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Christophe Christophe 7 octobre 2008 00:07

@000,

Sous-entendez-vous que le grand public ne peut pas se faire une opinion parce qu’il ne dispose pa de la capacité de juger de l’exactitude, ni de comprendre car seul le langage mathématique est suffisament (complètement ?) explicite pour décrire la vérité ?

Non, au contraire. Mais se faire une opinion me semble plus proche de la croyance que de la connaissance. Imaginons simplement deux théories qui s’opposent dans le même domaine scientifique ; dès lors que vous les vulgarisez toutes les deux, comment un néophite en la matière peut-il prendre partie ? Certes il peut comprendre les tenants et les aboutissants des deux théories, mais il ne peut faire valoir la primauté de l’une au regard de l’autre ; sauf si il perçois, donc subjectivement, qu’une présentation a été plus convaincante que l’autre.

Quant au langage mathématique, si il est souvent suffisant pour démontrer, voir prouver qu’une théorie se vérifie, cette vérité (c’est un mot que je n’utilise jamais en science ; la vérité n’existe pas en science puisque toute théorie est vouée à évoluer ou à être remise en question) n’est applicable que dans le contexte relatif à la force expressive de nos mathématiques qui possèdent leurs propres limites.

Moi je suis persuadée qu’un scientifique qui maîtrise son sujet est forcément passé par une modélisation mentale avant de passer à la symbolisation mathématique...
Les calculs sont à un cetain niveau très difficiles même pour des initiés, mais l’idée reste accessible, non ?

Tout scientifique doit passer par une modélisation mentale avant de passer à la symbolisation usuelle de sa science. Ce n’est pas là, à mon avis, que réside le problème ; il est surtout de savoir le restituer en différents langages : le formel pour la modélisation, le semi-formel en cas de présentation à des initiés, l’informel en cas d’exposé devant des non initiés. J’aborde là différents langage dans la même lanh=gue naturelle car ils sont à des niveaux symboliques différents.

Le problème qui se pose, à mon sens, est donc de savoir l’exprimer de façon exacte sur plusieurs plans. Il y a plusieurs difficultés qui ne sont pas liées au modèle mental que nous possédons en nous, mais qui sont inhérents à la communication avec autrui ; de mon expérience des systèmes experts, comme de mes études sur les modes de communication, il en ressort que l’exercice est en fait plus complexe que nous pourrions le penser intuitivement.

Nous savons qu’une restitution formelle est conforme aux schémas de pensées ; ces derniers ayant été construit sur ces bases. Le semi-formel comme l’informel (langage naturel) pose le problème de la restitution des schémas par approximation (à un concept ne correspond pas un et un seul terme ; vous pourrez utiliser un terme qu’un initié serait en capacité de comprendre mais un ou plusieurs autres pour qu’un non initié puisse le comprendre), certaines informations étant implicites et non explicites, ... Il existe donc un décalage entre la pensée et les propos qui ne peuvent être comblé que par les connaissances intrinsèques à chaque individu ; ce qui est appelé l’incommunicabilité.

Cela suppose que si communication il doit y avoir, elle ne peut se faire que dans un contexte de communication orale ouvrant la possibilité aux interlocuteurs d’intervenir pour tenter de rapprocher au mieux les schémas mentaux qu’ils déduisent du discours de ceux qui leur sont proposés. Cela permet tout autant à l’interlocuteur de mieux comprendre tout en permettant au locuteur d’aborder des questions qui lui semblent, à lui, sans grand intérêt a priori (cela permet parfois de comprendre le cheminement de la pensée d’autrui et parfois même de la sienne smiley )

Sinon, cela voudrait dire que les financeurs sont convaincus par les calculs et qu’ils sont tous des bêtes en mathématiques à mon avis... Si les scientifiques bénéficient d’une reconnaissance du grand public, ce n’est pas seulement par les résultats qui prouvent leur théorie, sinon, peu de théories auraient pu être prouvée (enfin je crois).

La question en suspens est : Sont-ce des gens qui connaissent ou des gens qui croient ? Dans la croyance, il y a une confiance qui peut aussi friser l’aveuglement. Dès lors que vous présentez des modèles de façon informelle qui correspondent à des schémas mentaux attendus ou correspondant à une tendance acceptée a priori par l’interlocuteur, ce dernier sera certain d’avoir compris même si ses schémas mentaux ne sont pas accordés à ceux qui lui ont été présenté par le biais de la communication. La conscience est aussi un lieu d’illusion.

J’admets introduire certains éléments complexes, mais le raisonnement naturel humain est assez intuitif, alors que le langage des sciences est plutôt à tendance contre-intuitif. J’aborde cette problématique dans un article de TTO.


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