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Paul Villach Paul Villach 15 mai 2008 18:59

@ Manuel

"Edwi Plenel, fondateur de Mediapart, après avoir été à la tête de la rédaction du Monde, a fait récemment fait part sur France Inter de son opinion sur le journalisme citoyen, considérant que, si le journalisme d’investigation restait l’apanage des professionnels et la raison d’être du métier, le journalisme d’opinion et de commentaire était désormais accessibles à tout un chacun."

1- Rien de changé sous le soleil, toujours la même ritournelle ! Cette attitude obstinée fait penser à celle de l’ivrogne qui cherche ses clés sous le réverbère parce qu’il y fait plus clair, alors qu’il sait très bien qu’il les a perdues cent mètres plus loin dans un coin très sombre : mais y aller nécessiterait de sa part de renoncer à la facilité des recettes connues qui ont toutes échoué !

Cette prétention formulée par Plenel, en effet, n’est pas recevable. Ce n’est qu’une variante (c’est le seul changement observable car il faut bien changer un peu pour ne rien changer ! ) des fameux couples "journal d’information" et "journal d’opinion" ou "information" et "commentaire", qui n’opposent en fait que "journal d’opinion dissimulée" à "journal d’opinion affichée", "opinion dissimulée" à "opinion affichée" !

2- Si changement il peut y avoir, il commence par un changement de mentalité du milieu journalistique qui doit cesser de servir ses leurres rituels et abandonner sa théorie promotionnelle de l’information qui n’a pas résisté à l’épreuve de l’expérience. "Le journalisme d’investigation" est aussi "un journalisme d’opinion" ! En quoi est-ce si horrible, puisqu’on ne peut pas faire autrement, pas plus qu’on ne peut échapper à la loi de la pesanteur ?

Le discrédit des journalistes est dû en partie à ces prétentions insoutenables à échapper à l’opinion dans l’énoncé des informations, alors que ces prétentions sont régulièrement démenties par les faits. Il faut savoir assumer ses opinions qui ne sont pas vouées à n’être que des fantasmes, mais qui peuvent comporter, selon la rigueur mise en oeuvre, les représentations les plus fidèles possibles de la réalité.

3- Mais manifestement, le milieu journalistique n’est pas prêt à abandonner ces vieux leurres qui finiront un jour par ne plus tromper que lui-même. Pourtant qu’a-il à perdre à y renoncer ? Il a tout à y gagner. Des lecteurs avertis sont ses meilleurs alliés contre les contraintes économiques et politiques qui pèsent sur lui.

Le paradoxe est tout de même que ce milieu journalistique - en campagne continue de promotion comme aucune autre profession - continue à abreuver ses lecteurs de ces leurres qui entretiennent tragiquement leur crédulité et donc qui fragilisent du même coup le milieu journalistique face aux divers pouvoirs. On ne sert pas des bobards à qui peut les reconnaître, ou alors dans ce cas on prend le risque de perdre tout crédit à l’avenir. L’argument est tout de même de poids face à un pouvoir qui prétendrait faire diffuser un bobard ou ou garder secrète une information au mieux de ses intérêts.

Il faut garder en mémoire les bobards que les journaux n’ont pas cessé de diffuser pendant la guerre de 14-18 - comme "les balles allemandes ne tuent pas !" - sans qu’alors ils aient craint de perdre des lecteurs qu’ils savaient sans doute trop peu avertis pour s’en rendre compte.

Pour plus d’explications, je renvoie à nombre d’articles que j’ai publiés sur AGORAVOX à ce sujet, et le dernier en date : "L’attaque de la droite contre l’AFP : information et communication". Paul Villach


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