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andromede 8 décembre 2007 18:27

Cet article est intéressant. Il a le mérite de bien dérouler les problèmes. La rétention de sureté est quelque chose de fondamentalement nouveau dans notre démocratie. Il y avait les hôpitaux (pour les malades) les prisons (pour les condamnés en audience publique et contradictoire), il y aurait désormais des retenus, à la dangerosité potentielle. Personne ne peut dire de quiconque qu’il n’est pas potentiellement dangereux. Dans l’absolu nous le sommes tous. C’est la perception sociale à un instant donné qui crée la limite de la dangerosité « acceptable ». Un professionnel qui fait une erreur grave peut être dangereux. Un chauffard qui tue 4 personnes dans la voiture d’en face est dangereux. Un harangueur de foule qui incite à la haine est dangereux. Un gangster amateur est sans doute plus dangereux qu’un professionnel. Un mari qui assassine son épouse par jalousie a été dangereux, l’est il encore ? On se focalise aujourd’hui sur les violeurs criminels mais il y a bien d’autres situations objectivement dangereuses qui ne sont pas vécues comme telles au quotidien. Il est impossible de prédire une non dangerosité. On imagine donc très bien ceux qui aujourd’hui seront « retenus » au delà de leur peine, et tous les individus dangereux à qui la loi d’exception ne s’appliquera pas. Comme vient de le dire Badinter, notre société, instrumentalisée à partir d’odieux faits divers qui suscitent la haine et la révolte, abandonne une logique de responsabilité et de liberté, fondement de notre démocratie héritée des Lumières pour une logique de sureté. Les américains qui emprisonnent environ 10 fois plus que nous ont une des sociétés les plus dangereuses qui soit. Y a-t-il aujourd’hui plus de crimes odieux qu’autrefois ? Pourquoi alors avons nous besoin d’écrire en hâte des lois qui ne protègeront pas davantage mais risqueront de devenir un outil de contrôle social majeur (puis politique ?) dans les mains un jour d’un pouvoir totalitaire. Le risque me parait sans commune mesure avec le bénéfice attendu.


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