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brieli67 31 décembre 2007 19:18

« Ces incidents sont inadmissibles et intolérables »

Quelle est votre réaction suite à l’attitude de la police égyptienne à l’égard des journalistes et photographes français ? Comment peut-on qualifier les tirs de sommation et le bousculement du photographe de l’AFP ?

- Tout d’abord, ces évènements m’inspirent de la sidération. Rien ne justifie des tirs de sommation contre des journalistes. Certes, la police était à cran avec la présence de Nicolas Sarkozy et de Bernard Kouchner mais ce geste reste disproportionné.

La police égyptienne est connue pour être virulente. Elle s’oppose régulièrement aux journalistes étrangers et locaux et on sait qu’elle pratique la torture régulièrement dans tous les commissariats. Tout cela est légitimé.

Pour le journaliste plaqué au sol, au mieux on peut parler de zèle, mais on n’est pas loin de la bavure. Il reste que ces incidents sont inadmissibles et intolérables, même si l’on est inquiet et à cran. Des tirs de sommations, une mise en joue ! C’est non. Rien ne peut l’expliquer.

Le photographe de l’AFP est-il emblématique de la situation des journalistes en Egypte ? Quels sont ses recours face à la police égyptienne ?

- Le journaliste pourra bien sûr engager une action en justice mais envisager de poursuivre la police égyptienne soulève le problème de l’indépendance de la justice dans ce pays.

Actuellement, on compte au moins 10 procès en appel contre des journalistes égyptiens, tous intentés par des proches du pouvoir. Un blogueur égyptien avait dénoncé les tortures policières, il a été arrêté. Même s’il est libre maintenant, c’est significatif de l’état préoccupant de la presse en Egypte, dû en premier lieu, à une police violente en générale. Ensuite, on constate une détérioration de la liberté de la presse avec de nombreux journalistes poursuivis. Le tout légitimé par un état d’urgence instauré depuis 1981, soit plus d’un quart de siècle !

Les relations des médias avec le président de la République provoquent beaucoup de remous. Quelle est la position de Reporters sans Frontières sur ce sujet ?

- Nous restons vigilants car la situation de la presse en France est à double titre exceptionnelle. D’une part les grands groupes de presse industriels dépendent en grande partie de l’Etat pour leurs affaires. Mais cette situation n’est pas nouvelle et ne date pas de Nicolas Sarkozy. Ce qui est nouveau par contre, c’est la très grande proximité entre les grands patrons et le président de la République. Tout ça crée une situation particulièrement fragile. Notre vigilance est cependant relayée par les attentes des rédactions. L’espoir de la presse française réside dans les sociétés des journalistes des différents médias. Loin d’être corporatistes, ces sociétés veillent à garder leur indépendance, notamment lors de rachats (je pense au Monde ou aux Echos).Attention à ne pas tomber dans la paranoïa tout de même, Nicolas Sarkozy n’est pas l’ennemi de la liberté de la presse.

Interview de Robert Ménard par Julie Deruy (le dimanche 30 décembre)


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