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elisabeth 18 août 2008 00:18

A l’auteur,

Je comprends votre désir "d’Europe". Je le partage, et suis pour ma part, professionnellement, et personnellement, une assez bonne connaisseuse de "l’Europe" et de ses "arcanes". Pour autant, je souhaite vous rappeler, à vous, comme à chacun qui pourrait me lire sur ce site, plusieurs choses qui me paraissent importantes : 


— Premièrement, une élection comme un référendum est un acte politique issu du pouvoir constituant originaire, qui se trouve être le Souverain du pays qui s’exprime. La nature de ce personnage "moral" le Souverain, interdit une quelconque sanction, ou jugement, de sa volonté exprimée dans les urnes, qu’il s’agisse d’une élection, ou bien d’une référendum. Cela a d’ailleurs été reconnu par le Conseil Constitutionnel, suite à l’élection de 1962, après le recours du Parlement. 

La question ici qui nous occupe n’est pas de savoir si les peuples votent "bien" ou "mal". Elle n’a pas à être posée, car le Souverain dispose de lui même, et de ce qui lui appartient : le pays. Il décide seul, avec l’imperfection normale de l’Humanité, de ce qui lui semble, à un moment t, une bonne ou une mauvaise chose, pour lui, ou pour le pays. 

Cette décision, qu’elle soit à caractère électif ou référendaire, n’a pas à être remise en cause. Le Souverain est seul juge de ses actes. 


— La règle de l’unanimité est une règle qui a été adopté lors du traité dit de Rome. Elle concernait des pays qui avaient pour ambition de travailler ensemble, pour créer entre eux, une interdépendance économique, visant à réduire les risques de conflits au sein d’une communauté d’Etats...Souverains. Comme le rappelle régulièrement le Conseil Constitutionnel, la France "participe" à la construction européenne...Elle ne "disparait pas" au sein de l’Union Européenne. C’est à dire que contrairement à par ex, les USA, l"Union Européenne n’est pas les "Etats Unis d’Europe" et ne pourra pas l’être avant longtemps, sinon jamais. 

Car il y a quelque chose de très important, qui distingue frontalement l’UE des USA : le caractère souverain des Etats membres de l’UE, contrairement aux Etats des USA...Qui sont fédérés. 

Il ne pourrait y avoir de réels "déblocages" au niveau de cette règle de l’unanimité que si, et seulement si, les Etats membres de l’UE renonçaient au caractère souverain de leurs Etats...Et d’une certaine manière, se réunissaient dans un grand ensemble supranational. Or, pour qu’une telle chose puisse se faire...Il faudrait que 27 peuples, par le biais du référendum (les parlementaires ne peuvent toucher à la souveraineté du Peuple...Et donc de l’Etat) acceptent de renoncer à leur souveraineté. Et cela, à l’unanimité. Car un traité entre Etats engagent tous les partis...Du début...A la fin. C’est à dire que si la règle de négociation adoptée par tous les "gouvernants" (règle de la double unanimité pour l’UE) flanche...Le traité est caduc. 


— Sur le traité de Nice : ce traité a été adopté par chacun des requérants, c’est à dire des Etats signataires, à l’unanimité. Il faut donc penser, légitimement, qu’il s’agissait d’un traité qui présentait des avancées. Et qui ne doit pas être si mauvais...Puisque l’entrée en vigueur du TCE comme de Lisbonne était prévu pour janvier 2009...Soit bien après la fameuse "présidence française de l’UE" ! Comment l’UE pourrait elle être en "crise" puisque les dirigeants de l’UE eux mêmes ne voient pas de difficulté à atteindre cette date de janvier de 2009...Preuve que le traité de Nice suffit amplement ? De même, avant la "solution Sarkozy" les dirigeants d’Europe prévoyaient une "discussion" pour inclure une partie "sociale" dans les traités...Et cette "discussion" devait durer jusqu’à...2010...Si l’on compte environ six mois pour rédiger le traité...Cela met les compteurs à mi 2010. 

Le traité de Nice est donc amplement suffisant, pour le moment. D’autant que l’argument "nous sommes 27 maintenant, avant on était que 5 ou 10" ne vaut pas. L’ONU est une organisation d’Etats Souverains qui fonctionne selon la règle de l’unanimité...Et pire encore (si l’on considère les contraintes)...Du veto. Si l’ONU s’en sort...L’UE doit, elle aussi, pouvoir le faire. 


— Sur les référendums : vous prenez le problème à l’inverse. Un traité, tout comme une Constitution, une loi...Doit être INTELLIGIBLE par TOUS. Et non le domaine des experts. Les citoyens ne sont certes pas des constitutionnalistes...Mais leurs représentants élus...Le sont ils plus ? Et se prononcent ils, sincèrement, sur le traité...Ou par discipline partisane ? Permettez moi de douter que chaque élu, consciencieusement, ait pris ne serait qu’une minute à lire les trois premières lignes du traité dit de Lisbonne. Même chose d’ailleurs pour la récente révision constitutionnelle. Je doute sincèrement de l’enthousiasme délirant de nos chers élus pour ces textes ! D’autant que certains élus fustigent, généralement, des dispositions du traité de Nice...Qu’ils ont pourtant, majoritairement (60% de parlementaires disant "oui" ce n’est pas une petite majorité) accepté ce traité. 

Pour ce qui est de votre constat sur la construction de l’UE, je suis assez d’accord sur la maison montée un peu à l’envers. A cet égard, les "gouvernants" ont beaucoup à se faire pardonner. 

Vous fustigez les "nonistes"...Mais n’est il pas un peu facile de laisser à certains "politiques" le droit de s’autoproclamer "européen" quand neuf fois sur 10...Lesdits prétendus "européens"...Passent leur temps à casser du sucre sur "Bruxelles" pour...Aux élections...Ou référendum...Inviter les électeurs à se prononcer favorablement envers leur bouc émissaire favori ? 

Il y a, à mon sens, beaucoup plus "d’européens" véritables, parmi les "nonistes", que chez nos autoproclamés "européens". 

Ensuite, l’UE est une très bonne chose, dans le sens où elle nous a, effectivement, apporté beaucoup. Mais attention. L’idée européenne ne doit pas se transformer en idéologie, et encore moins en religion. Ce qu’elle tend à faire.

Le parallèle avec l’Eglise catholique, ou même l’URSS, est assez frappant, dans un certain sens. Dans les trois cas, on a une "idée" qui est bonne : qui sincèrement peut être contre une Société régie par l’Amour avec un grand A ? Qui sincèrement peut être contre une Société bâtie sur la fin des inéquités et inégalité...Où la Fraternité supplante tout ? Qui sincèrement peut être contre une réunion d’Etats qui décident de travailler ensemble pour vivre dans la paix et le bonheur ? 

Si ces idées sont partagées par tous...Leur mise en oeuvre est parfois loin de l’idéal de l’idée. Ainsi, au nom du Christ...L’Eglise a exigé la mort d’individus qui étaient en accord avec la parole christique...Mais qui étaient susceptibles de mieux répondre à ce message, et donc de lui faire de l’ombre. Au nom de Marx, et tant qu’on y est, des idéaux de la Révolution française...Lenine, suivi de Staline ont instaurer le "communisme" : goulag, solkoz, colcoz, etc. Au nom de l’idée européenne...L’UE exigera t elle le sacrifice des Nations ? Et la fin du pluralisme des opinions ? 

Dans votre exposé, vous voulez un Président de l’Union et un Ministre des Affaires Etrangère européen. Mais...L’Union n’est pas un Etat fédéral...Ni même une fédération d’Etats. Il faut bien comprendre que les USA - qui sont visiblement LE modèle suivi - sont des Etats fédérés qui au départ formait une entité. Les habitants des 13 colonies fondatrices...Etaient déjà une Nation en gestation. L’Histoire des USA commence le jour où la Constitution des USA est adopté, que l’acte d’Indépendance est signé, et que le traité de confédération est entériné. Pas avant.

En Europe...C’est très différent. Puisque le long passé historique de l’Europe fait que l’Union est peuple de Nations anciennes certes...Mais extrêmement importantes, et chéries. Il n’y a pas de "peuple européen" il y a "des peuples d’Europe", de même que jadis, en dépit du fait que tous les peuples de la Chrétienté se reconnaissaient comme un même peuple "chrétien"...Cela n’empêchait pas le Français de ne se reconnaitre que comme Français, l’Anglais que comme Anglais, l’Espagnol que comme Espagnol, etc.

Le Pape, sous la Chrétienté, avait légitimité pour agir. N’était il pas le représentant de l’apôtre Saint Pierre, en personne, sinon de Dieu lui même, sur Terre ? 

Le Président de l’Union et le Ministre des Affaires Etrangères...Ne seront rien. Des créatures de tel ou tel membre influent de l’Union Européen. Pire ! Le "pouvoir" de ces deux là seront forcément, indéniablement, affaiblis...Parce que tout simplement ils ne seront pas élus...Les Etats refusant que l’Union devienne un Etat fédéral...Ou même un Etat simplement. Internationalement, leur assise ne sera pas renforcé. On vient encore de le voir récemment. La Russie n’a pas fait appel à l’UE pour régler le conflit avec la Georgie. Elle a fait appel...A la France. C’est au Président Français...Et non au Président du Conseil de l’Europe, qu’elle s’est adressé. 

Autrefois, en dépit de sa plus forte légitimité, le Pape lui même se faisait "houspillé". En témoigne l’arbitrage de la France dans plusieurs conflits, à l’époque de Saint Louis. Bien que représentant de Dieu, et de ce fait autoproclamé prince de la paix...L’Etat surpasse la surpranationalité. 





 


 

 

 





 






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