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Walid Haïdar 2 octobre 2008 18:00

 Mais monsieur, si vous êtes incapable d’analyser la titrisation, sur quelles connaissances est basée votre conviction selon laquelle le libre marché est du meilleur effet ?

En fait vous avez une croyance.

Le libéralisme absolu n’a aucun sens. Joseph Stiglitz (prix nobel d’économie et pas altermondialiste, mais libéral, au sens réaliste du terme), a brillament montré dans quelle mesure le libéralisme économique intégral était possible : dans la mesure où l’information est symétrique et parfaite.

Autrement dit, dans le monde réel, ça ne tient pas la route du tout, car l’information est évidemment très loin d’être symétrique (ce que A sait, tous les agents interagissant avec A le savent), et évidemment l’information n’est pas parfaite puisque l’erreur est humaine.

Il faudra donc bien, vous les bisounours, que vous admettiez que le monde n’est pas tout rose ou tout noir, et que l’état a son rôle à jouer, pour encadrer le marché.

Votre tentative de montrer que la responsabilité première de la crise actuelle est celle de l’état, est fortement incohérente, et de plus, elle est d’un simplisme attérant.

Incohérente : Les aberrations on émergé longtemps après la privatisation. Même si l’état devait s’endetter pour soutenir ces établissement lorsqu’ils étaient étatiques, il n’en est pas pour autant le principal responsable de ce qui s’est passé après privatisation, par définition. En ce qui concerne les subprimes, et la crise : que l’état ait incité à prêter aux pauvres, c’est peut-être vrai, que la méthode fut bancale, c’est peut-être vrai, mais ce qui a permis la folle histoire qui a mis tout ce monde dehors, c’est la dissolution de l’information dans les paquets obscurs qui transitaient, et le fait qu’un des acteurs du processus ne courait aucun risque : le courtier. C’est pourquoi ce à quoi il faut veiller, c’est que le jeu d’incitations soit favorable à la création de valeur, et non à l’acaprement des richesses par "les plus performants". Or les courtiers qui effectuent des prêts inconséquents sans prendre de risques de créent aucune valeur, et au contraire, peuvent entraîner des désastres, comme l’immense destruction de valeur que l’on ne peut que contempler aujourd’hui.

Simpliste : vous attribuez des conséquences à UNE cause, exclusivement, et vous ne mettez pas cette conséquence dans un contexte complexe, comme si tel fait avait un sens isolément de ce contexte. Par exemple, l’immobilier augmente parceque l’état reglemente le marché de l’immobilier. D’abord c’est faux. Les prix de l’immobilier augmentent parceque la demande est plus forte que l’offre. On peut soutenir que c’est parceque le domaine constructible est trop petit (réglementations de l’état), mais on peut aussi pointer le fait que de nombreux logements ne sont pas utilisés (pour vivre, travailler) par leurs propriétaires (dont l’état d’ailleurs, je vous l’accorde volontiers, mais ce n’est pas une question de reglementation ça, et ce n’est pas propre à l’état).

Mais surtout, vous ne replacez pas ceci dans son contexte. Les reglementations peuvent induire des effets indésirables, mais ça ne veut pas dire que la régulation est mauvaise en soit. Il faut trouver le juste milieu, et améliorer les régulations quand elles sont mutilantes. D’autre part évidemment, rien ne garanti que les initiatives privées pas du tout régulées n’engendrent pas des effets contre-productifs (ou plutôt tout le garantit si on est un peu réalistes). L’absence de loi revient à la loi du plus fort, c’est à dire la jungle.

Peut-être pensez vous que la jungle soit le modèle le plus adapté à l’humanité, et dans ce cas ne discutons même plus, et j’irai bien vous égorger si vous me donniez votre adresse (bah oui, faut être cohérent, dans la jungle, avec un peu de testostérone qui déborde, on a tout de suite des véléïtés agressives).
Sinon, vous devez comprendre que dans le monde réel, pour que l’humanité s’épanouisse, pour qu’elle évolue, pour qu’elle poursuive sa structuration et son élévation, pour que la société conserve sa substance (la société est un système qui évolue, et à travers lequel l’homme s’est protégé des prédateurs, a compris le monde, a fait de l’art, a accomplit tout ce qu’il a accomplit (y compris le pire, mais il faut savoir si l’on regrette l’évolution de l’humanité, à laquelle on aurait préféré une vie de bon sauvage imaginaire, que les faits et l’histoire suggèrent comme contre nature(-humaine)), il faut des systèmes de contrôle. Nous en sommes aujourd’hui au stade de l’élaboration démocratique (ou pseudo démocratique pour les sceptiques) de ces systèmes de contrôle.

La question n’est pas : faut-il supprimer l’état.
La pertinence ne se situe pas dans la diabolisation de l’état : ça ça s’appelle juste de la malhonnêté intellectuelle.

Evidemment, comme la mafia privée (dans laquelle j’inclus probablement beaucoup plus d’acteurs que vous) se gave par les paradis fiscaux, les états ont leurs travers et leurs vices (largement liés à la corruption privée d’ailleurs, mais le jour où vous admettrez ça, peut-être que le Pape sera homo).

La question est donc justement : comment l’état peut-il parvenir à jouer son rôle : garantir les conditions de la paix sociale. Car la liberté, ce n’est pas dans la jungle qu’on la trouve, mais dans la paix. La paix, si vous préférez, est la jungle de l’humanité, son milieu naturel, et le milieu naturel de l’homme ne le précède pas, c’est un idéal vers lequel il s’efforce de tendre. Car ce qu’on entend par Homme, est éminemment culturel, contrairement loup, qui ne l’est que très faiblement.

Il y a des cons qui pensent que la paix sociale se gère avec des matraques. Se sont d’ailleurs souvent des libéraux (enfin non, des gens qui croient être libéraux, alors que ce sont des tarés fascisants), qui veulent réduire l’état à la justice, la police et l’armée.

La paix sociale, ce n’est pas non plus un état amorfe et lisse de la société. C’est un ensemble de compromis, qui sont d’autant plus harmonieux que les agents de la société sont ouverts et éduqués, instruits, et en bonne santé (ce qui cmmence par manger à sa faim).

Or y a pas de miracle, pour avoir des agents ouverts et éduqués, instruits, il faut avoir une école de qualité pour tous, pour avoir des gens en bonne santé, il faut une médecine de qualité, pour tous.

Je suis probablement d’accord avec vous pour dire que l’état ne doit pas faire ce qu’il ne sait pas faire, et que la meilleure action est la plus concise, la moins lourde. Mais je pense que vous êtes bien naïf quant à la capacité (actuelle du moins) de l’homme de vivre sans règles, sans compromis, sans penser son environnement à long terme.

Le grand défi, c’est que les sociétés pensent collectivement leur destin, lié, à la hauteur des enjeux monumentaux qui sont susceptibles de se dresser devant elles.

Pour cela, les entreprises et les individus ne sont pas suffisants.

L’humanité, n’est pas un simple ensemble d’individus indépendants. L’histoire de l’humanité montre qu’elle est une collectivité d’individus


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