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Bulgroz 19 juillet 2008 18:52

LE MONDE | 15.03.05 | 14h17

"On manifeste contre les inégalités et ils nous frappent", constate le lycéen.

Elève en seconde au lycée Paul-Valéry, à Paris, Tristan Goldbronn, 16 ans, était parti manifester avec l’espoir de faire vaciller le gouvernement sur la loi Fillon. Mardi 8 mars, il a été roué de coups par des casseurs venus dans le cortège parisien pour racketter et tabasser les manifestants. Encore sous le choc, Tristan raconte une agression qui l’a profondément traumatisé. Il se trouvait alors entre la place de la République et celle de la Bastille avec trois copines. "Une main s’est agrippée à ma poche. Je me suis retourné, j’ai attrapé la main et j’ai essayé de faire une clé de bras", raconte le lycéen, amateur de boxe française.

Son agresseur, qui portait un survêtement gris et une capuche rabattue sur la tête, a essayé de se dégager. Par derrière, Tristan a alors reçu un fort coup sur l’épaule gauche. Puis un coup de pied dans l’estomac, l’obligeant à se plier en deux. Une copine a essayé de s’interposer et s’est fait gifler. D’autres individus ont alors rejoint le premier agresseur. "Je croyais qu’ils étaient cinq ou six. Mes amis m’ont dit qu’ils étaient une douzaine", explique Tristan. Ils l’ont frappé sur les épaules, les jambes et lui ont brisé sur la tête le bâton d’une banderole. Puis les casseurs sont partis en courant. La scène se passait à quelques mètres de CRS, qui n’ont pas bougé.

Ayant du mal à se déplacer, souffrant de vertiges, Tristan a essayé de quitter la manifestation. "Dans les ruelles parallèles, des bandes de casseurs rackettaient ceux qui sortaient." Des policiers à vélo lui ont indiqué un passage dans une résidence. Après de longues minutes, il a fini par trouver un poste de police. Il a ensuite été transféré aux urgences de la Pitié-Salpêtrière. "Là-bas, il y avait des lycéens avec des griffures, des coupures, un qui avait le bras cassé. Moi, j’ai eu de la chance." Tristan ne souffrait que de contusions sur le crâne et à l’abdomen. Il a déposé une plainte. Comme d’autres, il a fait le constat que les agresseurs étaient essentiellement des "Blacks" et les victimes des "Blancs". Pour ne pas se laisser faire, il comptait manifester mardi 15 mars.

Son copain Léo, qui ne veut pas donner son nom parce qu’il habite Montreuil, ne reviendra pas. Trop de colère, trop de peur surtout. A Bastille, ce lycéen de 16 ans, également scolarisé à Paul-Valéry, s’est fait accoster par un jeune qui lui a demandé de lui donner "1 ou 2 euros". Léo a répondu qu’il n’avait rien sur lui. "Il m’a dit : "Si je te fouille et que je trouve quelque chose, je te frappe."" Léo a repoussé avec la main le jeune homme. Le ton est monté. Et subitement il s’est retrouvé, avec son copain, devant six à huit jeunes décidés à les frapper.

"A ce moment, des policiers en civil sont arrivés et ont interpellé celui qui nous cherchait." Léo n’a pas été blessé mais il ressent une profonde amertume. " On vient manifester contre les inégalités et ils nous frappent. Comme s’ils pensaient que nous, les "Blancs" parisiens, on avait plein de fric, qu’on pouvait se racheter un nouveau portable demain."

Luc Colpart, professeur d’histoire-géographie dans un collège de Seine-Saint-Denis, militant du syndicat SUD-éducation (proche de l’extrême gauche), donne un récit similaire. Il a été bouleversé par les scènes de violence. Il dit ne pas en avoir dormi pendant plusieurs jours. Devant lui, des lycéens ont été traînés par les cheveux. D’autres ont été "massacrés" à coups de pied et de poing. Des agresseurs ont volé des portables pour les briser devant les yeux de leurs victimes. "C’était un jeu. De la haine et de l’amusement." Pour ce militant engagé dans l’antiracisme, "il s’agissait d’agressions de type raciale" : "Je n’ai vu que des Noirs agresser des Blancs", écrit-il dans un mail de témoignage. Après la dispersion de la manifestation, dans le métro, Luc Colpart a vu un jeune Noir essayer de prendre la défense d’un lycéen menacé par trois agresseurs noirs. "Il s’est fait traiter de "suceur de Blancs". (...) Les propos tenus étaient des discours d’extrême droite, violents et racistes."

Luc Bronner


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