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29 décembre 2007 11:35

Pendant que nos media « commentaient » la justice tchadienne, ils évitaient de s’appesentir sur certains liens qui lient la France à cette dictature. Il est difficile, en effet, de comprendre le contexte local en faisant abstraction de certains enjeux stratégiques comme le pétrole...

Extraits de l’Article : http://foei.org/fr/publications/link/mining/26case.html

Le 10 octobre 2003, jour de l’inauguration du projet pétrolier et de l’oléoduc Tchad Cameroun, une coalition d’associations de la société civile tchadienne a appelé à une journée de deuil national. Ces associations ont signalé que les revenus du pétrole “ne seront qu’une arme de plus aux mains d’une oligarchie pillarde pour opprimer le peuple tchadien”. Les associations ont dénoncé l’insécurité et l’impunité qui règnent dans le pays, que l’exploitation du pétrole ne fera qu’exacerber.

Le projet d’oléoduc Tchad Cameroun, d’un coût estimé à 3,7 milliards de dollars US, est à ce jour le plus gros investissement privé de l’Afrique subsaharienne, et l’un des plus contestés. Il implique le forage de 300 puits de pétrole dans la région de Doba, dans le Sud du Tchad, et la construction d’un oléoduc de 1070 kilomètres pour transporter le pétrole du Tchad, à travers le Cameroun, jusqu’à un terminal de chargement off-shore dans l’Atlantique. Le tracé de l’oléoduc traverse la forêt humide, les territoires des Pygmées et les principales zones de production de coton et de cultures vivrières. Les déversements de pétrole pourraient avoir un énorme impact sur les moyens de subsistance des gens des lieux, et il a été estimé que des milliers de pêcheurs n’auront plus de travail.

Le projet semblait condamné fin 1999, lorsque deux des compagnies concernées, Shell et TotalFinalElf, se sont retirées du consortium, en raison, du moins en partie, de l’opposition des résidents et des environnementalistes, y compris les membres des Amis de la Terre. Néanmoins, la compagnie principale ExxonMobil (40%) a continué dans le projet, accompagnée maintenant de Chevron basé aux USA (25%) et de la société malaise Petronas (35%).

Le Groupe de la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement ont accordé au projet 200 millions et 120 millions de dollars respectivement. Bien qu’elle ne finance que 4% du coût total, la Banque mondiale est le partenaire le plus important, car sa participation sert au consortium d’assurance contre le risque politique, et permet aux compagnies d’obtenir davantage d’argent sur les marchés de capitaux internationaux. Les banques ont présenté le projet comme une option permettant au Tchad de sortir de son état de pauvreté extrême, et au Cameroun de générer des revenus indispensables

Des ONG des deux pays et de l’extérieur ont demandé sans succès à la Banque mondiale de retarder la décision jusqu’à la réalisation d’une évaluation d’impact environnemental appropriée. Après l’approbation de l’oléoduc, elles ont insisté pour que la Banque tienne compte des effets de la mise en oeuvre du projet sur la société et l’environnement.

Mais il était évident, déjà vers la mi-2002, que le projet semait la misère et la dévastation dans la région. Des milliers de personnes avaient vu leurs terres expropriées, les cultures et la végétation détruites, et les réserves d’eau polluées sans compensation suffisante. Certaines des victimes n’avaient pas du tout été indemnisées, y compris les Pygmées Bakola et Bagyeli des forêts du Cameroun.

Voir suite de l’article : http://foei.org/fr/publications/link/mining/26case.html

Extrait du Raport de la Ligue Internationale des Droits Humains (2000) p 8 :

« Le consortium pétrolier sous-traitera de nombreux marchés à d’autres multinationales. Kellog, Bouygues et Cegelec : stations de pompage et génie civil dans la zone pétrolière. Wilbros et Spie-Capac : installation du pipeline. Sogea/Satom : infrastructures. SDV (Bolloré) : transport et logistique. Corris : télécommunications. Europipe et Salzgitter AG : réalisation du pipeline. Le groupe Bolloré entretient de nombreuses relations d’affaires avec des chefs d’Etat africains tels que Sassou Nguesso et Idriss Déby. Au Cameroun, » L’attribution récente de nombreuses concessions [forestières] et de ventes de coupes a été faite en violation de la réglementation et en contradiction avec les projets financés par les bailleurs de fonds. La concession accordée à la Forestière de Campo/HFC, filiale du Groupe Bolloré Technologies dans la réserve de Campo, gérée par le Fonds pour l’environnement mondial (GEF) et l’aide bilatérale néerlandaise, en est un exemple". La réserve de Campo Ma’an est une zone de biodiversité, créée en compensation du futur passage de l’oléoduc tchado-camerounais. Les groupes Bouygues et Spie-Batignolles (dont Spie-Capac est une filiale) sont mis en cause dans un procès pour corruption dans le cadre de la construction d’un barrage géant au Lesotho... cofinancé par la Banque mondiale. Les montants des pots-de-vins présumés versés par ces sociétés - et bien d’autres - ont été révélés par le journal sud-africain Business Daydu 29 juillet 1999. Europipe (consortium franco-allemand) s’était quant à lui chargé de la fabrication de l’oléoduc soudanais, dont les 1 600 km relient la zone pétrolifère, au Sud du pays, à PortSoudan.


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