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ZEN ZEN 22 novembre 2008 16:42

Il faut relire ce rapport accablant de l’ONU , pourtant déjà ancien
Et certains jugent timide cette intervention , restée lettre morte

Pillage de la République Démocratique du Congo 25 octobre 2002

Pillage de la République Démocratique du Congo. Le groupe d’experts de l’ONU sur le pillage du Congo, dans son rapport final remis lundi au Conseil de sécurité, montre du doigt 85 compagnies qu’il juge en violation des principes de l’OCDE, et cinq d’entre elles sont des firmes minières du Canada. Ce sont First Quantum Minerals, Harambee Mining, International Panorama Resources, Melkior Resources, et Tenke Mining, selon une copie du rapport obtenue par La Presse. « Les principes de l’OCDE offrent un mécanisme pour porter à l’attention des gouvernements hôtes leur violation par des firmes qui y sont enregistrées. Les gouvernements ayant juridiction sur ces entreprises sont eux-mêmes complices s’ils ne prennent pas des mesures correctives », affirment les enquêteurs, dirigés par Mahmoud Kassem, d’Égypte, et incluant Jim Freedman, du Canada.

Les trois quarts des firmes citées - et la liste n’est pas encore complète, dit le rapport - sont enregistrées en Amérique du Nord (États-Unis et Canada) et en Europe de l’Ouest (France, Grande-Bretagne, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Finlande, et Suisse). Les autres sont africaines (Congo-Kinshasa, Zimbabwe, Afrique du Sud, et Ghana), avec une compagnie chaque en Israël, en Chine, à Saint-Kitts, aux Bermudes, aux îles Vierges britanniques, à Hong Kong, en Malaisie et au Kazakhstan.
Cette longue liste de pays et de firmes multinationales illustre à quel point a été « mondialisé » le pillage de la RDC (République démocratique du Congo), l’un des géants et l’un des plus riches pays d’Afrique en termes de ressources minières et naturelles. Le rapport d’une trentaine de pages se lit comme un roman de John Le Carré, tant il s’emploie à décortiquer les lacis de terreur, de vol et de corruption montés et entretenus par ce qu’il appelle « les réseaux d’élite » de petits noyaux de décideurs politiques, militaires et d’affaires du Congo même, de l’« allié » zimbabwéen, mais surtout des agresseurs et occupants ougandais, rwandais et burundais.
Le rapport recommande d’ailleurs « des restrictions financières » contre 29 compagnies, la plupart de la région des Grands lacs, mais aussi plusieurs de Belgique. Il propose des « restrictions financières » et « une interdiction de voyager » contre 54 hommes d’affaires, politiciens et militaires de la région, dont le Belge George Forrest, les Russes Bout et Piskunov, l’Anglais Heckie Horn, le Zimbabwéen John Bredenkamp, l’Israélien Nico Shefer, l’Indien Sanjivan Ruprah, le général James Kaberebe, chef d’état major du Rwanda, et le général Salim Saleh, frère du président ougandais Yoweri Museveni.
À l’heure où l’ONU se concentre sur la chasse aux organisations terroristes et leurs complices, le rapport recommande aussi le gel des avoirs des 54, et leur boycottage et celui des firmes citées par les maisons bancaires et institutions financières. Selon les enquêteurs, qui ont déposé deux rapports provisoires en avril et en novembre 2001, le pillage des diamants, de l’or, du coltan, des forêts, du bétail et du café congolais se fait de manière « systémique et systématique », au moyen de pots-de-vin, de bradage des infrastructures, de fraude fiscale, d’exemptions douanières, de sanctions contournées, de détournements de fonds publics, d’extorsions, de rançonnements, et de distributions d’actions de « joint ventures » par des réseaux qui « ressemblent de près à des organisations criminelles ».

Conséquence de ces « guerres lucratives qui s’autofinancent » : plus de 3,5 millions de civils sont morts de « causes indirectes » de la guerre depuis 1998 dans les cinq provinces du Congo oriental, dit le rapport, qui prend pour base la conclusion de l’International Rescue Committee (IRC). Celui-ci avait estimé en avril 2001 qu’en plus du million de « victimes directes » de la guerre, 2,5 millions de civils, des enfants, des femmes et des vieux surtout, avaient péri de « causes indirectes » : déplacements forcés, malnutrition, maladies et manque de soins.
Les ONG Partenariat Afrique-Canada (PAC) et Global Witness ont salué le rapport final du groupe d’experts de l’ONU. Mais ils ont demandé que l’ONU impose le Processus de Kimberley au commerce du diamant - permettant d’identifier l’origine précise des pierres précieuses. Ils ont aussi demandé que l’organisme de surveillance suggéré par les experts pour mettre fin au pillage du Congo soit permanent dans le cas du diamant
La presse de Kinshasa ne parle que de ce rapport, accentuant le rôle de responsables congolais comme Mwenze Kongolo, ministre de la Sécurité, Jean-Charles Okoto, président de la société d’État du diamant MIBA, et l’homme d’affaires George Forrest. « Tous des pilleurs », clamait mardi Le Potentiel, tandis que La Tempête des Tropiques dénonçait le silence du régime Kabila et réclamait « une réunion extraordinaire du gouvernement ».

Tant qu’il y aura des acheteurs, il y aura la guerre...


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