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Henri Masson 20 novembre 2005 20:58

Votre témoignage, Tim, est précieux. L’anecdote que vous citez à propos de la serviette est authentique. Elle a été racontée par Tristan Bernard, l’auteur dramatique, romancier et grand humoriste, à l’occasion d’une fête espérantiste donnée au Théâtre Femina, à Paris, le 22 février 1911, à propos d’une expérience de traduction organisée par le quotidien “Excelsior“. La voici :

« Un jour, Pierre Verber était en Allemagne pour assister à la représentation d’une de ses pièces. Au quatrième acte, il vit tout à coup un de ses personnages arriver dans une maison, en visite, avec son chapeau à la main et un linge blanc sur le bras. Pendant tout l’acte, Pierre Verber, qui était dans la salle, se disait : »Mais qu’est-ce que veut dire ce linge blanc ?« Il n’en eut l’explication qu’à la fin. Le personnage en question était un notaire. Le texte disait ceci’ »M. Untel arrive avec une serviette sous le bras !"

Ajoutons en passant que l’espéranto l’avait emporté haut la main dans l’expérience de traduction, en fait de double traduction du français vers le russe, l’allemand, l’anglais, l’italien, l’espagnol et l’espéranto avec retraduction de chacune des langues vers le français.

Tristan Bernard avait en effet étudié l’espéranto car toutes ses tentatives de maîtriser l’anglais avaient échoué... Il existe d’ailleurs d’autres anecdotes amusantes de lui à ce propos.

Les polysémies foisonnent en anglais : les 850 mots de base de l’anglais ont 21 870 significations. Beaucoup de gens croient connaître cette langue qui n’est facile qu’en apparence, ou si l’on se contente de peu au point de vue de la précision. William Auld, écrivain espérantiste qui avait été proposé pour le prix Nobel voici quelques années, avait dit quelque chose de pas vraiment gentil à propos de ceux qui croient parler de la langue de Shakespeare (pauvre Shakespeare !) :

“...Et je souhaite enfin noter publiquement le fait que je déteste écouter des étrangers qui, ayant consacré de nombreuses années à l’étude de cette langue (l’anglais), la maltraitent, la distordent et la torturent. Ça m’agace déjà de choisir mon vocabulaire conformément aux capacités élémentaires de personnes ayant même « suffisamment » progressé ; d’écouter et de lire leurs grotesques fautes grammaticales et leur prononciation disgracieuse. J’en ai déjà assez des conversations hésitantes, des malentendus directs entre deux interlocuteurs, des banalités dûes à l’incapacité d’exprimer des pensées profondes en langue étrangère, de l’incompréhension de mes idiotismes et de l’inexactitude des leurs.

Le professeur John C. Wells enseigne la phonétique de la langue anglaise à University College London. Ses étudiants viennent du monde entier, et ils figurent parmi les meilleurs étudiants d’anglais de leurs pays. Il en est venu depuis longtemps à la conclusion que l’anglais n’est pas ce qu’il y a de mieux pour la communication entre des peuples de langues différentes.

Ceci dit, pour revenir au thème de l’article, les Chinois sont en pointe dans l’utilisation de l’espéranto comme langue scientifique et commerciale (faire une recherche avec les mots clés « komerco esperanto »).

Et, pendant ce temps, nous sommes amenés, par un conditionnement, à dilapider notre temps, notre argent et nos forces pour tenter de maîtriser une langue qui donne des atouts en premier lieu à ceux qui dictent au monde leur ligne économique, politique et sociale.


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