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NicolasG. (---.---.27.103) 3 janvier 2008 17:41

Très bon article, mais avec un très gros bémol, votre affirmation selon laquelle « Une telle crise a, au-delà de mettre à la rue ou de flouer lourdement quelques millions de personnes (ce qui est terrible pour les personnes concernées, mais finalement assez bénin économiquement quand on sait que ces personnes disposent de revenus modestes et donc d’une capacité de consommation également modeste)... »

La crise bancaire est la partie visible du problème, et c’est bien celle qui fait paniquer le capitalisme financier. Mais estimer que la ’faible’ consommation des gens « modestes » (que vous situez dans votre exemple à 3500$ net par mois de revenus du ménage) rend leur déconfiture économiquement négligeable, c’est tenter de sauver sans en avoir l’air une idée qui va devenir de plus en plus essentielle pour le capitalisme financier, justement, à savoir que la consommation de masse ne serait pas le vrai moteur de la croissance.

Or il est évident que la crise est d’abord là, et c’est ce qui devrait se confirmer dans les mois qui viennent : les banques devraient s’en remettre, et la finance aussi, mais la déconfiture de plusieurs millions de ménages va quant à elle obérer durablement les possibilités de croissance. Ce qui est atteint dans cette crise, c’est la marge de progression de l’économie américaine, une marge de progression dont elle a besoin car même la gestion de l’Etat en tenait compte. Le repli de la consommation de millions d’individus (qui sera causé la fois par leur situation concrète et la crise de confiance (et donc du crédit) qui s’ensuivra) sera lourd de conséquences pour une économie fortement axée sur la consommation, mais est en outre un cercle potentiellement vicieux.

Ceci ne peut être négligé que si on accepte l’idée d’une société fortement dualisée, dont on sent bien qu’elle est la base idéologique qui sous-tend de plus en plus de positions. Le mythe d’une société de riches où la pauvreté n’est qu’un accident ou un manque de mérite a du plomb dans l’aile avec cette crise, et c’est aussi un problème idéologique. Mais nul n’est obligé de souscrire à l’idée d’une société où la masse moyenne est négligeable : non seulement c’est idéologiquement très discutable, mais l’idée d’une économie basée sur les riches n’a jusqu’ici jamais fonctionné que dans les théories à vocation politique, et non scientifique.

Vouloir analyser cette crise en termes financiers seulement et obérer entièrement l’aspect consommation, c’est donc vouloir une fois de plus rester dans la logique perverse qui est à la base de cette crise. Tel n’était probablement pas votre propos dans un article descriptif, mais la phrase citée ci-dessus le désservait par une désinvolture à mon sens injustifiée.


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