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Armelle Barguillet Hauteloire Armelle Barguillet Hauteloire 8 avril 2008 12:58

La souffrance fut pour lui un sacerdoce et c’est à cause d’elle qu’il conduisit la quête de son existence dans les voies les plus étroites et pénétra les régions les plus profondes du coeur, où la moindre impression est douleur mais douleur qui éclaire l’esprit, en fait l’oeil de l’artiste.
" Quant au bonheur, il n’a presque qu’une seule utilité, rendre le malheur possible " - écrit-il et il poursuit : " Il faut bien que dans le bonheur nous formions des liens bien doux e bien forts de confiance et d’attachement pour que leur rupture nous cause le déchirement si précieux qui s’appelle le malheur ".

Ici Proust répète Pascal, rejoint Baudelaire et on peut même se demander s’il n’y a pas quelque chose du Don Juan de Montherlant dans sa soif pervertie d’absolu. Ainsi s’approche-t-il de la joie par la souffrance, comme il aborde le bien par le mal. Parce qu’elle n’est pas une fin mais un moyen, l’instrument privilégié de l’ascèse, la douleur permet l’accession au monde supérieur. Autant qu’une influence chrétienne, on perçoit chez Proust une résonance platonicienne. Puis intervient l’amour. L’amour qu’a décrit l’écrivain, l’amour qui torture et obsède devient, de par la souffrance qu’il engendre, son propre purificateur. Capable de plonger l’homme dans les affres les plus terribles et de l’inciter aux pires égarements, elle a aussi le mérite d’agir comme la grâce, en grandissant tout ce qu’elle touche. L’auteur montre ainsi combien l’amour, comme les autres sentiments, est une construction imaginaire, une illusion. Mais une illusion bienfaitrice qui enrichit et éclaire notre vie.

 


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