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Anka 15 novembre 2008 23:45

@ Docdory ... Votre jeu de mots est d’assez mauvais goût non ?

@ Arlequin, Bien d’accord avec votre dernier commentaire (alors imaginez, vu que déjà Ferré me paraît très mauvais dans ce registre... )

@ l’auteur

"Les mots de Cantat prononcés contre le grand capitalisme s’étaient transformés en images d’archives, les crises et les élans de violence sur scène faisaient désormais figure d’époque révolue. Mort au libertaire, à l’anarchiste ! La chanson française était abandonnée à des saltimbanques désengagés qui se revendiquaient pourtant du grand groupe bordelais. Or, le talent de celui qui refuse toutes compromissions n’est pas donné à tous"

Personnellement, le texte politique autoproclamé "engagé" n’est certainement pas, et de très loin, la veine de ce qui me fait apprécier les productions de ce groupe depuis plus d’une dizaine d’années maintenant. Alors cette figure de "celui qui refuse toute compromission", armé de ses mots face au "grand capitalisme" me paraît plus que douteuse, ridicule. Je choisirais un terme moins fort que "dénonciation" - souvent employé pour caractériser cette musique, pour parler des chansons qui évoquaient la politique dans le répertoire du groupe jusqu’ici, simplement car elle se mêlait à bien d’autres éléments, qui me faisaient pardonner ce discours parfois simpliste (notamment de Cantat dans certaines interviews assez décevantes, et bon sang qu’il fut difficile d’être objective quand pourtant leur musique est et reste de très loin celle que je préfère...). J’y retrouvais ce mélange de colère qui cherche son objet et sent plus qu’il ne pourrait l’argumenter à quel point certains aspects de la vie publique vous dégoûtent de ne savoir par quel bout les analyser et lesquels combattre, en quel nom et comment... Je n’apprécie du titre que vous avez mis en ligne que la ritournelle, et le flot chantant assez bien posé sur les notes, comme toujours, avec ce plaisir de reconnaître "noir des’" que je ne peux bouder.

Et pourtant, je n’en apprécie sûrement pas l’essentiel car les paroles m’en paraissent simplistes, faciles. Cela ressemble au Ferré de la pire époque, et sincèrement c’est une déception. La reprise du "temps des cerises" est une merveille, c’est toujours ça de pris. Reste une déception certaine et l’espoir qu’il n’y aura dans le futur album, pas trop de brouet du même tonneau que cette chanson si « urgente » aux yeux du groupe. Je préfère de très très loin la chanson "désengagée" que vous pointez du doigt, ne voyant pas très bien ce qui en serait la tare.

Je me permets de vous renvoyer à un article dont je partage certaines vues, sur "Causeur", notamment à propos de la pseudo "urgence" qu’il y aurait à mettre en ligne la dite chanson :
www.causeur.fr/vive-la-crise,1319



"le poussaient irrémédiablement à dénoncer l’asservissement des foules et l’étendue de la stupidité de nos élites."
Ce que vous analysez reflète en partie ce que le groupe pouvait dire de lui-même (à travers la voix de Cantat) il y a quelques années, mais il me semble qu’il y a justement une contradiction à critiquer les errements de la foule tout en cherchant soi-même à l’amalgamer dans un « on » bien imprécis dans les paroles, et vous soulignez-vous même que la foule a meilleure figure quand elle serait déchaînée par les « forces démiurgiques » de tel ou tel. Pour moi il y a là un drôle de paradoxe...  

Cette contradiction que ne pointe pas votre article dans ce passage me semble justement être le creuset de ce qui pose problème quand un artiste se pique de critiquer la "foule", les "gens", ce grand tout bien facile à mépriser, alors même que c’est celui auquel on s’adresse.

J’ai en mémoire un concert très précis où Cantat cessa de chanter pour quitter la scène après avoir insulté une jeune personne au premier rang dans la fosse, laquelle avait "osé" comparer "septembre en attendant la suite" avec une ritournelle de Goldman... Il revint ensuite nous livrer une merveilleuse version de "Tostaky", et tout en appréciant que le concert prenne alors un autre ton je regrettai qu’une personne capable de tant de poésie dans ses textes, soit capable d’une réaction et d’une critique aussi stupides d’égocentrisme. Faut-il être à ce point dénué de poésie pour dénier à une chanson, fût-elle de Sardou (citons un triste sire dont je déteste les ritournelles...), la capacité à emporter quelqu’un, lui parler.
Un "engagement" ne saurait être louable à mes yeux s’il ne peut éviter l’écueil limpide du mépris. Ces petites gens (au rang desquels je me compte) auxquels Cantat prétend donner voix, sont de beaux fantasmes, et ce titre « gagnants perdants » ne fait que brosser certains de ces fantasmes : les « esclaves », les « cons », les « chiens » opposés à un « nous » bien facile à placer dans le bon camp, « toi qui vient de loin d’ici avec ta peau et tes os », « mon frère », cette image du sans papier misérable « fait joli », oui, notamment dans la « chanson engagée ». C’est manichéen, la plupart du temps, la « chanson engagée », et du coup pour l’engagement on repassera.

L’engagement réclamerait une pensée à la mesure des enjeux, une pensée précise pour une action précise, et pas de manichéisme de bon aloi, parce que nous, les petites gens, méritons bien, justement, l’intelligence qui serait une moindre politesse, et non des discours convenus et faciles.      

« Mais il arrive parfois pour celui qui est le réceptacle de ces pulsions du « bien » et du « mal », que ces énergies se heurtent en lui au point de le conduire au meurtre d’un être cher. »

Nous sommes tous réceptacles de telles pulsions, et cette analyse me semble encore bien manichéenne, elliptique et facile. Ca sonne comme un refrain magique...

 « Dès cet instant, l’artiste redevient homme et porte en lui cette conscience torturante du crime commis par excès. Dans sa nuit, le chanteur se fait silencieux, il paie pour le mal qu’il a commis. »

Je passe sur le pathos que je trouve de mauvais goût, en soulignant toutefois qu’évidemment l’artiste est toujours un homme, sauf dans un imaginaire fantasmé et poétique, mais alors il s’agit uniquement d’œuvre. Séparer œuvre et vie eût été à mon sens plus sain, et plus compréhensible. Plutôt qu’essayer vainement d’excuser l’homme à travers le poète. Cette figure du chanteur repentant que vous créez est une vue de l’esprit... non parce que vous auriez nécessairement tort, mais parce que cela ne nous regarde en rien.   

J’espère arriver de nouveau un jour à entendre cette musique sans me poser cette question, et peut-être sera-t-il temps alors de retourner les voir en concert, en espérant n’être pas entourée alors d’imaginaires malsains venus comme à la curée au choix : voir à quoi ressemble celui qui a tué, lui faire comprendre qu’on ne lui en veut pas, etc. etc.

 « Doit-il pour autant demeurer dans l’isolement, conserver dans l’obscurité son désir de vérité ? L’homme portera toujours en lui cette vie perdue tandis que l’artiste continuera de ressentir cette vérité révélée. »

Votre vision, de l’homme (qui, il me semble, est seul à savoir ce qu’il en ressent. Cela nous concerne-t-il, d’ailleurs ?) comme de l’artiste me semblent ici encore bien fantasmés. L’excès de lyrisme, sur un sujet si grave, est bien incongru.


A mon avis, votre article aurait gagné à ne se consacrer qu’à la musique, (même si la qualité que vous semblez accorder à la chanson "engagée" serait à questionner), sans se livrer à d’aussi étranges hypothèses. (mince, désolée pour la longueur du commentaire)


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