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philbrasov 28 octobre 2008 12:37

La plupart des blogueurs, ici ou là, nous font part de la fin du monde, d’une Amérique en faillite, et pour tout dire, la fin du capitalisme. La révolution est proche, et certains se frottent les mains.
L’Antiaméricanisme a encore de beaux restes dans notre beau pays qu’est la France.

Malheureusement, tous ces prédicateurs à la petite semaine de l’économie mondiale, ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, ou de leurs fantasmes.

Car enfin que signifie la mise en faillite d’un état... Nous l’avons vu dans les années 17 et 30, c’est la porte ouverte à la dictature rouge ou brune.
Peut être que certains ici le souhaitent, mais je ne crois pas que leur rêve se réalise.

Pourquoi cette hypothèse ne peut voir le jour.
Reprenons quelques chiffres sur l’économie US, et dont peu de "spécialistes" ne parlent.
La dette de "l’ETAT US" se monte actuellement à 9500 milliards de $,  sources wikipedia , ce qui représente 65% du PIB américain.
Comparée aux dettes de nos pays européens, cette dette n’a rien d’extraordinaire.
En France la dette de l’état Français est de 64%, en Italie 104%, en Allemagne 63%.
Cependant, il y a une ENORME différence entre la dette de nos pays européens et la dette de l’ETAT américain, c’est la nature de cette dette.
La structure de la dette de l’ETAT US présente un énorme avantage, par rapport à nos pays européens. Près de la moitié de cette dette est détenue.... par l’état lui même et plus précisément par des fonds de garantie des retraites, qui ont accumulé des réserves sous forme de bon du trésor. En d’autres termes, la dette nette réelle (ce que l’ETAT US doit aux acteurs économiques extérieurs à lui) s’élève seulement à 38% du PIB en 2008. Ce qui fait de l’ETAT US un des états les moins endettés des pays développés. La France en comparaison, n’est pas dans ce cas de figure, car la plus grande partie de sa dette est dû à des agents extérieurs à ELLE.

Certains d’entre vous vont répondre que les engagements de l’état en matière de protection sociale pour les années et décennies à venir représentent une dette « virtuelle » astronomique. Malheureusement, cet argument ne tient pas : Il en va de même pour tous les autres pays, et l’état US a toujours la possibilité en cas de problèmes d’adopter un régime de protection sociale à l’européenne avec un système par répartition dominant, par exemple.

Il s’agit de choix de politiques internes, à ce pays, qui ne concerne pas les créditeurs de l’ETAT US.

 

Tout le monde sait que  les « engagements » d’un ETAT,  en matière de protection sociale sont des promesses politiques, qui n’engagent que ceux qui y croient, et qui sont faites pour être « révisées » (nous l’avons vu avec les « changements » sur les durées de cotisations nécessaires et le niveau des prestations sociales et de retraites dans divers pays d’Europe, notamment en France) :

 Les « engagements » de l’état ne l’engagent dans le monde réel...à rien !

 

Ce faible niveau actuel de la dette publique US explique l’excellente résistance des bons du trésor depuis le début de la crise, et le niveau très bas des taux d’intérêt que les détenteurs de ces bons sont prêts à obtenir (3,7% seulement sur le 10 ans actuellement).

Au cours des 60 dernières années, cette dette publique nette (article de wikipedia sur le sujet) a été parfaitement maîtrisée, contrairement à la dette privée.

 

La dette privée :

La dette totale privée atteint 51 019 milliards de $, le ratio dette totale / PIB est donc passé de 343% en 2007 à 357% en 2008 (2ème trimestre).

Cela représente 167 000 $ par citoyen américain, ou encore 669 000$ pour un ménage standard (couple avec deux enfants)...Le ratio dette totale / PIB représente aussi plus du double de celui atteint à la fin de 1929.

Si la récession fait chuter le PIB de façon importante (hypothèse à mon avis réaliste), ce ratio augmentera encore, comme sur les années 1931-1932 (dénominateur plus petit = ratio plus grand), même si la dette totale commence à se contracter : des ratios supérieurs à 400 ou 450% dans les années à venir sont envisageables.

C’est la raison pour laquelle, les USA se sont lancés depuis avril 2008, à une véritable guerre financière avec le reste du monde.

On ne tombe pas sans faire tomber les autres, avant.

La plupart des économies mondiales, ont financé, non pas la dette de l’ETAT US, mais la dette des américains, ce qui n’est pas la même chose.

Ainsi, les créanciers étrangers de l’Amérique, détiennent des créances auprès de l’américain, pas de l’ETAT US.

Il sera alors extrêmement difficile à ces créanciers de recouvrer leurs créances, auprès de JOE le Plombier, et non auprès de l’ETAT US.

 

En plus l’ETAT US ne dilapide pas ses réserves sans compter.

La réalité est que les autorités US interviennent effectivement, mais elles ne décident pas de leur marge de manœuvrer : celle-ci est dictée par le marché ( donc des détenteurs de bons du trésor)

Leur refus (jusqu’ici) d’engager les fonds publics pour sauver Lehman est révélateur ». 
Ces « problèmes » étant les faillites à venir de nombreuses banques régionales ou même nationales, qui nécessiteront des renflouements répétés du fonds de garantie US.

Les autorités US viendront  en aide aux banques les plus essentielles du système, mais elles le feront au compte-gouttes, sans faire de plans de relance économique ayant un impact significatif (sur le long terme) face à la contraction du crédit.

 

Ainsi la récession et la déflation AURA LIEU, et non la faillite du système.

 

 

La déflation.

Contrairement à ce que tout le monde dit, l’inflation n’aura pas lieu, le dollar restera la monnaie forte mondiale. Et les pays continueront à acheter des obligations US, parce que l’économie de l’ETAT US est en meilleure santé que le reste de l’économie mondiale.

Un exemple le YEN japonais.

La baisse des taux d’intêret.

L’exemple du Japon et des USA aujoud’hui,  le montrent.

 

Tout  cela a déjà été réalisé au Japon, en version encore « plus énergique », avec des taux abaissés sous les 0,5%, des relances keynésiennes qui ont fait flamber le déficit public japonais à plus de 160% du PIB (le double de celui des USA)…

Bilan : aucune inflation pendant deux décennies, au contraire une déflation rampante, et encore plus étonnant : un YEN qui a augmenté de plus de 80% entre 1990 et 1995, donc au plus fort de la crise japonaise, malgré les baisses de taux et malgré la flambée des déficits publics japonais !

 

Ainsi ceux qui pensent enterrer le $ aujourd’hui et croient dans une inflation à 10% ou plus devraient réfléchir à cet exemple japonais, en apparence si paradoxal, et pourtant logique…dès qu’on considère qu’en situation de crédit crunch

(Phénomène selon lequel les banques rationnent quantitativement leur offre de crédit, quel que soit le taux auquel l’emprunteur est prêt à prendre le crédit et indépendamment de toute politique officielle.), c’est l’évolution de la dette privée qui est pratiquement la seule chose qui compte (dans un premier temps au moins), le reste étant « anecdotique » (y compris les « gesticulations » des banques centrales).

Une poussée d’inflation à 10% supposerait des taux longs à 12-14%…donc une hausse de 60 à 80% des mensualités des emprunteurs immobiliers.

Cette hypothèse ne ferait qu’accélérer le crédit crunch et la déflation par la dette.

Dans les années 90, les japonais ont liquidé leurs actifs pour rembourser leurs dettes (en yens)…et malgré les fondamentaux très mauvais de l’économie japonaise à l’époque, c’est le yen qui a tiré les marrons du feu.

Il en sera de même pour le dollar.

La bulle sur l’OR, va éclater, dans très peu de temps.

Les valeurs refuges seront les BONDS US le dollar, ou la caisse d’épargne française. Les créanciers de JOE le plombier, n’auront que les larmes pour pleurer.

La déflation va entrainer, un énorme ralentissement de l’économie mondiale. Certains pays seront plus touchés que d’autres.

Notamment la Chine, la Russie, et tous les pays producteurs de matières premières.

 

La faillite de l’ETAT US n’aura pas lieu. L’économie US se portera sans doute mieux que certaines autres économies européennes.

Les économies mondiales vont rentrer en récession pour une dizaine d’année. Et seulement à partir de ce moment notre économie reprendra son souffle.

La fin du monde capitaliste et des USA n’est pas pour demain.

 


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