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léon (---.---.244.129) 8 novembre 2005 10:44

Une réaction épidermique contre ceux qui s’imaginent que le mérite est inné, que les « fouteurs de merde » se sont faits tout seuls. Les êtres humains se construisent à l’image de leurs conditions de vie. Quand on connait la galère des banlieues on est surpris de la retenue des révoltés.

Il y a dans ce pays des hommes qui décident pour l’avenir de beaucoup d’autres. La plupart de ces puissants ne sont pas élus : ce sont les patrons de médias, les grands propriétaires... Ils sont en contact personnel, direct et permanent avec les élus et se font tailler des lois sur mesure.

Les politiques ne savent plus quoi imaginer pour satisfaire leurs maîtres. Il n’y a plus de frein. Pour eux tout devient imaginable depuis qu’il n’y a plus de force organisée en face, le mouvement ouvrier. Les idées de Chirac, de Villepin et Sarkozy relèvent du délire des « Damnés » de Visconti, avec au mieux la naïveté en plus : Même si la bourgeoisie française réussissait à appliquer son programme, celui-ci ne peut mener à rien d’autre qu’un épisode comme 39-45 : une tourbillon de folie raciste, meurtrière, qui laissera le continent en ruine.

Dans l’immédiat, on peut rêver de la meilleure façon que la révolte des banlieues s’arrête : ce serait que le mouvement ouvrier, les partis « de gauche » et les syndicats organisent des manifestations de solidarité avec les jeunes et les chomeurs de banlieue, en reprenant à leur compte les revendications pour un avenir pour la jeunesse et les banlieues. Cela donnerait une voix politique et organisée à la rage. Ce n’est pas seulement une obligation morale de défendre les exclus. C’est dans l’intérêt de la classe ouvrière de rétablir le calme des banlieues et virer les provocateurs en costume ou uniforme. C’est aussi son intérêt de défendre les jeunes mis au ban de la société. C’est une occasion de montrer la force de la classe ouvrière, qui est bien plus capable que la police de stopper ses jeunes, à condition de prendre leur défense.

C’est ce qui s’était passé en 1986 après la mort de Malik Oussekine, pendant les manif étudiantes, par les voltigeurs motocyclistes de Pasqua. J’étais un jeune lycéen à l’époque. Pour les jeunes d’aujourd’hui j’explique : deux flics sur une moto, celui de derrière avec la matraque. Malik Oussekine a été tué dans l’éntrée d’un immeuble où il cherchait refuge. Alors qu’il était seul, sans défense, il a été tabassé à mort. Mais ça vous savez ce que c’est... Je me souviens que d’un seul coups les parents sont sortis avec nous dans la rue et le mouvement ouvrier a montré ses muscles. On s’est retrouvé 500 000 à Paris, un million dans tout le pays, et pas des enfants de coeur ! Ca avait mis un frein aux délires des réac et des racistes.

Malheureusement, une issue comme 1986 n’est pas évidente dans la situation actuelle : à la couardise et la servilité des partis « de gauche », s’ajoute leur perte de crédibilité, pour cause de trahison. Les travailleurs sont complètement désorganisés. Enfin, la perspective historique est plus terne : la bourgeoisie française n’a pas peur des chars soviétiques ou des grèves, qu’elle casse allègrement, et elle se sent aiguillonnée par les puissances concurrentes. Cet incendie encore modeste s’arrêtera peut-être progressivement, ou par le sang.

En tout cas, il ne s’agit pas seulement d’arrêter cet épisode de révolte, il faut arrêter les délires d’une bourgeoisie qui ne se retient plus. La question qui est posée est celle l’avenir de la société française et du continent européen tout entiers.


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