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Naja Naja 1er novembre 2008 13:47

Bonjour,

Je rejoins votre analyse sur certains points. Particulièrement celui-ci :
l’atrocité des meurtres commis par des autres que l’on ne connaît pas rassure. Ils ne peuvent être nous, car ils sont trop différents, ce sont des monstres, c’est-à-dire des gens que l’on peut montrer, ou plutôt exhiber, se dit l’inconscient collectif. Or, que constatons-nous le plus souvent, en dehors de quelques psychopathes à gueule d’assassins, comme « on les aime » car trop prévisibles, de nombreux criminels, loin d’être patibulaires, ressemblent à Monsieur tout le monde, au voisin, à l’oncle, au père ou pire à nous-même.

En revanche, je ne partage pas votre compilation de jugements péremptoires sur le plaisir ou la tendance que chacun aurait à "se délecter du sordide", "se prélasser dans le pervers, le glauque et le malsain".
Que les côtés sombres de notre humanité puissent exercer une fascination, c’est certain. Je m’interroge ici sur le choix des mots employés  : le champ lexical exploré et l’insistance donnée à des termes comme "se délecter". Le tout donne à votre propos un ton résolument insultant dont on ne sait trop à qui il s’adresse. Visez-vous ceux qui un jour n’auraient pas immédiatement éteint leur télé ou tourné la page de leur journal face à une information portant sur un crime ? Ceux qui aurait conçu un intérêt à suivre les tribulations d’une enquête ou d’un procès ? Ceux dont vous supposez qu’ils ne prennent pas un recul équivalent au votre en le faisant ?
En se laissant aller à des interpétrations semblables aux votres, il serait tout aussi facile de dire que la rédaction de votre article témoignerait d’une volonté d’exorciser hors de vous lesdites tendances de voyeurisme malsain. Ce que vous réaliseriez en prétendant vous placer dans une position de supériorité conférée par votre analyse de la plèbe se vautrant dans le détail croustillant. Or vous conviendrez sans doute qu’une telle affirmation serait infondée et relèverait de l’insulte.

Enfin et surtout  :
Si vous parlez du criminel, de son public et des média, il est un protagoniste dont le point de vue est totalement exclu de votre réflexion : la victime. Votre oubli résulte-t-il d’un choix conscient et assumé ? Si oui, je serais curieuse d’en savoir plus sur les raisons qui motivent votre omission volontaire.
Car si l’on cherche à aborder objectivement les enjeux, effets et dommages de la médiatisation des faits divers, je trouve curieux de ne pas s’interroger ce qu’il s’y joue côté victimes. 
En détaillant les méfaits d’un psychopathe et en lui octroyant un statut de star, ses proies n’existent plus en tant qu’êtres humains ayant subi une violente atteinte, citoyens ayant vécu une injustice. Elles ne sont plus que "lieu du crime" et c’est précisément la place que vous leur accordez ici. Il y a pourtant beaucoup à dire sur les conséquences du phénomène pour les innombrables victimes de crimes dont nos sociétés s’évertuent à dénier la fréquence et minimiser la gravité. Que ce soit par le public fasciné et/ou indigné ou bien par celui qui, en réaction, rejète de façon épidermique toute information sur le sujet, la population victime est bien la première que la brève médiatisation de quelques criminels permet d’ignorer en toute bonne conscience. Quand elle n’est sont pas carrément désignée comme responsable d’une hystérie collective supposée prendre naissance dans un prétendu excès de considération à son égard...
La réalité est à l’opposé des déclarations compatissantes ou enflammées qui assortissent les affaires médiatisées. Et il est clair que le spectaculaire et le sensationnel permettent de masquer habilement les carences, insuffisances et le mépris auxquels les victimes anonymes sont confrontées.
Le fait divers fait diversion, ce n’est pas nouveau. Sur le thème des crimes sexuels, son pouvoir semble rayonner jusque dans les analyses qu’il suscite.


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