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koudou 27 juillet 2008 19:25

Le titre est évidemment très raccoleur, et inexact : ce n’est pas le FMI qui donne la tuberculose.

Mais il n’empêche que les choses sont assez claires dans tous les pays qui ont du appliquer la politique d’ajustement structurel imposé parfois (voilà la raison de votre "sometimes") par le FMI.

Le FMI n’a pas toujours imposé la politique d’ajustement structurel, et le fait désormais avec précautions après avoir constaté les dégats commis par cette politique. Mais cette institution n’est absolument pas intellectuellement honnête car elle continue de dire que cela aurait pu marcher si les pays occidentaux avaient joué le jeu ...

Il faut comprendre quelle théorie réside derrière cette politique d’ajustement structurel : il s’agit de mettre les pays pauvres qui ont besoin d’aide financières pour que le pays s’ajuste à l’économie mondiale justement dans la norme de cette économie mondiale imposée par les pays occidentaux.
Et cela passe par la politique d’ajustement structurel dont le principe est basiquement libéral et opposé à ce qu’il se passait dans de nombreux pays, en particulier en Afrique : tout service doit être payé par celui qui l’utilise, et les subventions de l’état ne peuvent aller que sur des infrastructures et pas sur du fonctionnement.

Ainsi, l’accès à l’eau doit être payant, ainsi que l’accès aux soins, à l’éducation, au transport, à l’énergie, etc... sans subvention de fonctionnement de l’état. Lorsque ces services étaient gratuits, ils doivent désormais être payés par la population. Si le gouvernement met en place un système de sécu qui rembourse significativement, il doit le faire dans le cadre d’une solidarité payée par les usagers.
Cela va plus loin : l’agriculture doit être également réformée de façon à ce que les cultures avec une forte valeur ajoutée doivent être développées aux dépens des cultures vivrières pour faire rentrer des devises qui erviront à payer les vivres achetés dans des pays où la production est moins onéreuse (pour des raisons climatiques, de sol, ....) dans le grand concert des échanges internationaux.

En théorie, cela aurait pu marcher, mais en pratique, cela n’a quasiment jamais marché, principalement parce que les pays aidés se sont heurtés aux productions subventionnées des pays occidentaux qui vendaient ainsi en concurence à des prix nettement inférieurs : coton, maïs, soja, ...
C’est par exemple ainsi que le Ghana qui se débrouillait pas trop mal s’est vu imposer une culture tournée essentiellement vers le coton par le FMI (ce qui était supposé créer de forts revenus pour les cultivatuers leur permettant de payer les services rendus payants, etc...). Et c’est ainsi que le Ghana s’est retrouvé ruiné parce que le Ghana ne vendait pas son coton bien plus cher que celui des Etats-Unis qui coûtait plus cher à produire mais était subventionné par le gouvernement américain, chose interdite au gouvernement Ghanéen. Le cours de coton (qui ne se mange pas) s’est effondré, et le Ghana ne produisait plus assez à manger ni ne pouvait acheter à manger. En plus, ce que le FMI fait, c’est de faire des prêts, et le service de la dette (le paiement des intérêts) devenait tellement lourd que le gouvernement n’était même plus capable de payer les infrastuctures. Au Cameroun par exemple, en 1995, le budget de la santé représentait 3% du PNB tandis que les intérêts payés au FMI étaient de 36% du PNB. A tel point que le FMI a du inventer en 1996 le système de l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) pour faire des remises de dette (cadeau aux pays, mais qui ne vont pas dans la poche des dirigeants comme quelqu’un l’a écrit) en échange d’engagements qui étaient d’une certaine manière un allègement de l’ajustement structurel imposé.

Que le FMI ait fabriqué des pays pauvres très endettés est indéniable. Et que la pauvreté d’un pays entraîne des difficultés pour maintenir un niveau de santé adéquat est tout aussi indéniable.
Si en plus, la population pauvre doit payer pour acquérir les soins, et qu’elle n’a pas les moyens de le faire, vous aurez fatalement une augmentation des maladies du type tuberculose, sida, malaria, ...

Il y a des pays qui sont devenus pauvres sans l’aide du FMI, où on retrouve les mêmes phénomènes (en particulier les pays non aidés soumis aux problèmes de désertification). Mais ce que l’article dit et je suis d’accord avec ce qu’il dit, c’est que tous les pays pauvres où le FMI a imposé la politique d’ajustement structurel sont tombés dans ce piège, et il est donc normal qu’on retrouve ce phénomène dans les chiffres statistiques de la tuberculose.


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