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Baltar 18 janvier 2008 21:24

Sans juger de la qualité du film (on aime, on aime pas, c’est ainsi), j’aimerais t’apporter ma propre expérience de ce genre de périple ainsi que du décalage entre la réalisation d’un film et la réalité d’un tel voyage.

Ce sentiment nietzschéen est réel et dangereux, et ce n’est pas la volonté du film de nous rendre le personnage tel un héros pour je ne sais quelle raison marketting. C’est un fait qu’à certains moments on se sent devenir surpuissant, on se sent pouvoir tout faire, monter plus haut, descendre un rapide, pouvoir traverser un glacier, traverser un gué au débit impressionnant, grimper quelques rochers fatidiques ou je ne sais quoi d’autre. Le sentiment de surpuissance est réel et le film démontre que l’esprit extrémiste, absolu, nietzschéen du personnage, même si les apparences riment avec liberté, rêve, intégrité et beauté, cet esprit est avant tout suicidaire car sans tempérance ni prudence. Le personnage a été brisé par son histoire et sa fuite en travers de l’Amérique ne sera jamais une solution pour lui. Nous aurions pu espérer au mieux qu’ils s’en sortent vivant même si blessé, mais il aurait été invraisemblable qu’il rentre sans avoir atteint une certaine limite de la douleur, une blessure physique définitive qui lui permette de se punir de son mal intérieur, et d’atteindre le pardon. La guérison par la douleur était omniprésente durant tout le film. Et le sentiment nietzschéen de surpuissance n’en était qu’une conséquence, une folie, qu’il n’a pas su reconnaître sur le moment par manque d’expérience.D’ailleurs la fin est une prolongation de cette descente des rapides, mais dans un sens malheureux. Elle est explicite (il trouve sa guérison intérieure).

Pour te répondre sur un autre point : cette fin ne tient aucunement lieu de morale puisqu’il s’agit d’une histoire vraie. Et puis ... où est la morale si une quête sous-tend à un suicide de chaque instant ? De plus, le personnage n’est pas vraiment écolo mais je dirais intégré à la nature et hors des hommes, ce qui n’est pas la même chose. Et dans ce cas, bien, mal, morale, ne veulent plus dire grand chose. Je ne divulguerais pas cette fin pour ceux qui n’ont pas encore été voir ce film.

Sur la réalisation du film : il s’agit de relater en 2h30 le carnet de route d’un personnage ayant parcouru les routes pendant 2 ans. Je pense que le personnage n’a écrit que sur les rencontres et les évènements qui l’avaient marqué, ou j’imagine que le livre a fait en sorte de ne montrer que cela. N’oubliez pas qu’il n’avait qu’un sac à dos et je ne pense pas qu’il ait porté même 2 kilos de papier pour écrire toutes les semaines pendant lesquelles il ne se passait rien. Cette réalité, le film ne la traitera évidemment pas. Et puis, ces clichés sont les plus beaux souvenirs d’un voyage : il est naturel de les cristalliser avant les autres souvenirs, c’est un réflexe humain de vie. Qui n’a pas embelli ses meilleurs souvenirs, souvent inconsciemment ? Le réalisateur en étayant ces rencontres extraordinaires a cristallisé l’esprit du vagabond nous relatant l’essence même du voyage, et en ce sens, lui offre son respect.

Pour les images de nature, j’ai vu beaucoup mieux par contre :) Que ce soit dans d’autres films ou dans la réalité. Alors ma conclusion : un grand bravo au traitement du personnage mais un moyen plus sur les images bucoliques. Et ce n’est pas plus mal car cela aurait sans doute modifié la dimension psychologique du film.

L’idéal étant de se prendre en main pour partir soi-même dans de telles directions, avec prudence et expérience.

 

 


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