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Trope15 17 juin 2008 20:53

Je ne pourrai hélas vous dire mon opinion sur le livre en question car je ne l’ai pas lu. C’est pourquoi d’ailleurs mon intervention ne se situait pas sur le fond de la controverse, mais sur la rhétorique à laquelle la recension du livre donne lieu, qui me paraît en soi passionnante et révélatrice d’une foule de clivages actuels. J’ai lu à peu près toutes les critiques qui sont parues depuis le début de l’affaire. J’ai certes trouvé le sujet du livre intéressant, mais également aussi éloigné de mes compétences critiques que ne le serait une étude sur la physique des particules. J’ai beau avoir un diplôme du troisième cycle en histoire, avoir fait du grec ancien et du latin, avoir lu par plaisir des textes médiévaux en moyen français … Je n’ai néanmoins aucun moyen de comparaison pour juger le travail de cet historien : il faudrait pour cela maîtriser au moins quelques sources primaires et secondaires en la matière. De surcroît, toute nouvelle critique sérieuse du livre ne fait que me conforter dans le sentiment de mes insondables lacunes à ce sujet, puisqu’elles élargissent le champ des domaines de connaissances à explorer (sans parler d’être à jour sur l’état de la recherche) - la vôtre, avec ses intéressants aperçus sur le monde byzantin et sur l’historiographie espagnole, en est un bon exemple.

 

Il est un autre point qui me paraît épineux dans votre article très bien informé. Il me semble que dans le domaine de la linguistique, on ne peut pas montrer une trop grande hauteur à l’encontre des théories anciennes, qui n’utilisent aucunement, et pour cause, les catégories et la terminologie des dernières décennies. Le concept de « génie de la langue » n’est certes pas une notion universitaire recevable aujourd’hui, mais ceux qui s’en sont servis dans les siècles passés avaient une maîtrise littéraire parfois si fine de la langue (et ont laissé d’ailleurs une oeuvre estimée), qu’il serait peu humble de les railler (aussi peu humble que de railler le jargon universitaire actuel, parfois filandreux, mais adapté). Même observation à propos de certains historiens du dix-neuvième siècle. Sachant que la qualité et la précocité de la formation en langues anciennes de l’époque donnaient une maîtrise des sources médiévales dont on aurait du mal à trouver l’équivalent chez nombre d’universitaires contemporains, on se doit, non pas d’approuver, mais de prendre au sérieux certains aperçus de ces historiens (à la façon dont les politistes continuent à lire Tocqueville, par exemple).

 


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