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Coquille 12 juin 2008 23:47

Votre article se fait l’écho de la publication de l’enquête. C’est une information qu’il est important et nécessaire de diffuser. Et moi non plus je ne vois rien de raccoleur là dedans, ni dans le titre que vous avez choisi.

En revanche, je me trouve en désaccord avec votre commentaire ci dessus, ainsi qu’avec l’optimisme sur la situation présente que vous affichez dans le précédent.

 

Vous dites :

Enfin, lorsqu’on est victime de violences sxuelles, ou autres, il y a généralement des stigmates et des traces, notre police scientifique et notre mèdecine légale s’emploient à fournir des éléments matèriels à charge.

Et justement non, c’est bien là le problème ! Je vais devoir être crue pour rectifier. Cela arrive lorsque l’agression a laissé des lésions qui puissent n’être imputables qu’à une violence sexuelle (ce qui est rare) et sont encore visibles lorsque la victime porte plainte (ce qui l’est encore plus). Ou encore si elle a subi un viol avec coït et qu’elle est examinée avant même de s’être lavée (ce qui n’arrive pour ainsi dire jamais, à moins que le violeur soit pris un flagrant délit par la police ou que sa victime soit retrouvée morte).

Hormis ces cas assez rares, la violence sexuelle ne laisse pas de preuves matérielles. Quelles preuves pour un viol n’ayant pas entrainé de blessures ? Pour un viol commis avec doigts ou objets ? Quelles preuves pour des fellations ? Des attouchements ? Quelles preuves 3 jours, 6 mois, 5 ans ou 20 ans après ? 

Il y a pourtant des preuves, d’ordre psychologique. Mais la justice traîne des pieds à considérer comme preuve les marques d’un traumatisme ou le discours pervers d’un agresseur.

 

Il me semble vous touchez là à une des idées reçues tenaces sur la violence sexuelle : celle qui veut que les actes soient accompagnés de coups, que la victime se débatte, ou que le viol commence et s’arrête au coït forcé. Or, la réalité est souvent bien différente. Peut-être en êtes vous averti d’ailleurs. Il n’en reste pas moins qu’affirmer que les violences sexuelles laissent généralement des éléments matériels alimente cette désinformation.

Il y a eu une campagne d’information sur le sujet il y a quelques mois. Je ne trouve pas sur internet les références. Je me souviens d’affiches avec cette phrase accrocheuse : "ca commence dans les cris et finit souvent dans un grand silence". Cela m’a choqué, car rares sont en fait les victimes qui ont crié. L’intention semblait être d’encourager leur prise de parole... en les exhortant à sortir du silence. A mon sens, une campagne d’information se devrait... d’informer, c’est à dire lutter contre les idées reçues qui contribuent à enfermer les victimes dans le silence. En regardant l’affiche, je me suis demandée combien allaient se dire comme moi : "je n’ai même pas crié. Je ne suis pas victime alors ou ne serai pas considérée comme telle si je portais plainte ?" Depuis j’ai pensé : ces gens là ont réfléchi, sont censé s’être informés, connaître un minimum la "problématique" des victimes. Comment se fait-il alors qu’ils aient pu pondre un slogan si maladroit, dans lequelle la majorité ne va pas se reconnaitre et va se sentir encore plus isolée, blessée ou coupable ? 

L’enquête révèle que 83% des agresseurs sont des proches et que la majorité des victimes étaient mineures au moment des faits. (Ce dont on se doutait en examinant les statistiques que d’autres pays ont pris la peine de mener avant). "En général" donc, une agression sexuelle ressemble plus à cela : un enfant ou adolescent agressé par une personne proche (un parent le plus souvent...) qui ne comprend rien à ce qui arrive et un abuseur qui en profite, souvent à répétition.

 

Vous dites également :

Par contre, croyez-moi, lorsqu’une affaire de violence sexuelle se retrouve en instruction, l’auteur est très ouvent en détention provisoire, et c’est qu’il existe de lourdes charges à l’encontre du mis en examen

Croyez-moi, cela n’empêche pas que la victime ne soit pas prise au sérieux ou traitée de façon insultante avant l’instruction. Ni même après. Cela n’empêche pas non plus que nombre d’affaires n’aboutissent pas en instruction. Ni que d’autres soient "déqualifiées". "déqualifié" est le terme employée pour dire "considérer un viol comme une agression sexuelle pour qu’il soit jugé en correctionnel et non aux assises". 

Je vous concède que l’on ne va pas aller bien loin à coups de "croyez-moi" . Je parle ici d’expérience et de lecture de nombreux témoignages sur des fora d’échange entre victimes.


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