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Gazi BORAT 9 septembre 2008 07:29

@ Leon

Mustafa Kemal a pris le pouvoir à la suite d’une guerre où l’objectif prioritaire était de sauvegarder l’Anatolie du démantèlement et d’obtenir le départ des armées étrangères (grecques, françaises, italiennes, britanniques) qui stationnaient sur le sol turc. Une fois cet objectif atteint, le suivant fut de construire une société sur une base laïque et de poursuivre la modernistaion du pays à marche forcée.

Le génocide arménien, survenu sept ans auparavant, n’était pas plus prioritaire dans la réflexion de cette période que la question de l’indemnisation des victimes de la déportation pour un allemand du début des années cinquante, à la différence que, pour ce dernier cas, l’Allemagne était occupée par des armées étrangères et vaincue, tandis que la Turquie avait restauré sa souveraineté.

Dans ce contexte de reconstruction, Mustafa Kemal, après avoir été l’adversaire d’Enver Pacha, membre du triumvirat responsable du génocide et promoteur du pantouranisme, tint à s’assurer le concours des pachas de l’ancienne armée ottomane pour le maintien de l’ordre et notamment la mise au pas du Kurdistan où commençait à émerger une volonté d’indépendance.

Un voile recouvrit alors les évènements de 1915.

Le kémalisme s’affirma alors comme doctrine, selon une série d’axiome : souveraineté intransigeante, laïcité, étatisme économique, jacobinisme culturel.

En place d’un état organisé en fédération de "millet" (entités fondées sur des critères ethnico religieux autonomes) sous la protection du souverain calife se mit en place une république où toute différence était niée au profit d’une identité "turque".

Les programmes scolaires furent élaborés à cette fin, dans un esprit nationaliste qu’envieraient bien des commentateurs "droitiers" de cxe forum.

Reconnaître le génocide arménien serait revenir sur cette question de la multiplicité des identités culturelles anatoliennes et serait considéré comme une atteinte à l’intégrité du kémalisme.

Le kémalisme est ainsi conçu comme un tel dogme que le moindre aménagement d’un des axes cité précédemment constituerait une trahison. Le Conseil de Sécurité, dominé par l’armée et auquel chaque gouvernement doit rendre des comptes, est le gardien inflexible de ce dogme.

Ce type de fonctionnement déplait fortement à Bruxelles, d’une part parce que le kémalisme orthodoxe est incompatible avec le libéralisme économique qui est la doctrine officielle de l’Europe en ce domaine et aussi parce que ce type d’état "prussien" ne correspond pas à l’idéal de la démocratie européenne.

Les islamistes de l’AKP souhaiteraient de leur côté que Bruxelles accentue ses pressions sur la question des Droits de l’Homme pour se débarrasser de la tutelle de l’Armée et en profiter ainsi pour tourner le dos à la laïcité.

La "diplomatie du football" comme naguère la "diplomatie du ping pong" entre Nixon et Mao, va en ce sens car laisse entrevoir l’espoir d’une reconnaissance du génocide si chère à Bruxelles..

gAZi bORAt


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