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reaper95 reaper95 4 avril 2008 13:01

Je veux faire une remarque sur votre position sur une "faillite" de l’Etat. Contrairement à une entreprise, un Etat ne peut pas faire faillite, car il a le pouvoir de lever autant d’impôts qu’il veut pour se "rémunérer" (je shématise très brièvement bien entendu). Une entreprise ne peut pas ’s’auto-vendre’ des produits pour augmenter son chiffre d’affaires.

En contrepartie, seules les finances de l’Etat sont mauvaises ; celles des Français sont plutôt bonnes (merci l’épargne !). Ce qui pourrait être dangereux pour une Nation, c’est que ce soient leurs habitants qui soient en situation de faillite (ce qui ne risque pas d’arriver, la somme des particuliers et des entreprises est largement excédentaire par rapport aux dépenses dans l’Hexagone). Théoriquement (mais j’insiste sur ce mot), si la situation de l’Etat français (c’est-à-dire des institutions étatiques) s’aggravait davantage, nous pourrions toujours nous appuyer sur les possessions des Français (épargne, bons du Trésor, retraites complémentaires,actions,etc...)

La situation des Etats-Unis est à mon avis bien plus préoccupante : à une dette absolument colossalle (et un gouffre qui s’est creusé à cause de la guerre en Irak et en Afghanistan) s’ajoutent les millions de faillites personnelles et de société qui sont nées d’un trop fort endettement des ménages et qui sont pénalisées par les très aguichantes et lucratives "subprimes". Idem en Angleterre (même si les finances de l’Etat sont, elles, plus saines).

En plus, en France, notre système est fait de telle façon qu’un surplus de croissance entraîne automatiquement un surplus dans les caisses (rappelez-vous la fameuse "cagnotte" de Jospin à la fin des années 1990) ; en effet, notre système de cotisations et de reversement (qui est tel qu’il est) fait que plus les gens travaillent, plus les gens cotisent et plus l’argent entre dans les caisses (Là encore, je shématise).

L’erreur majeure du Gouvernement actuel n’est pas d’avoir voulu faire des économies, mais d’avoir calculé son budget sur la fourchette haute de la croissance, pénalisant de ce fait toutes les entrées d’argent prévues avec une croissance à 2,5% (alors qu’elle est de 1,9%). 0,6% de différence, ce n’est pas énorme, mais à l’échelle de plusieurs centaines de milliards d’euros, la facture peut être très différente ! Tous les économistes expliquent que, pour faire un bon budget, il faut prendre la fourchette basse des prévisions (il vaut mieux de bonnes surprises que de mauvaises). Mais parce que les dépenses effectuées en début de mandat (paquet fiscal notamment) ne pouvaient se financer que par une croissance élevée, il a fallu bluffer les Français, au risque de gréver les finances publiques un peu plus (ce qui ne dérange pas outre mesure un gouvernement de droite, dont l’objectif est de réduire la taille de l’Etat dans le pays, donc c’est un argument valable de plus).

Du coup, la France va être obligée de faire des économies de bouts de ficelle, alors qu’une réforme structurelle de l’administration du pays est urgente, nécessaire et pas si difficile à faire (80% des Français la soutiennent, même chez les fonctionnaires, qui sont les premiers à se plaindre du manque d’efficacité dans certains domaines. Et de tailler en outre dans des postes phares et juste super indispensables en période de crise comme en ce moment. Pour protéger certains acquis de l’élite, on préfère le forcer à serrer la ceinture aux plus démunis, alors qu’en général, une bonne politique de rigueur commence par faire faire des sacrifices aux plus privilégiés (et je ne parle pas des fonctionnaires, mais des VRAIS privilégiés, ceux qui gagnent plusieurs centaines de milliers d’euros par an). Or, le Gouvernement de Fillon et Sarkozy a commencé par, non pas leur demander des sacrifices, mais de les récompenser avec un bouclier fiscal à 50% (qui n’a même pas fait revenir les élites exilées en Suisse), et de leur reverser 250 millions d’euros par le Fisc, alors que soi-disant (selon les dires du Président) "les caisses sont vides".

 

Il est juste dommage (et je ne dénonce que cela dans mon article, pas le principe même des économies) qu’une fois encore, des intérêts privés, des positions idéologistes et des réactions à brûle-pourpoint risquent d’enfoncer encore un peu les déficits de la France et de rendre la situation des Français un peu plus difficile...


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