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En réponse à :


corbelr 9 janvier 2008 15:11

Bonjour,

Puisque une phrase de mon commentaire est cité dans le vôtre, je me permets de répondre. Votre critique ne manque pas de justesse : on peut effectivement s’offusquer qu’une critique aussi violente de Paris-Match se limite, apparemment, à ses seules couvertures, qu’on peut défendre par la nécessité d’accrocher l’oeil du consommateur et ainsi se différencier quand la publication est noyée au milieu des autres sur les présentoirs.

Non, je n’ai pas oublié de feuilleter le contenu, ce qui m’arrive environ une fois toutes les six semaines depuis au moins dix ans. Il me paraît inutile de détailler, mais je prétends que le contenu est à l’image de la couverture, conforme à l’analyse de M. Villach et globalement assez répugnant, tendancieux, partisan, ennemi manifeste de tout esprit critique. Il est vrai que bien d’autres magazines mériteraient une volée de bois aussi vert que celui employé par M. Villach. Mais ces titres (France Dimanche, Voici,...etc.) n’ont certes pas l’aura de photo-journalisme encore drainée par Paris-Match...qui en joue beaucoup pour conserver une respectabilité vendeuse.

Quand je parle d’une des "hontes du journalisme français", je le dis avec conscience. Nous parlons d’une publication qui a osé faire paraître les images de sapeurs-pompiers découpant à la scie égoïne les corps brûlés des enfants victimes du terrible accident de car à Beaune, au début des années 1980. Ou encore de ce soldat américain brûlé vif en Irak par quelques fanatiques, suspendu à un câble, les os des jambes déjà apparents. Ou encore ces images d’un truand marseillais criblé de balles, il y a un an, extrait de sa voiture par la police scientifique. Ou même de ces deux femmes, touristes russes, abatues de plusieurs balles dans le dos par un activiste sur une plage thaï (ah quelle belle image que ces femmes mortes aux yeux ouverts, couvertes de sang, trouées de partout, les seins nus, affalées dans des transats sur une plage de rêve !)...etc...etc...Et tout cela, surmonté de titres et d’annonces dévastateurs, tire-larmes, destinés à l’instinct du lecteur plus qu’à son cerveau.

Peut-on encore parler de journalisme dans ces conditions ? Bien sûr, occulter l’horreur de la guerre ou la réalité d’un monde très dangereux ne vaudrait pas mieux. Mais le recours systématique à ces images accompagnées de textes haineux destinés à provoquer des réactions animales relève de l’intention la plus infecte qui soit. Et enfin, qu’apporte donc la vision sans cesse répétée de toutes ces souffrances abominables quand elles sont déconnectées de toute réflexion - comme c’est théoriquement le rôle du journaliste ? J’essaie de ne pas fermer les yeux devant la souffrance de l’Autre. Mais qu’on m’explique l’origine de cette souffrance au lieu d’essayer de me faire peur. Ainsi, ce catalogue des faits divers d’un "samedi soir ordinaire en France" publié il y a un an ou deux : sur un pays de soixante millions d’habitants, aucune information d’ordre statistique n’était fournie (était-ce un samedi plus dur qu’un autre ? la tendance était-elle à l’augmentation des atteintes aux personnes à cette période, ou en diminution ? Mystère : seule la Peur de l’Autre transpirait de cet article ignoble. Ca, du journalisme ?! Allons donc !

C’est en ce sens que je parle de "honte".

Par ailleurs, je n’ai aucun lien direct ou indirect avec la presse (écrite ou parlée), et Paris-Match n’a jamais refusé mon CV ;)

Bien cordialement,

RC

 


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