombre d’analyses qui se retrouvent dans tous les débats et nous pouvons même voir les politiques s’y soumettre.

Ainsi, sur une courte période de quelque 30 ans, la qualité du savoir-faire délivré par les revues spécialisées d’informations et autres sur le bricolage a évolué. Le bricolage est devenu une activité de loisir et de « faire soi-même », incité en cela, par la disparition de certaines tâches non rentables des métiers de la réparation ou par simple souci d’économie (voire de certain métier qui se sont raréfiés), en même temps que par l’individualisation et l’aménagement de l’habitat, et la production de biens de séries et du jetable, ainsi que des productions de masse réalisé dans des États pauvres. Aujourd’hui, il y a 60% des français qui bricolent, contre 45% en 1969. Dans ce seul secteur, la dépense par personne atteint 244 Euros (1600 f), le jardinage 213,50 Euros (1400 f), et le bricolage automobile 396 Euros (2600 f) par ménage motorisé. Ces quelques chiffres montrent à l’évidence que le marché du loisir se porte bien.

Mais qu’en est-il du marché de la Connaissance et du Savoir, le marché de la culture.

20 - Le savoir se vend mal sauf parmi ceux qui le possèdent, mais la culture populaire enrichit leurs protagonistes. Elle est l’objet de débats, dans lesquels il faut un décodeur qui existe en kit et en pièces détachées dans le magasin de la méconnaissance

Le savoir se vend mal sauf parmi ceux qui le possèdent...

Si on regarde à partir de l’exemple ci-dessus, le développement de l’enseignement complémentaire auxquels actuellement les adultes s’adonnent, cet enseignement, mis en parallèle à celui du loisir, en est au stade embryonnaire du bricolage. Cela, parce que chacun se cultive à sa convenance dans le « marché » de la culture existant, et que la part correspondant à un apport de Savoir, dans ce marché, est minime.

Cet apport de savoir complémentaire se fait essentiellement au travers de la lecture. Il faut donc à la fois examiner et trier la part qui conduit à une accumulation de savoir, ceci par rapport à la culture ludique, quand les deux ne sont pas cumulés comme beaucoup d’ouvrages, ou le ludique permet de réaliser la vulgarisation de sciences dures, ou qu’il vient en complément pédagogique de l’enseignement traditionnel.

Je ne veux pas dire par-là que j’écarte l’activité ludique comme moyen d’enseignement, ni l’utilité des ouvrages purement « récréatifs », (s’ils existent c’est que leur usage correspond à un désir exprimé) ; mais je ne les retiens pas comme constituant un apport de connaissances correspondant à une acquisition de savoir. Je reconnais par ailleurs que mon analyse est arbitraire, car des ouvrages « récréatifs » sont parfois des supports à un enseignement, et j’ai à l’esprit des ouvrages de romans ou de sciences-fictions, comme tout un chacun peut en avoir, qui sont conseillés parfois comme référence à lire à l’occasion d’un enseignement littéraire.

Globalement ce sont les gens les plus instruits qui s’adonnent à la lecture, et les achats sont comme je l’indiquais « récréatif ».

En effet, les diplômés de l’enseignement supérieur ont représenté en 1998, 24% de la totalité des achats pour ne représenter que 9% de la population. Les femmes ont effectué 57% de ces achats.

Par ailleurs 51% du total de ces achats sont des ouvrages de littérature générale, pour l’essentiel des romans. Les livres des sciences humaines ne représentent que 5% des achats, les ouvrages de sciences et techniques 3%. Si je peux, à tort ou à raison, considérer que les livres de sciences sont vecteurs de savoir , parce qu’ils permettent d’accéder aux mécanismes du savoir, ils représentent seulement 6,2% des achats pour 9553 titres vendus à 25476 exemplaires, les livres scolaires 17,3% pour 7274 titres vendus à 71209 exemplaires, les livres pour la jeunesse 7697 titres vendus à 70470 exemplaires (chiffres donné par le syndicat national de l’édition en 1999). Néanmoins, les livres sont présents dans 91% des foyers, et les écarts entre catégories sociales demeurent. Les ouvriers et employés ont trois fois moins de livres que les cadres et professions libérales. La dépense par personne toutes catégories confondues représentent 38,1 Euros (250 f) . Nous sommes donc loin des sommes consacrées aux loisirs (858,65 Euros, 5600 f).

Pourtant il y a un autre « marché » celui de la culture populaire, mais le but n’est pas d’éduquer.

... mais la culture populaire enrichit leurs protagonistes...

Si je fais cette distinction, et si j’ai mis entre guillemet le mot marché, c’est parce que nous vivons dans une société où se développe une culture populaire « commercialiste » universaliste qui va du fast-food aux séries télévisées, et films américains (je les cite symboliquement parce que se sont eux qui sont en position hégémonique, ce serait vrai pour tous ceux qui voudraient les supplanter). Cette culture populaire passe également par les multitudes de magazines à caractère informatif, et passera demain par les multimédias interactifs. Elle constitue un espace commercial qui favorise l’acculturation, mais qui ne constitue pas un objet propre au développement du savoir. Cette acculturation nous pouvons soit, la vivre malgré nous au travers de notre culture populaire publicitaire, soit l’accompagner par plus de connaissances didactiques, pour ne pas la subir, parce que nous le comprenons et la comprenons. La culture populaire a toujours était un espace commercial, il n’y a aucune nouveauté en cela. Ce qui l’est, c’est que ce marché dépend de plus en plus de groupes oligarchiques idéologiques anonymes (actionnariat), dont le but est certes de faire de l’argent, mais aussi de maintenir les conditions socio-économiques qui leur sont favorables. Ainsi, la diffusion de masse de la culture populaire devient à tort ou à raison « le fait majoritaire », voire s’universalise par recherche d’extension de son marché. Cela n’a donc rien à voir avec le savoir et la connaissance didactique, bien que dans la culture populaire se trouve l’activité artistique résultant d’un enseignement didactique ou autodidacte. Ce que je veux dire par-là, c’est que si toute la population était mélomane, ces groupes vendraient des mélodies, et ferait tout pour conserver cet esprit mélomane parce qu’il lui rapporte des profits ; si la population est ignorante ils vendront ce qui satisfait cette ignorance. Vendre du loisir ce n’est pas enseigné. Ainsi, même dans la culture populaire se rencontre le problème de la concentration et de son incidence sur le développement de la culture. Également, ce que nous appelons culture sous-entend aussi la possibilité d’élever ses connaissances, de se cultiver, or la culture populaire consiste à fournir une culture qui ne demande aucun effort de compréhension pour ne pas réduire la capacité de commercialisation espérée du produit mis sur le marché correspondant à l’image de la culture qu’il représente. La culture populaire est toujours en rapport avec le niveau de connaissance de la population concernée en fonction de sa propre culture, et ne contient aucun but d’émancipation. J’ai souligné ce passage, et que je le laisse tel quel, car il illustre parfaitement l’ambiguïté des mots aux sens multiples, dont il faudra se départir, quand il s’agira de faire l’usage des découvertes du génome ou celles neurologiques qui ne supporteront aucune ambiguïté. Car il y aura toujours quelqu’un pour nous vendre de la culture populaire pour de la culture didactique.

La culture populaire, c’est aussi apprendre seul chez soi sans aide pédagogique, un marché qui va devenir exponentiel avec Internet, et qui est déjà l’objet de débats autour d’intérêts financiers.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès