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En réponse à :


Wlad Wlad 3 juillet 2008 17:15

Note préliminaire : dans le commentaire qui va suivre, le terme "fac", employé parce qu’il concerne la majorité des étudiants du supérieur, pourra être remplacé par "Grande École" ou "Institut Machintruc" selon le bon vouloir du lecteur, et en accord avec le bon sens.


"c’est similaire au système à trois étages LMD, déjà en place en France dans de nombreuses filières."

Mais pas dans les Grandes Écoles (ingé, commerce...), ce qui pose le problème de l’équivalence (discutable à mon avis) entre la licence et la réussite des concours de prépa. Sur ce sujet, l’application de la Déclaration de Bologne demandera un peu de travail.

"compétitivité accrue des universités européennes sur le plan international."

Et ben là on est mal !

"Les rapports européens sur les programmes Erasmus détaillent [divers trucs], sans évaluer ce que ces quelques mois d’études dans un pays et une langue étrangère ont apporté aux étudiants en terme de compétences professionnelles dans leur domaine."

Cependant, les étudiants sont autorisés à partir avec Erasmus pour suivre des cours équivalents à ce qu’ils auraient eu dans leur pays d’origine. Il ne faut pas croire que ce sont des compétences professionnelles spécifiques qui sont cherchées, mais un apprentissage dans une autre langue. Tu le signales d’ailleurs toi-même juste en-dessous.

Quand on dit que "l’employabilité des élèves est augmentée", c’est surtout parce que s’ils veulent bosser à l’étranger, ils peuvent dès lors se prévaloir d’un diplôme délivré par une université plus probablement connue par l’employeur étranger, voire même plus prestigieuse que son équivalent français.

."Diverses formes de coopération transnationale et inter-établissements de recherche existent déjà depuis longtemps, bien avant ce processus de Bologne. Et le fait que l’harmonisation de l’enseignement supérieur européen favorise la recherche et la compétitivité européennes n’est qu’une supposition. L’innovation est difficile à programmer."

Bien vu.

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Attention, ami lecteur, à partir d’ici Krokodilo part dans une croisade anti-anglaise, si tu veux de l’argument constructif de sa part passe ton chemin :

"Mais le principal obstacle, et de loin, c’est la barrière des langues.

En matière de langue, le non-dit demeure la règle. Passons outre ce tabou et disons donc le non-dit : l’anglais serait aux yeux de certains le nouveau latin. Ils partagent la vision grandiose d’un nouveau Moyen-Âge où les étudiants de l’UE et du monde entier iraient d’une fac à l’autre suivre l’enseignement supérieur en anglais... Quelle est la part du fantasme dans cette vision ?
"

Les étudiants concernés par ce dispositif d’études à l’étranger sont en fac, ils sont donc censés avoir une bonne maîtrise de l’anglais courant. Une bonne mise à niveau en vocabulaire technique (pourquoi pas dispensée par la fac lors des cours d’anglais, ou lors de courts intermèdes en anglais dans les autres matières ?) nécessaire devrait suffir à préparer le voyage.

Une fois dans le pays d’accueil, les parties de jambes en l’air avec les autochtones du sexe adéquat faisant, les étudiants auront bien le loisir d’apprendre la langue locale... s’ils ne la maîtrisent pas déjà, dans la mesure où du côté des élèves, quoi qu’espèrent les institutions, on signe quand même souvent un Erasmus en priorité pour le tourisme. Et qui dit intérêt profond pour un pays (il s’agit d’y rester un an au moins, tout de même !) dit langue déjà approchée.

Comme quoi tout n’est qu’une histoire de vocabulaire technique.

"Les détracteurs du processus de Bologne dénoncent une perte d’autonomie intellectuelle des établissements"

C’est pas faux, au niveau des cours qui s’homogénéiseraient. Mais l’identité d’un établissement est aussi déterminé par les travaux (et résultats) de ses chercheurs, alors sachons relativiser. Ce n’est pas parce que 50% des enseignants et des chercheurs de mon école sont étrangers que ça influe sur ses publications. Seul le talent de ces gens compte.

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"D’autre part, la Fédération s’est toujours montrée réticente face à la vision marchande et compétitive de l’enseignement supérieur"

Tu m’étonnes, ça reviendrait aussi (surtout avec le contenu de la Décl. de Boulogne) à mettre en compétition les élèves pour leur emploi, et ça forcerait les faqueux à travailler en cours. Inadmissible pour ce genre de groupement.

"En quoi un cadre commun LMD donnerait une meilleure visibilité, nul ne l’explique."

Comme tu le dis toi-même plus bas, cela permettrait à divers instituts de se regrouper en entités plus grosses et donc aux domaines de compétences élargis (c’est par exemple ce qui se fait à Paris, avec la création récente de ParisTech, qui regroupe les écoles d’ingé parisiennes et envisage de s’ouvrir à quelques facs ; on peut d’ailleurs aller suivre des cours dans d’autres écoles de PT quand on fait partie d’une d’entre elles).

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On repart dans l’anti-britannisme primaire :

"Sous couvert de visibilité internationale, ce qui va bien se voir de loin, c’est que la science de l’UE est anglophone !"

Et alors ?

Si Einar-Sven Olafsson, Luigi Mammamia, Jürgen von Klugelstroff ou Raymond Duchêne publie un article en anglais pour présenter ses travaux, qu’est-ce que ça change ?

S’il a bossé dans un labo tchèque, c’est à lui et au labo qu’iront les bénéfices du brevet, pas aux anglo-saxons ! (voir mon commentaire suivant).

"Après six mois en France en anglais, ils iront suivre des cours dans d’autres pays européens, toujours en anglais. In fine, les plus brillants seront tentés d’achever leurs études par des formations post-doc en GB ou aux États-Unis"

Ah bon ? Pourquoi donc ? Tu te contredis toi-même deux lignes plus bas : "Quant aux étudiants français ou allemands, ils peuvent tout à fait être formés dans leur propre pays jusqu’au plus haut niveau. Seuls une poignée d’entre eux auront l’utilité de stages à l’étranger dans des labos de pointe."

Faudrait savoir ce que tu veux.

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"au secondaire aussi, la diversité linguistique est en chute libre, certaines 6e ne "proposant" que l’anglais !"

Vu que la LV2 commence en 4ème, puisque tu prétends qu’au primaire les enfants apprennent automatiquement l’anglais, je ne vois pas en quoi ça te choque.

"Perdre son âme, passe encore, mais nous perdons aussi du pognon ! L’hégémonie de l’anglais rapporte déjà à la GB un véritable impôt linguistique, une fortune dépassant les revenus du pétrole de la mer du Nord."

N’importe quoi. Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! Tu peux m’expliquer précisément comment cela fait rentrer des sous chez les anglo-saxons ?

Parce que là, tes exemples...

"French 24, cette chaîne d’infos en anglais totalement inutile et redondante, nous coûte 80m/an."

Qui partent dans quelle poche ? Celle de George ?

"L’université de Cambridge vient d’être choisie pour organiser la certification en anglais basée sur le CECR (échelle de langue), comme si nos professeurs étaient incapables de certifier leurs élèves ; va-t-on faire aussi contrôler par Cambridge les notes d’anglais au bac ?"

Bon, là, d’accord. Mais enfin ça ne va pas non plus nous coûter des milliards.

"Le programme La Sardaigne parle anglais :

“Sardegna Speaks English” è il programma approvato dalla Giunta a novembre 2006 e finanziato con un investimento di 20 milioni di euro, ritenuto strategico, perché mira a far superare ai cittadini sardi il forte ritardo nell’acquisizione di competenze linguistiche in inglese."

Ce sont donc des sommes inouïes que nous dépensons ainsi dans l’espoir de faire de nos petits des "fluent english", dans la croyance naïve que c’est la solution au recul de la recherche et aux difficultés économiques de la France.
"

Encore une fois, où part cet argent ? Dans la poche des profs anglo-saxons qui vivent en Sardaigne et dépensent donc leur thune au supermarché du coin  ?


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