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Voltaire Voltaire 7 novembre 2008 11:47

Après une élection qui n’a pas passionné les foules (il faut dire qu’il y avait de la concurrence outre-Atlantique...), les socialistes se réveillent ce matin avec la gueule de bois !


Aucun leader ne se détache, aucune ligne politique ne s’éclaire, le PS s’enfonce dans une guerre de tranchées, dans le consensus hypocrite, dans le marasme et l’immobilisme.


Certes, la semi-victoire de Ségolène Royal fera plaisir à ses supporteurs, mais sa faible avance sur les suivants l’oblige à des alliances d’appareils qui se révèleront vite insupportables.


Le grand perdant de cette élection est bien sûr Bertrand Delanoë, qui s’y voyait déjà. Mais, faute d’avoir senti le vent tourner et en ayant poursuivi la route du consensus mou, celui-ci s’est aliéné l’essentiel de ses militants. La route vers 2012 lui sera sans doute difficile...


Martine Aubry n’a pas réussi son pari. Certes, son score est honorable, mais le mariage de la carpe et du lapin, entre sociaux-démocrates et fabiusiens, ne pouvait que décourager le militant convaincu. Et ce demi-échec en préfigure un autre, celui de l’alliance finale qui émergera au congrès de Reims. Sans ligne claire, faute de trancher entre sociale démocratie et antilibéralisme, le PS n’est qu’un navire sans capitaine ni gouvernail ni cap, qui fait des ronds dans l’eau avec une voie d’eau dans la cale.


Benoit Hamon a lui su profiter de la crise financière pour imposer un discours très à gauche, mais qui verra rapidement ses limites. Sans le centre, la gauche se condamne à une opposition permanente… Comment concilier ces positions radicales et une stratégie électorale gagnante, là est son dilemme, et sa demande de clarification auprès de Ségolène Royal risque fort de signifier l’échec de toute tentative d’union.

 

Le PS verra donc de nouvelles tentatives de rapprochements entre frères (et sœurs) ennemis, de trahisons et réconciliations devant les caméras. Un front TSS (tout sauf Ségolène) verra t-il jour, ou celle-ci s’imposera t’elle, peut-être par proxy (par le biais d’un homme de paille) ? Toujours est-il que le PS et ses militants ne sont pas sortis de l‘ornière… Et à ce jeu, le départ tonitruant de JL Mélanchon fait presque figure de non-évènement, tant nous sommes devenus habitués aux turpitudes d’un parti incapable de se rénover.

 

Ce résultat fait deux heureux : Olivier Besancenot et François Bayrou. Pour le leader d’extrême-gauche, la faillite du PS renforce mécaniquement son nouveau parti, le NPA. Gageons que de nombreux militants écœurés rejoindront ce parti s’il arrive à dépasser un langage révolutionnaire archaïque, et il peut légitimement viser un score de 10% à l’ensemble des prochaines élections, qu’elles soient européennes, régionales et présidentielles. Quant à François Bayrou, il renforce sa stature de seul opposant pouvant raisonnablement gagner face au président de la république aux prochaines présidentielles en plaçant le PS devant une impossible équation : si le PS refuse toute alliance, il fera fuir les sociaux-démocrates, s’il accepte une alliance, il légitimise Bayrou à qui il a justement manqué un allié en 2007.

 

Paradoxalement, ce résultat embarrassera plutôt l’UMP : Bertrand Delanoë faisait un bon opposant pour Nicolas Sarkozy. Trop parisien pour pouvoir l’emporter, mais assez crédible pour contrer Bayrou. La faillite du PS renforçant par contrecoup le MoDem, l’UMP se retrouve devant une situation délicate, car une opposition paralysée à gauche l’expose plus directement aux critiques de l’opinion. Et la perspective d’un axe Royal-Bayrou est sans doute la pire situation qu’il puisse affronter. Mais 2012 est encore loin…

 

Sans doute assisteront –nous dans ces prochains jours à la création d’une alliance improbable entre ennemis d’hier, et à l’annonce que tout va bien et que tout est réglé. La réalité est bien plus cruelle : cette élection consacre une gestion et un positionnement du Parti Socialiste en complêt décalage avec la réalité sociétale et politique de la France. Objectivement, personne ne peut s’en réjouir, car toute démocratie a besoin de partis politiques sains et constructifs. IL faut souhaiter que la recomposition de notre paysage politique s’accélère, et que les responsables du PS fassent preuve d’un peu de courage pour aller là où leurs convictions les portent. Hélas, il est à craindre que leur intérêt électoral ne les poussent encore à faire du sur-place.


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