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haddock 9 octobre 2007 11:53

La cédille (de l’espagnol cedilla, « petit z ») est un diacritique de l’alphabet latin. Historiquement, la cédille espagnole (et, par extension géographique, portugaise et catalane puis française), ne se plaçait que sous un c provenant, entre autres possibilités, d’un c latin palatalisé. Elle forme alors la lettre ç (« c cédille »), prononcée à l’origine /ts/ puis /s/ (et parfois /z/

Histoire La cédille est un petit z ; en français, on pourrait la nommer zédille. La graphie actuelle est issue de l’écriture gothique médiévale (ʒ). L’utilisation du signe gothique est due aux limitations de l’alphabet latin. Le nom provient de l’espagnol et apparaît au XVIIe siècle, il signifie petit z.

Le phonème /ts/ des langues romanes est issu du c /k/ latin palatalisé puis assibilé. Devant les voyelles qui auraient amené à une prononciation « dure » (/k/ devant a, o et u) on notait le phonème de différentes manières : soit simplement c, ce ou cz (e et z servent alors de lettres diacritiques). ceo doit alors se prononcer /tso/. Cette notation est utilisée dans Cantilène de sainte Eulalie - IXe siècle.

L’écriture wisigothique abrège cette graphie vers le XIe siècle, en Espagne. En suscrivant d’abord le c au z sous sa forme ʒ puis, dans un mouvement inverse, en rendant au c sa pleine taille tandis que ʒ s’est réduit à un signe souscrit. Ainsi, le mot espagnol lancʒa /lantsa/, « lance », en est-il venu à s’écrire lança. L’utilité d’un tel signe ainsi qu’une première volonté de systématisation de la notation de /ts/ a permis l’extension éventuelle (selon les copistes) de la cédille devant les voyelles i et e (çinco, « cinq »). Ce procédé est ensuite considéré comme une forme d’hypercorrection étant donné que la lettre c seule suffit (« cinq » et « çinq » se prononcent de la même façon).

L’usage manuscrit est repris en imprimerie, tout d’abord par les Espagnols et les Portugais, puis imité par l’imprimeur français Geoffroy Tory (ouvrage Champ fleury en 1529, privilège daté du 5 septembre 1526). La cédille sert alors à noter /s/ et non /ts/, le phonème s’est simplifié en français au XIIIe et en castillan entre le XIVe et le XVIe). En français elle n’est conservée que devant les voyelles a, o et u. Tory se justifie dans l’édition qu’il donne de l’Adolescence Clémentine (Clément Marot, 1533) :

« [publiée] auec certains accens notez [notés], [...] [dont un] soubz [sous] le ç quand il tient de la prononciation de le s, ce qui [...] n’a este faict [été fait] au langaige françoys, combien qu’il [bien qu’il] y fust et soyt tres necessaire » Avant lui, les tenants d’une orthographe étymologisante écrivent francoys. Les usages restent au départ fluctuants : dans l’édition des Œuvres poétiques de Louise Labé (Jean de Tournes, 1556), on peut lire, dans la première « Élégie » (orthographe et typographie d’époque, avec s long) :

Ie n’aperçu que ſoudein me vint prendre, Le meſme mal que ie ſoulois reprendre : Qui me perſa d’une telle furie, Qu’encore n’en ſuis apres long tems guerie : La cédille est présente dans aperçu (aperçus dans l’orthographe actuelle) mais absente dans perſa (perça), qu’on a même écrit avec un s pour éviter perca. De là, l’usage du « c à queue » (tel est son premier nom) se répand en France. Mais c’est au XVIIe siècle que son usage devient réellement courant.

En espagnol, son usage est abandonné au XVIIIe siècle (ç étant remplacé par z ou c simple devant e et i) alors que /ts/ s’est simplifié en /s/ entre le XIVe et le XVIe siècle puis en /θ/ au XVIIe. Les autres langues proches (catalan, français, portugais) la conservent néanmoins.

L’introduction (puis le maintien) d’un tel caractère dans l’écriture du français est une manière efficace et consensuelle de régler définitivement le problème de la prononciation ambiguë du c latin. En effet, s’il précède un a, un o ou un u il est prononcé /k/ ; s’il précède une autre voyelle il est prononcé /s/. Ainsi, le signe permet d’éviter de renoncer aux liens avec le passé et préserve la cohérence graphique de la langue en rendant l’écriture moins ambiguë. La présence de la cédille dans un mot ou une forme, garde visible les rapports avec l’étymon et les dérivés ou les autres formes.

Il aurait été possible d’écrire les mots lança et français avec le signe s puisque le phonème /ts/ n’existait plus à l’époque de l’emprunt de la cédille. Le phonème s’était même confondu avec les autres /s/. Mais c’est l’aspect visuel et étymologisant du mot qui s’est imposé. L’écriture *lansa aurait introduit une alternance gênante : *il lansa ils lancèrent. Dans d’autres langues, comme l’espagnol, l’écriture d’un verbe conjugué peut être incohérente : on écrit maintenant lanzar en se « coupant » de l’étymologie latine lanceare, que révélait plus explicitement lançar (mais on la retrouve lors de l’alternance avec lance au subjonctif présent).

Outre le maintien d’une cohérence étymologique visuelle, la cédille permet aussi, dans certains cas, de régler des problèmes d’écriture du son /s/ issu de /k/. Par exemple, reçu, garde un lien avec recevoir, mais, surtout, ne pourrait pas être écrit d’une autre manière : *resu serait lu /rəzy/ et *ressu /resy/. De même pour leçon et d’autres mots dans lesquels un e caduc est suivi du phonème /s/.

Pour d’autres aspects de la question, consulter aussi Cédille en français.

Utilisée comme diacritique détaché de son c, la cédille a été étendue à d’autres lettres à partir du XIXe siècle.

E cédillé paléographique (e caudata) [modifier] On trouve une sorte de cédille sous le e dans les manuscrits médiévaux, usage attesté dès le VIe siècle en onciale. La lettre obtenue est dite e caudata (« e doté d’une queue »). Elle remplace plus ou moins fréquemment le digramme latin ae (écrit souvent æ par ligature, coutume qui s’est étendue par la suite) servant à noter le plus souvent un /ɛ/ ouvert (au départ long, jusqu’à ce que les oppositions de quantité vocalique n’aient plus cours) issu de l’ancienne diphtongue latine /ae̯/ (monophtonguée à partir du IIe siècle avant l’ère chrétienne). L’usage s’est poursuivi, dans les manuscrits, jusqu’au XVIIIe siècle mais n’a pas survécu à l’imprimerie.

Il est notable que cette lettre, qu’on peut représenter ici par ę (avec un ogonek) ou ȩ (avec une cédille), ait été conservée dans la transcription des romanistes alors que c’est le digramme ae (sous la forme liée æ et nommée ash) qui l’a été dans la transcription des langues germaniques (sachant que ę était aussi utilisé dans les manuscrits du vieil anglais en onciale insulaire irlandaise).

Bien qu’on nomme ce signe cédille, c’est un anachronisme : il n’a aucun lien avec un z et il semble plutôt qu’il provienne d’un a souscrit.

Cf. Paléographie et Diacritiques de l’alphabet latin.

Usages actuels [modifier]

En français, catalan et portugais [modifier] Article détaillé : Cédille en français. Çç [s] On utilise en français, catalan et portugais la cédille hispanique sous le c pour noter /s/ devant a, o et u.

En albanais [modifier] Çç [tʃ]. On utilise, dans l’orthographe actuelle de l’albanais, la lettre ç pour noter [ʧ].

En turc [modifier] Çç [tʃ], Şş [ʃ]. Les deux lettres sont utilisées dans l’orthographe du turc depuis la romanisation adoptée le 1er novembre 1928. Elles sont considérées comme des lettres distinctes, classées respectivement après c et s et non comme des variantes de ces dernières. Il est possible que l’utilisation de ç pour [ʧ] soit inspirée par les usages de l’albanais tandis que ş imite l’usage roumain.

En roumain [modifier] Șș (Şş) [ʃ], Țț (Ţţ) ts]. L’orthographe actuelle du roumain, latine et fortement inspirée par celles de l’italien et du français, remonte au XIXe siècle et sa dernière réforme notable date de 1953. On y emploie normalement deux lettres diacritées d’une virgule souscrite.

Les normes ISO 8859-2 et Unicode (entre autres) ayant au départ considéré que la virgule souscrite n’était qu’une variante graphique de la cédille, c’est l’usage de s cédillé qui s’est imposé en informatique, d’autant plus qu’il existe en turc (ce qui permettait de ne créer qu’un jeu de caractères ISO pour ces deux langues). Le t cédillé, cependant, est le plus souvent resté représenté comme un t à virgule souscrite, pour des raisons principalement esthétiques : de fait, les polices actuelles sont le plus souvent dotée d’un s à cédille et d’un t à cédille tracée comme une virgule.

Cédilles et virgules souscritesUnicode distingue maintenant les deux caractères, comme on peut le voir ci-contre, mais les caractères nommés « lettre latine s virgule souscrite » (U+0218 pour la capitale et U+0219 pour la minuscule) et « lettre latine t virgule souscrite » (U+021A et U+021B) sont rarement affichés correctement, « lettre latine s cédille » (U+015E, U+015F) et « lettre latine t cédille » (U+0162, U+0163) s’étant imposés (avec l’incohérence graphique du t qu’on a signalée plus haut dans la majorité des polices). Les formes à virgule restent préférées dans une typographie soignée.

Les deux lettres à virgule (ou cédille) souscrite sont considérées, pour le classement alphabétique, comme des lettres distinctes, classées après s et t.

En letton [modifier] ģĢ [ɟ], ķĶ [c], ļĻ [ʎ], ņŅ [ɲ], ŗŖ [r] Le letton utilise la cédille en forme de « virgule souscrite » pour noter la palatalisation des consonnes /g/, /k/, /l/, /n/ et /r/, que l’on écrit dans ce cas ģ, ķ, ļ, ņ et ŗ. Notez que cette cédille se place au-dessus du g minuscule pour des raisons de lisibilité et qu’elle peut alors prendre plusieurs formes, dont celle d’un guillemet courbe simple, d’une virgule renversée, d’un accent aigu, etc. Pour la capitale G où le problème de lisibilité ne se pose pas, on laisse la cédille au dessous : Ģ.

La prononciation du r et celle du ŗ ne se distinguant plus dans le letton standard, cette dernière lettre a été supprimée de l’orthographe durant les années d’occupation soviétique. Cette réforme de l’orthographe n’a généralement pas été acceptée par les Lettons exilés. À la nouvelle indépendance de la Lettonie en 1991, le ŗ n’a cependant pas été rétabli dans l’orthographe officielle.

En marshallais [modifier] ļĻ /ɫ/, m̧ /mʷ/, ņŅ /ɳ/, o̧ /oː/ Le marshallais (langue malayo-polynésienne parlée dans les Îles Marshall) s’écrit avec un alphabet latin comprenant des lettres à cédille pour le moins surprenantes, l, m n et o, soient ļ, m̧, ņ et o̧. De ces lettres, seuls le l et n existent en tant que caractères précomposés pour Unicode (dans sa version 4). Les autres doivent être composés au moyen de la cédille diacritique sans chasse U+0327. On prendra garde à ne pas coder le o cédille par un o ogonek, ǫ.

D’après une grammaire fondamentale accessible en ligne[1], qui reste peu précise quant à la valeur phonétique des lettres à cédille, ļ correspondrait à /ɫ/, m̧ à /mʷ/ (/m/ labialisé), ņ à /ɳ/ (/n/ rétroflexe et o̧ à une sorte de /oː/ (/o/ long). Ces informations ne sont cependant pas confirmées par un article consacré à la phonologie de cette langue[2], qui ne mentionne pas l’orthographe actuelle : par exemple, aucune consonne nasale bilabiale labialisée n’est recensée, aucune rétroflexe non plus qu’une quantité vocalique pertinente pour les voyelles.

Transcription en ASCII et ISO 646 [modifier] L’ASCII de base (version américaine de la norme ISO 646 codant les caractères de 0 à 127) ne contient pas de lettre avec diacritique. À l’époque où c’était souvent la seule page de code disponible, certains simulaient la cédille en plaçant une virgule derrière la lettre : par exemple, ils écrivaient « c,a » pour « ça ».

Toutefois, les variantes nationales de l’ISO 646 utilisent les quelques positions non invariantes de l’ISO 646 pour y placer des ponctuations et lettres diacritées supplémentaires :

Ainsi la version française [3] (norme NF Z 62010-1982, déposée à l’ECMA par l’AFNOR) de l’ISO 646 code le c cédille en 124, en lieu et place du caractère | codé dans la version américaine. La version française plus ancienne [4] (norme NF Z 62010-1973, périmée depuis 1985) de l’ISO 646 imposait l’usage du caractère de contrôle retour arrière (BS, codé 8) pour superposer les caractères et simuler l’ajout d’un diacritique sauf sur les lettres diacritées déjà codées dans la variante nationale de l’ISO 646 ; ainsi, la cédille pouvait être codée < BS ; virgule > après un C majuscule. Les versions pour l’espagnol [5], le catalan et le basque (enregistrées à l’ECMA par IBM ou Olivetti) de l’ISO 646 code les c cédille majuscule et minuscule en 93 et 125 respectivement, au lieu des caractères ] et de l’ASCII. Les versions portugaises [6] [7] (enregistrées à l’ECMA par IBM ou par Olivetti) de l’ISO 646 quant à elle code les c cédille majuscule et minuscule en 92 et 124 respectivement, au lieu des caractères \ et | de l’ASCII. La version italienne [8] (enregistrée à l’ECMA par Olivetti) de l’ISO 646 quant à elle code le c cédille minuscule en 92, au lieu du caractère \ de l’ASCII. Les versions française, espagnole, portugaises, allemande [9] (norme DIN 66083), hongroise [10] (norme MSZ 7795/3), norvégienne [11] (norme NS 4551), suédoise [12] (norme SEN 850200 Annexe C), grecque [13] (ancienne norme ELOT de 1984, obsolète depuis 1986) de l’ISO 646 continuent de faire référence à la cédille comme représentation possible de la virgule (toutefois elles ne prescrivent rien au sujet au sujet de cet usage via un caractère de contrôle imposé)

Voilà c ’est dit , wikirousement .


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